Par Lyazid Khaber
«Ce qui rend fausses beaucoup de théories économiques, c’estqu’elles sont fondées sur l’hypothèse que l’homme est raisonnable.»
Auguste Detoeuf
Le marché. Voilà un «truc» qui ne reconnait absolument pas l’Etat. Il a ses règles et ses pratiques, et il se moque des lois de la république et du gouvernement. Certaines vérités ne sont pas bonnes à dire, diront les scrupuleux, mais à voir ce qui se passe chaque jour sous nos yeux, nous ne pouvons garder sous silence toutes ces extravagances et ces dépassements qui, en plus de narguer l’Etat et ses représentants, s’affairent à soumettre le peuple. Depuis le début de l’année dernière, avec notamment l’arrivée de la pandémie du Coronavirus, le marché était en quelque sorte en roue libre. Les spéculateurs, sans scrupule aucun, créent des monopoles qu’aucun ne peut leur ôter. Pire, ils ont profité de cette situation de crise, pour créer une sorte de bourse parallèle, où ils manipulent à volonté la mercuriale des prix. Tous les produits, sans exception, à commencer par les gels hydroalcooliques jusqu’aux produits les plus insignifiants ont connu des augmentations injustifiées. Même les produits locaux, ceux de l’agriculture ou encore manufacturiers, n’ont pas échappé à la règle. Pourtant, lorsqu’on va du côté des producteurs, qu’ils soient agriculteurs, industriels ou artisans, on verra qu’ils ne sont pas mieux lotis, eux qui voient leur chiffre d’affaires réduit au moins de moitié, et obligés – crise oblige – de réduire drastiquement les prix. Chez le consommateur final, c’est juste impensable, puisque les produits, même ceux de large consommation, ont été touchés par cette furie des prix qui ne manque pas d’aggraver l’érosion du pouvoir d’achat du citoyen. Entre ces deux catégories, se place une autre, des plus rusées : les intermédiaires. Ceux-là profitent de la baisse des prix à l’achat chez le producteur, et font bien un bénéfice au-delà des espérances en cédant la marchandise aux détaillants. Jadis, lorsque l’Etat intervenait sur ce circuit pour plafonner les prix et maintenir l’équilibre entre la production et la consommation, le marché était plus ou moins régulé. Mais maintenant que personne ne semble s’occuper de ce segment, mis à part les lascars qui en tirent de gros profits, le mal est partout. Cette situation ne peut perdurer, car il ne s’agit ni plus ni moins que d’une grave atteinte aux intérêts de l’économie nationale et à la stabilité sociale. Des mécanismes de régulation doivent être urgemment trouvés. Au ministère du Commerce, une nouvelle initiative qui va, dit-on, dans le sens de «la moralisation des activités commerciales», vient d’être lancée. Plusieurs suggestions ont été faite pour mieux réguler le marché. On cite, entre autres, la révision de certaines textes législatifs et réglementaires visant la moralisation de l’activité commerciale, l’organisation des espaces et des activités commerciales et la sécurité des produits, outre des suggestions en matière de sensibilisation et d’information, selon le ministre du secteur. Espérons que ce sera fait, car dans le cas contraire, c’est encore le désordre qui va prendre le dessus.
L. K.