Par Lyazid Khaber
«Le pétrole me paraît très nettement être l’odeur la plus parfaite du désespoir humain, si le désespoir humain a une odeur.»
Pierre Mac Orlan
Revoilà le stress. Le président du Conseil national, économique, social et environnemental (CNESE), Rédha Tir a affirmé hier à Alger que le modèle économique basé sur les hydrocarbures a atteint ses limites. Rappelant que les pays possédant des économies solides et fortes, sont ceux ayant donné de l’importance à leurs citoyens, aux chefs d’entreprises et aux partenaires sociaux, le président du CNESE, met le doigt dans la plaie. En effet, et en dépit des recettes faramineuses engrangées depuis déjà de longues années nous restons toujours sensibles à la moindre chute des prix du brut. Ces jours-ci, alors que nous sommes beaucoup plus portés sur les nouvelles ressources, histoire de nous calmer un peu en plaçant nos espoirs dans le solaire, le gaz de schiste et à un degré moindre, les minerais, les effets d’un éventuel choc pétrolier, dépendant d’éléments exogènes et imprévisibles, nous font craindre le pire. Honnêtement, pour nous, Algériens, nous n’aimons même pas parler de pétrole, tant il s’agit là d’un don de la providence que nous n’avons jamais su exploiter comme il se doit. Nous avons peur des échéances arrêtées par les experts qui se disent être dans le secret des entrailles de la terre bénite. L’échéance 2030 exacerbe notre anxiété, à telle enseigne que nous préférerions, plutôt, d’autres dates butoirs pour nos différents projets. Cependant, nous gardons les yeux rivés sur l’or noir. Nous affectionnons cette odeur du pétrole qui nous rassure. Car, nous n’ignorons pas qu’en dépit de nos réserves de change, planquées un peu partout à travers la planète, une baisse, aussi minime soit-elle du prix du baril ne manquera pas de nous affecter. Car, on le sait aussi, notre pays a besoin d’un baril à 112 dollars pour assurer son équilibre budgétaire. Nos recettes hors hydrocarbures peinent à dépasser les 2 milliards de dollars. Voilà, donc, une situation qui nous rappelle, comme elle a l’habitude de le faire, que le pétrole est loin d’être une bénédiction. Le ministre de l’Energie qui nous invite maintenant à croire en son projet de Gara-Djbilet, comme d’ailleurs cela a été le cas pour le projet Desertec ou encore l’exploitation du gaz de schiste, lesquels nécessitent d’abord des sommes faramineuses en investissements, n’apporte pas de réponse à la problématique de base qui est celle de savoir quand est-ce que nous allons nous libérer de la dépendance aux ressources naturelles.
L. K.