Par Lyazid Khaber
«La politique est plus dangereuse que la guerre… A la guerre, vous ne pouvez être tué qu’une seule fois. En politique, plusieurs fois.»
Winston Churchill
Le serval, n’ayant pas vraiment de rapports proches avec d’autres espèces de félins, semble se perdre dans le désert. La tempête l’a pris de court, et c’est dans le creux d’une barkhane, qu’il perd vraiment le Nord… du Mali. La gigantesque dune mobile, «en forme de croissant, dont les cornes s’allongent dans le sens du vent dominant», comme définie par le Larousse, se renferme, désormais, sur le félin imprudent et aveuglé par ses yeux… plus grands que son ventre. L’opération militaire française qui a emprunté, tant le nom du félin (Serval, lancé en janvier 2013) que celui de la dune (Barkhane, lancée en aout 2014), dans une démarche qui s’inspirait des modèles usés du colonialisme d’antan, a fini par se retourner contre ses propres initiateurs. Coûtant la bagatelle d’un milliard d’euros par an à un Etat français, dont l’économie est chancelante, cet argent aurait mieux servi à venir en aide aux couches défavorisées dans l’Hexagone, où tout au plus, aux enfants qui meurent par centaines, dans ces zones recluses du Nord Mali, où on ne s’est pas gêné de semer la discorde, le chaos et la misère. Pourtant, des solutions encore plus adaptées, et à moindre coût ont été proposées. L’accord d’Alger, signé le 15 mai et 20 juin 2015 à Bamako — après des négociations menées à Alger — entre la République du Mali et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), en est une preuve. Cependant, et par la faute des promoteurs de la françafrique, beaucoup de temps a été perdu pour trouver l’issue de sortie d’une crise politique qui n’a pas manqué de faire bien des victimes. Les Maliens ayant compris en retard, sont revenus aux basiques. Le 20 janvier dernier, l’emblématique place de l’Indépendance de la capitale malienne, Bamako, était le théâtre d’une grande manifestation populaire, exigeant le départ pur et simple des troupes françaises du Mali. D’autres manifestations similaires ont été initiées tant au Mali que dans d’autres pays du Sahel, mettant le Président français, Emmanuel Macron, sous pression, au point où il a été contraint à exiger des clarifications de la part de membres du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), concernant leur engagement et leur volonté de maintenir ou non la force Barkhane dans leurs pays respectifs. En France, la société civile n’est pas restée insensible, et l’engagement français au Mali est de plus en plus décrié, tant il ne rapporte rien, s’il ne fait qu’empirer la situation déjà délétère dans l’Hexagone. Parallèlement, et pas plus loin que ces deux derniers jours, le Mali retrouve bien son Nord, avec la remise sur la table de l’Accord d’Alger. De la reconnaissance du non moins sérieux journal hexagonal, Le Monde : «L’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, demeure incontournable pour le règlement de la crise malienne, au moment où l’opération militaire française dans la région ‘’Barkhane’’ bat de l’aile». L’Algérie qui tient à sa position immuable, participe activement à la résolution de cette crise malienne qui n’a que trop duré. En chef de file de la médiation internationale et présidente du CSA, l’Algérie poursuit son accompagnement à l’opérationnalisation de la feuille de route adoptée par les différentes parties maliennes, «pour diligenter la mise en œuvre de l’Accord pendant la période de transition». Elle donne l’exemple, et montre le chemin, surtout que lorsque l’Algérie met la main à la poche, ce n’est nullement pour acheter des armes, mais pour apporter une aide humanitaire appréciable aux populations livrées à la guerre dans l’étendu du désert du nord-Mali. La leçon est là, et l’avenir nous le dira…
L. K.