Par Hakim Outoudert
Jamais peut-être autant que depuis l’année 2020, le grave et révoltant phénomène des féminicides n’avait autant été médiatisé, grâce, particulièrement aux réseaux sociaux. Ceci, dit, avant que cette révolution technologique ne touche notre pays, rien ne dit que le nombre de ces pratiques était moins important, sachant aussi les coups de boutoir qu’accuse ce tabou, comme bien d’autres d’ailleurs, depuis quelques lustres déjà…
Il faut reconnaître, néanmoins, qu’en 2015 déjà, les autorités publiques, avaient enfin pris conscience de la gravité du mal, ayant amendé le Code pénal dans le sens de plus de protection et de prise en charge des femmes victimes de violences conjugales et partant, avaient durci les sanctions contre leurs auteurs. Mieux, à cette date, désormais en vertu de la loi, le harcèlement sexuel s’est vu davantage criminalisé.
Une avancée, au plan juridique, certes, bien que, hélas, 6 ans après, la sévérité de la loi ne semble pas pour autant avoir dissuadé violences et féminicides, dont les cas se chiffrent à plus d’une cinquantaine pour la seule année 2020.
Certes, il n’est pas dit, loin s’en faut, qu’en Algérie ou partout ailleurs dans le monde, un simple texte de loi puisse gommer comme d’une baguette magique, une réalité sociale. Cependant, il n’empêche que l’on est en droit de relever que pour ce qui concerne notre pays comme ceux évoluant sous la pesanteur de réalités et règles archaïques empruntant au traditionalisme et au patriarcat plus qu’au droit positif, les contradictions entre les lois elles-mêmes, d’une part, et entre ces dernières et la passivité envers les manifestations misogynes d’ordre patriarcale, d’autre part, s’avèrent au final recouvrir plus de force que la plus louable des lois.
C’est que, par souci de cohérence, au niveau des lois, la mise en conformité du statut juridique de la femme algérienne porté par le controversé Code de la famille, avec les dispositions de la Constitution qui consacre l’égalité des sexes, notamment, permettrait moins la double interprétation des textes dont celle qui amènerait à « légitimer » sa perception dévalorisante de la femme et partant, à rationaliser sa pulsion morbide à leur encontre…
Ce serait déjà un pas de géant d’accompli, qui baliserait la voie, avec d’autant plus de cohérence et de logique, à la réhabilitation socio-économique de plus de la moitié de la population algérienne outre, sa consécration en tant que citoyenne à part entière dans l’espace public.
H. O.