Par Lyazid Khaber
«Quel funeste destin fut pour nous, le jour où nous devînmes comme un troupeau de moutons. Les bêtes venant de toutes parts, se sentaient bien au chaud, tant qu’elles avaient uni leurs toisons. Soudain le loup s’infiltra dans leurs rangs. Alors, les moutons se débandèrent, n’ayant pu nu paître ni regagner la bergerie.»
Lounis Aït Menguellet
Il y a quelques jours, le chef du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, avançait la perspective d’aller vers la reconstitution du Grand Maghreb, rien qu’avec les trois pays que sont l’Algérie, la Tunisie et la Libye, écartant au passage le reste des pays, à savoir la Mauritanie, le Maroc et le Sahara Occidental. Croyant trouver la panacée, le chef islamiste, se verra emboiter le pas par le représentant de la mouvance des frères musulmans en Algérie, en la personne d’Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), lequel, tout en exprimant son approbation à la proposition de l’islamiste tunisien, a plaidé tout bonnement l’exclusion des autres pays de l’Union du Maghreb. L’idée peut bien trouver ses partisans, surtout que le Maroc de Mohamed VI ne cesse de s’éloigner de la ligne tracée par les fondateurs de cette union qui, malheureusement, a fait long feu. Depuis sa création, faut-il le rappeler, l’UMA n’a pas cessé de faire augure de coquille vide. Cependant, l’idée d’une union nord-africaine est plus que jamais louable, surtout en ce moment où l’ensemble des pays magrébins, vivent sous la menace de déstabilisations orchestrées outre-mer. Ceci dit, si l’on accepte aujourd’hui d’exclure un quelconque pays, ce sera donner l’occasion aux lobbys étrangers d’aggraver les divisions et de soumettre l’ensemble des pays de la région à leurs propres agendas. Puis, il y a cette épine qui s’appelle Sahara occidental. La question sahraouie, relevant de la décolonisation et du droit d’un peuple à disposer de lui-même, ne peut être «mise devant l’œil aveugle» juste parce que l’hypothétique axe Alger-Tunis-Tripoli, se dessine. La construction d’un front uni maghrébin est avant tout une question de libération et d’autonomie envers les forces extérieures, notamment, européennes qui pèsent de tout leur poids –justement- pour maintenir le statu quo en territoire sahraoui. Par conséquent, toute démarche qui ne tiendrait pas compte de l’ensemble des questions politiques et géostratégiques touchant à cet ensemble, est vouée à l’échec. L’Algérie, qui a depuis toujours milité pour l’unité des peuples du Maghreb, du temps même de la guerre de libération ne peut se laisser aujourd’hui, entrainer dans le jeu d’islamistes qui caressent encore le rêve de l’hégémonisme irréductible des promoteurs de la «daâwa». L’enjeu étant ailleurs, et notre pays, conscient des impératifs qu’exige la situation actuelle, redouble d’initiatives pour réunir les conditions à même de permettre de dépasser cette crise, et d’assurer un meilleur avenir aux peuples maghrébins et par extension, africains. L’enjeu est là, et l’avenir le plus proche nous le dira…
L. K.