Par Lyazid Khaber
Le débat autour des recettes du pays débouche inexorablement, et à chaque fois qu’on tente d’esquisser un début de solution, sur les richesses conventionnelles. Et pourtant, comme disait si bien Noureddine Boukrouh, «nous possédons depuis trois mille ans un sol riche aux dimensions d’un continent, une démographie foisonnante et du temps à n’en savoir que faire.» En se rappelant le triptyque cher à Malek Bennabi, appelé «richesses permanentes», à savoir : l’homme, le sol et le temps, on aurait mieux fait que de ne voir le salut du pays qu’à travers le «pipe». Dans le même ordre d’idées, Lachemi Siagh, estime qu’«il s’agit de mettre l’humain et, non la production, au cœur de l’approche du développement économique.» Cela dit, une approche globale qui transcende les aléas conjoncturels est plus qu’indiquée, en ce moment. Sinon, il va sans dire que parier sur des ressources fossiles, a fortiori épuisables, ne constitue aucunement une garantie pour l’avenir le plus proche. Oui, le ministre de l’Energie est dans son élément, lorsqu’il défend son plan à donner au pays les ressources financières dont il a besoin, en ce moment précis, lui qui – à tour de bras – élude une nouvelle approche pour les investissements dans le secteur, sans oublier d’évacuer certains projets, à l’instar du fameux «Desertec» qualifié de «marché de dupes», consistant à «vendre à l’Algérie les équipements et la technologie pour l’exploitation des énergies renouvelables, en contrepartie, du gaz algérien». Toutefois, et à une échelle supérieure, ne serait-on pas en droit de se poser la question de savoir si, réellement, nous sommes condamnés à l’exploitation du gaz et pétrole de schiste, dont les conséquences pour l’environnement sont incalculables. Rien ne le prouve ! Car, si l’on reste dans le renouvelable, on ne doit pas oublier que l’Algérie possède en la matière des capacités incommensurables, avec une irradiation solaire estimée par les spécialistes à 2,650 kWh/m2/an. Quant à la technologie, faudrait-il rappeler que l’Algérie ne manque nullement de compétences pour mettre à profit cette énorme ressource. Mieux encore, et comme cela est le cas partout dans le monde, il n’y a rien qui nous empêche de disposer du savoir-faire existant de par le monde, pourvu qu’on sache mettre l’argent là où il faut. Cela dit, tout le monde sait que les investissements dans le domaine pétrolier et gazier sont très coûteux. Donc, pourquoi ne pas réorienter ces investissements vers des projets utiles et sûrs ? Le nouveau plan de relance économique du pays doit indubitablement intégrer cette nouvelle donne, celle des investissements dans les domaines «soft», pour mettre en place la culture du savoir, du savoir-faire et du savoir-être et qui, comme disait encore M. Siagh, «fera d’Alger un pôle d’attrait pour les compétences, non seulement algériennes, mais mondiales.» Notre histoire nous apprend, pourtant, bien des leçons en la matière. Béjaïa des Hammadides ou encore Tlemcen des Ziyanides sont là pour nous rappeler que le rayonnement relève du domaine du possible, au moment où le démantèlement des «pump jacks» dans le Bassin permien (USA), montre l’étendue de la désillusion !
L. K.