Par Hakim Outoudert
La bonne nouvelle, l’une des très rares depuis plus d’une année maintenant, nous est parvenue des places boursières où le prix du baril de pétrole a enfin franchi la barre psychologique des 60 dollars. L’annonce recouvre, cependant, l’allure d’un simple sursis à un condamné, en l’occurrence, un répit pour un pays comme le nôtre qui doit en « remercier » d’heureux événements internationaux…indépendants de sa volonté.
A 60 dollars le baril de pétrole, dans la mesure où sa dernière loi de Finances avait été établie sur la base d’un baril aux alentours de 45 dollars, l’Algérie, certes, devra enfin souffler, le Trésor public, accusant jusque-là un déficit de 2700 milliards de DA, soit 13% du PIB. Souffler, mais jusqu’à quand ? Jusqu’à la survenance d’une prochaine contingence externe, sanitaire, géopolitique ou autre qui viendrait, une fois encore, influer sur notre destin ? Compter juste sur sa bonne étoile est hélas, à ce prix. A moins qu’il faille positiver et s’armer d’espoir pour accorder du crédit au défi lancé par les autorités depuis le mois de décembre 2019 de s’affranchir de sa dépendance aux aléas de l’économie mondiale, en créant les conditions d’une véritable économie nationale productive hors hydrocarbures. Continuer à donner foi à la détermination affichée des pouvoirs publics de donner corps à l’ambitieux « Plan de relance économique » initié par le chef de l’Etat.
Mais s’il s’agit pour le citoyen de ne pas rajouter du défaitisme aux angoissantes perspectives promises par la sévère crise économique latente que subit l’Algérie, il ne faut pas non plus céder à la béatitude que suscitent les discours par trop optimistes des uns et des autres. C’est que, la vigilance est à ce point recommandée que le président de la République, a lui-même récemment suggéré combien la tâche d’un véritable redressement de l’appareil économique était ardue. En effet, le Président Tebboune n’avait rien moins que manifesté sa déception vis-à-vis de l’équipe gouvernementale en place, censée être le pilote en chef des profondes réformes sur lesquelles il s’est engagé auprès du peuple. Un exécutif gouvernemental auquel, avec tact certes, il avait à maintes reprises, imputé par exemple, la mauvaise prise en charge du lourd dossier de la réhabilitation des « zones d’ombre » dont il avait fait, par ailleurs, son cheval de bataille. A travers les blocages dénoncés à l’encontre de ce dossier, au plus haut niveau de l’Etat, l’on prenait donc conscience de plus belle, des fantastiques et mortels pesanteurs et résistances bureaucratiques minant toute perspective de changement réel. Efficience de la gestion locale, émergence de l’esprit managérial et entrepreneurial, assainissement du climat des affaires, réhabilitation du service public…autant de vœux lumineux mais demeurant pieux face aux réalités archaïques d’une Administration n’obéissant qu’à ses lois propres… Déprimant constat qui, selon les récentes « fuites » médiatiques auraient commandé au président de la République de procéder à un remaniement, «profond » et « imminent » de son gouvernement. Beaucoup y verraient une solution sans réelle portée sur une situation de crise « systémique », mais à tout le moins, gratifier l’Algérie d’un Exécutif où billeraient exclusivement, la compétence, l’intelligence et l’écoute sincère, ne serait pas de trop. Ce serait, déjà, un motif d’espoir et de regain de confiance pour des millions d’Algériens sans l’implication desquels aucune réforme ne pourrait aboutir.
H. O.