Par Lyazid Khaber
«Les montagnes ne vivent que de l’amour des hommes. Là où les habitations, puis les arbres, puis l’herbe s’épuisent, naît le royaume stérile, sauvage, minéral ; cependant, dans sa pauvreté extrême, dans sa nudité totale, il dispense une richesse qui n’a pas de prix : le bonheur que l’on découvre dans les yeux de ceux qui le fréquentent.»
Gaston Rébuffat
La montagne a depuis toujours inspiré les poètes, les vagabonds, et même les guérilleros. Toutefois, si ces étendues hostiles n’offrent pas à première vue, l’hospitalité à laquelle aspire l’humain, cela ne l’a pas empêché d’être à chaque fois son refuge face aux désastres, aux menaces et à la guerre. Là n’est pas évidemment notre propos, puisque si l’on parle aujourd’hui de la montagne, dont le monde, et l’Algérie en particulier, ont fêté la Journée internationale le 11 décembre dernier, c’est pour dire combien il est urgent de lui redonner les lettres de noblesse qui sont les siennes. Le dernier rapport de la DGF apporte plus qu’une preuve que ces espaces livrés à eux-mêmes depuis des lustres, peuvent constituer une véritable attraction mais surtout un gisement qui est en mesure de bien alimenter les économies en ces temps de crise. Nous le savons tous, la démographie et sa densité dans certains endroits du territoire, autour des villes et des grandes administrations, a depuis toujours posé la problématique de la gestion de l’espace, mais également des questions encore plus profonde inhérentes au développement, d’une part, et à l’équilibre sociologique, d’autre part. En Algérie, la montagne joue un rôle important, non pas seulement parce que l’agriculture qui est pratiquée fait travailler 17% de la population nationale, et que celle-ci contribue grandement à la valeur de la production agricole nationale (16%), mais qu’elle offre bien d’autres opportunités pour le pays. Le développement du tourisme de montagne, l’exploitation des plantes médicinales, des arômes etc. sont toutes à même d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement. Cependant, si l’on focalise souvent sur les richesses susceptibles d’être exploitées, il ne faut pas oublier le facteur essentiel, à savoir l’humain, dont il faudra absolument tenir compte. Notre pays qui compte les ensembles montagneux les plus importants de l’Afrique du Nord, avec ses deux chaînes montagneuses : l’Atlas tellien et l’Atlas saharien, s’étendant de la frontière ouest à la frontière est, compte également une population importante vivant dans des zones montagneuses. Cette population mérite bien des égards. Et c’est d’ailleurs, ce que compte faire le gouvernement en intégrant à présent, la prise en charge de ce qui est appelé «zones d’ombre» dans le plan de développement du pays. Le président Tebboune, à partir de son lieu de convalescence en Allemagne, et même dans une brève allocution destinée à rassurer le peuple algérien sur son état de santé, n’a pas omis de souligner le cas de ces populations. Evoquant les conditions climatiques actuelles, marquées par une baisse des températures et des chutes de neige et de pluie, dont souffrent particulièrement les populations montagnardes, il a instruit le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, ainsi que les walis de la République, d’«appliquer à la lettre, ce qui a été convenu pour les zones d’ombre, à savoir notamment, offrir des repas chauds et améliorer le transport scolaire».
L. K.
* Proverbe kabyle qui veut dire «à la montagne chacal», et qui signifie que lorsqu’on ne trouve pas de salut ailleurs, on peut toujours se réfugier dans la montagne.