Écotourisme forestier : De grandes potentialités à exploiter

Parc national de Théniet El Had

Le tourisme forestier est possible. Il fait partie de la vaste notion d’écotourisme applicable aux visites, séjours et randonnées de montagne, de parcs nationaux, de réserves écologiques,…etc. Pratique nouvellement réglementée en Algérie, à travers ces entités qui s’appellent « forêts récréatives », aménagées généralement dans les zones suburbaines ou périurbaines, jouxtant les grandes agglomérations, elle s’étend, en réalité, aux forêts constituées en massifs, dans les zones de l’arrière-pays montagneux, ou bien encore, aux bois proches de la mer, à l’image de la forêt de Bourahma (section dite de Cap Ivy, d’une superficie de 17 ha, érigée en forêt récréative en 2019) dans la wilaya de Mostaganem, visitée, lundi dernier, par le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche.

Par Amar Naït Messaoud

Le ministre a déclaré, à cette occasion, que « le concept du tourisme forestier, avec ses nouvelles formes, ouvre les horizons d’investissement et la création d’espaces de loisirs, permettant l’amélioration du produit touristique national et le soutien de l’économie en créant de nouveaux emplois ».

L’orientation des pouvoirs publics vers l’établissement des forêts récréatives dans les zones urbaines ou suburbaine répond à une double problématique: celle liée au besoin de récréation et de loisir pour des villes qui subissent de plus en plus une démographie galopante et un cadre de vie stressant, et, d’autre part, celle inhérente à la diversification des recettes de l’État, sachant que ce genre d’aménagement est considéré comme un investissement créateur d’emplois et de générateur de fiscalité.

ESPACE DE RÉCRÉATION POUR LES FAMILLES

Il se trouve que les espaces de verdure se sont contractés en peau de chagrin au cours de ces deux dernières décennies, de façon presque proportionnelle à l’érection de villes tentaculaires, à la constitution de nouveaux pôles urbains et à la réalisation de constructions et de cités…illicites et anarchiques.

La culture et la promotion des valeurs environnementales et du cadre de vie sont, bien entendu, le cadet des soucis des gens ou « promoteurs » de ce genre de construction.

Ainsi, l’initiative de créer des forêts récréatives sur le domaine public de l’État a été prise en vertu de l’article portant sur le droit d’usage, consacré par la loi forestière de 1984, abrogée et remplacée par la loi du 23 décembre relative à la forêt et aux richesses forestières.

L’aménagement et la gestion de ces entités sont confiés à des opérateurs économiques, privés ou publics, via des appels à manifestation d’intérêt.

Cela constitue, indéniablement, une avancée notable dans la conception de ce qui pourra devenir une nouvelle conception de la civilisation urbaine, incluant détente, récréation et tourisme forestier.

Cette vision est venue après des constats amers du malaise esthétique et environnemental dans lequel patauge la ville algérienne, subissant, sans stratégie probante de riposte, le poids de la démographie, la masse des déchets domestiques et industriels, la raréfaction des espaces de détente, la montée en flèche de la violence urbaine prenant parfois la dimension d’un véritable gangstérisme, et la chute aux enfers des valeurs esthétiques et architecturales.

Dans le cadre des programmes dits d’amélioration urbaine entrepris à travers la majorité des villes du pays, les méthodes et les normes tardent et peinent visiblement à gagner en clarté de façon à mettre les différents intervenants au même niveau d’information, de vision et de sens de la perspective.

A travers les schémas développés et pratiqués dans les pays avancés, les travaux d’amélioration urbaine sont basés sur des orientations et des critères faisant valoir la dimension de la ville, la nature de son bâti architectural, sa situation géographique, topographique et écologique, ainsi que son importance démographique et d’autres considérations concourant toutes à une vision intégrée du cadre de vie (esthétique des ouvrages, fluidité des rues et artères, fonctionnalité de tous les services connexes).

L’EXPÉRIENCE PROBANTE DU CONFINEMENT DÛ AU COVID 19

Outre le déficit de vision stratégique dans les programmes d’amélioration urbaine, pour lesquels sont consacrées des sommes colossales au cours des vingt dernières années, le maillon faible semble incontestablement être le cadre de verdure qui est censé refléter le souci à la fois esthétique et écologique des responsables et des habitants d’une ville.

Jardins publics, bosquets, forêts récréatives suburbaines ou arbres d’alignement, ce qui est connu dans la nomenclature du budget public comme « espace vert », recouvre toutes ces catégories qui concourent au même objectif avec des variantes différentes.

Depuis 2007, il est fait obligation aux gestionnaires des villes que, dans le cadre des améliorations urbaines, l’espace vert constitue l’ossature paysagère et esthétique des quartiers. C’est le la loi n°07- 06 du 13 mai 2007 relative à la gestion, protection et développement des espaces verts, qui fixe les grandes orientations en matière d’embellissement de verdure de toutes les agglomérations urbaines du pays.

Outre les espaces urbains et périurbains, la forêt, particulièrement dans ses parties constituées en massifs et dans les parcs nationaux, constitue un espace privilégié pour l’écotourisme.

Les citoyens, les touristes nationaux ou étrangers, découvriront à travers nos richesses forestières dans toute la gamme de la biodiversité et des autres richesses minérales, géologiques, paysagères, etc. Une fort belle expérience a été imposée pendant deux ans par…le Covid 19.

En effet, les populations de l’intérieur du pays, confinées en vertu de la réglementation sur la pandémie, et ne pouvant s’aventure sur les plages de la mer, se sont rabattues sur les forêts du Tell.

Et ce fut une découverte extraordinaires pour les familles qui, même vivant dans les zones rurales, ont quelque peu « divorcé » avec les espaces boisés depuis que le gaz naturel a été installé pratiquement dans toutes les bourgades.

Cette expérience quelque peu « forcée » a permis de « domestiquer » une nouvelle fois ces espaces au point d’y installer même des conduites anarchiques et porteuses de danger pour la forêt, à commencer par les feux de barbecue et les décharges sauvages.

C’est pourquoi, la nouvelle activité du tourisme en forêt devrait bénéficier d’une discipline stricte et d’une application rigoureuse de la loi sur protection des forêts et de l’environnement, conditions seules à même d’assurer la durabilité à la fois de l’activité et de la forêt. En d’autres termes, consacrer par la loi et dans la pratique le noble concept d’écotourisme.

A. N. M.

Quitter la version mobile