Hier, mardi, à l’occasion de la journée internationale des femmes rurales, le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme a inauguré une exposition nationale au centre commercial de la Grande Poste. Cet événement, qui s’étend sur trois jours, met en avant les talents des femmes issues de diverses régions du pays. Les visiteurs peuvent y découvrir une grande variété de produits artisanaux et naturels, tels que le miel, l’huile d’olive, la poterie et les cosmétiques, reflétant la diversité des compétences des femmes algériennes.
Par Houria Mosbah
Grâce aux initiatives gouvernementales en formation, accompagnement et financement, les femmes jouent désormais un rôle clé dans le développement économique local.
Leur contribution au secteur productif a augmenté, notamment avec le soutien du programme du ministère de la Solidarité nationale, qui encourage l’entrepreneuriat féminin et l’intégration des femmes rurales et au foyer dans l’économie.
Depuis 2021, sous l’impulsion du président Abdelmadjid Tebboune, des programmes ont facilité l’accès des femmes aux ressources nécessaires pour transformer leur savoir-faire en projets rentables.
Ces actions incluent des formations, microcrédits et soutiens techniques, permettant à 9 774 femmes de bénéficier de crédits pour développer leurs activités, tandis que 175 303 femmes ont été formées pour améliorer leurs perspectives professionnelles.
Portraits de femmes courage
Ces initiatives ne se limitent pas à l’aspect économique. Elles participent également à la reconnaissance sociale des femmes, leur permettant de sortir de l’ombre et de valoriser des savoir-faire souvent hérités.
Parmi elles, Gounni Zhour, originaire de Touggourt, est une figure emblématique de cette nouvelle dynamique.
Ancienne assistante sociale au Croissant-Rouge, elle a longtemps animé des ateliers artisanaux pour initier les jeunes femmes de sa région au tissage et à la broderie.
Elle a su transformer ce savoir en un véritable projet d’entreprise, employant aujourd’hui plusieurs femmes, qu’elle a formées, autrefois au chômage.
Grâce à ce travail, ces femmes sont devenues financièrement indépendantes, contribuant ainsi à l’économie locale.
Pour Gounni, la participation à des salons tels que cette exposition nationale a permis de se faire connaître au-delà des frontières algériennes.
«De nombreux immigrés algériens, désireux de retrouver une partie de leur culture, sont devenus des clients fidèles », confie-t-elle.
Elle espère à l’avenir attirer plus de jeunes femmes vers l’artisanat, non seulement pour préserver cet héritage, mais aussi pour assurer leur indépendance financière.
À Bouira, les sœurs Rachida et Djamila Belbal poursuivent également cette voie. Issues d’une famille où l’art manuel occupait une place importante, elles ont, dès leur enfance, été initiées à la broderie et au crochet.
Rachida, après avoir suivi plusieurs formations en peinture et broderie florale, a su allier tradition et modernité dans ses créations. Djamila, autodidacte, laisse libre cours à son esprit créatif pour concevoir des bijoux originaux.
Bien que confrontées à la hausse des prix des matières premières, elles voient dans leur participation à cette exposition une opportunité de se rapprocher du public, qui les encourage à continuer leur travail.
«Il est essentiel que les femmes se forment, qu’elles n’aient pas peur de se lancer dans une activité qu’elles aiment», partagent-elles.
L’exposition ne se contente pas de mettre en avant l’artisanat traditionnel, elle témoigne également de l’innovation des femmes. Bouchou Sadjia, céramiste de la wilaya de Blida, est une fervente défenseuse de l’expérimentation.
Après avoir suivi plusieurs formations, elle est désormais formatrice et enseigne la céramique aux enfants de sa région.
Forte de ses sept années d’expérience, elle souhaite encore développer de nouvelles techniques et trouver des moyens plus efficaces de production.
Malgré les défis rencontrés, elle considère que «chaque obstacle est une opportunité d’apprentissage», et encourage les jeunes générations à ne jamais abandonner leurs passions.
De son côté, Hende Mesbah, psychologue de formation et ancienne professeure universitaire à Alger, s’est tournée vers les cosmétiques naturels.
Sa fascination pour la botanique et les bienfaits des plantes l’a conduite à développer des produits de soins naturels, après avoir reçu des retours positifs de ses clients.
Ce qui n’était qu’un passe-temps est devenu une activité florissante, et Hende envisage désormais de breveter ses produits et de les exporter à l’international. « Les gens ne réalisent pas toujours la valeur du travail artisanal, mais c’est un domaine qui demande patience et passion », affirme-t-elle.
Des gardiennes du patrimoine économique et culturel nationale
L’exposition nationale des femmes rurales, au-delà de la simple présentation de produits artisanaux, est un témoignage vivant du changement profond qui s’opère en Algérie.
Grâce aux divers programmes de soutien, ces femmes transforment leurs compétences traditionnelles en véritables atouts économiques, tout en contribuant à la préservation de l’héritage culturel de leurs régions.
Les produits qu’elles présentent ne sont pas seulement le fruit de leur travail, mais aussi le symbole de leur autonomie grandissante et de leur rôle crucial dans le développement national.
À travers leurs parcours, ces femmes montrent que l’entrepreneuriat féminin est un levier de transformation sociale et économique.
De Touggourt à Bouira, de Blida à Alger, elles s’engagent à préserver et à faire rayonner l’héritage artisanal de leurs régions, tout en ouvrant la voie à une nouvelle génération de femmes entrepreneures, prêtes à bâtir l’Algérie de demain.
H. M.
