(1ère partie)
Il y a lieu d’analyser les impacts des décisions récentes des taxes douanières du président Trump concernant 180 pays et pour l’Algérie qui était jusque-là de 18,9 %, passant à 30%, ce qui aura un impact directement et indirectement sur l’économie algérienne fortement dépendante de la rente des hydrocarbures. Et ce, en rappelant que l’Algérie taxe déjà certains produits américains. Pour préserver ses réserves de change et protéger sa production nationale, entre 2O20/2024, elle a lourdement taxé certains produits étrangers, comme elle a mis en place des tarifs préférentiels pour certains pays dans le cadre d’accords réciproques. Cette présente contribution fait suite aux interviews que j’ai données aux deux grandes télévisions algériennes Ennhar TV et El Hayat Tv entre le 7 et 9 avril 2025.
Par Abderrahmane MEBTOUL
Impactant l’Algérie mais également la majorité des pays africains, l’indice élargi S&P 500, le principal à Wall Street, a chuté de près de 11% et a effacé plus de 5.300 milliards de dollars de capitalisation boursière, les investisseurs anticipant alors des hausses de prix dans quasiment tous les secteurs. Et comme valeur refuge, l’once d’or atteint un niveau historique 3025 dollars l’once.
Cela a eu un impact à la fois sur les épargnes placées en actions ou obligations du fait de la baisse des bourses mondiales où le 08 avril 2025, les indices de la bourse de Paris baissant de 4,7%, -4,1%, pour la bourse de Francfort, pour les bourses asiatiques, celle de Shanghai qui s’est effondrée de 11%.
Et surprise, le 09 avril 2025, Donald Trump dit vouloir ouvrir des négociations avec les pays qui l’ont demandé, sauf pour la Chine, donnant un nouveau délai de 90 jours aux surtaxes douanières.
Suite au report des surtaxes pour certains pays de 90 jours US, en clôture du 9 avril 2025, dans un marché inquiet pour la demande mondiale en raison de la guerre commerciale, (la Chine ayant annoncé qu’elle allait porter ses surtaxes de rétorsion contre les produits américains à 84%, et non pas à 34%), la Bourse de New York a terminé le 09/04/2025 en ordre dispersé avec un recul toutefois moins prononcé que celui des autres places boursières, le Dow Jones ayant perdu 0,91%, l’indice Nasdaq 0,10%, l’indice élargi S&P 500 a perdu 0,23%.
Les bourses européennes ont terminé dans le rouge: la Bourse de Francfort avec une chute de 4,13%, Londres de 4,38%, Milan de 5,18% et Zurich de 5,16%.
Les places asiatiques ont terminé également dans le rouge : Tokyo clôturant à moins 8%, Séoul moins de 5,6% et la bourse de Hong Kong en baisse de 13,2%, une chute record depuis 1997. Quant au cours du pétrole, bien que le Brent, suite à cette nouvelle décision, a été coté en clôture du 9 avril 2025 à 65,55 dollars, le Wit à 62,48 dollars après avoir été coté durant la matinée du 09/04/2025 à 61,62 dollars, le Brent 57,79 dollars, le Wit, une première depuis avril 2021, et pour le gaz, 36,54 dollars le mégawattheure après avoir dépassé les 50 dollars.
Je rappelle que les USA sont devenus le premier producteur mondial avec plus de 13 millions de barils jour devant la Russie et l’Arabie Saoudite avec, entre 10 et 11 millions de barils et, exportateur important de GN, l’OPEP représentant 33% de la production commercialisée mondiale et l’OPEP+ avec le rôle déterminant de la Russie et de l’Arabie Saoudite, les autres pays étant marginaux, environ 50% et donc 50% se faisant hors OPEP.
D’où, l’importance du devoir de mémoire devant tirer les leçons du passé et donc de comprendre l’essence tant de la crise de 1929 que celles de 2008/2009, tenant compte des nouveaux rapports sociaux et des bouleversements mondiaux. (Pour les crises de 1929 et 2008 – extrait d’un séminaire de doctorat donné en 2018 par le professeur Abderrahmane Mebtoul et de plusieurs conférences internationales reproduit dans plusieurs de nos ouvrages)
2 ; les échanges USA/ Algérie ont atteint 3,5 milliards de dollars, les importations en provenance des USA en 2024 ayant été de 1 milliard de dollars et l’Algérie a exporté vers les États-Unis pour 2,5 milliards de dollars de biens composés essentiellement d’hydrocarbures- produits pétroliers raffinés ou bruts, des engrais azotés, très accessoirement le ciment, certains produits sidérurgiques et agricoles.
Avec ces surtaxes, à moins d’un accroissement proportionnel de la productivité interne, ces produits peuvent n’être plus compétitifs par rapport aux autres pays qui ont eu un taux largement inférieur. En attendant de plus amples précisions, cependant, selon le Figaro du 05 avril 2025, certains biens sont toutefois exemptés de cette surtaxe douanière, à savoir le pétrole, le gaz, le cuivre, l’or, l’argent, le palladium, le bois de construction, les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les minéraux introuvables sur le sol américain.
L’acier, l’aluminium et les voitures importées ne sont pas non plus concernés, car ils sont déjà visés par un taux de 25% de taxes douanières.
Si cette nouvelle se confirme, l’impact sera limité sur les exportations d’hydrocarbures en direction des USA, environ 2 milliards de dollars pour 2024, soit, entre 4/ 5% du volume total de Sonatrach, mais impactant les exportations hors hydrocarbures.
Dans le cas où cela toucherait les hydrocarbures, les exportations algériennes ne seront pas concurrentielles du fait que d’autres pays pétroliers ont eu une taxe beaucoup plus faible Mais le plus grand impact pour l’Algérie et la majorité des pays mono exportateurs d’hydrocarbures brut et semi brut, de ces taxes douanières est sur la détermination du cours des hydrocarbures et l’impact d’une baisse de la valeur du dollar, (les produits hydrocarbures étant majoritairement libellées en dollars, diminuant le pouvoir d’achat de la partie réserves de change libellée en dollars), à savoir, la décroissance de l’économie mondiale.
A.M.
La suite dans notre édition de demain