Invités lors des débats de la Confédération algérienne du patronat citoyen (Capc), (ex-FCE), à exprimer leur avis sur la situation économique que traverse le pays et du rôle que doit jouer l’entreprise dans la relance économique du pays, les Dr. Mahfoud Kaoubi, (général manager, IFCG Cabinet), Lachemi Siagh, (expert en finances) ont mis l’accent, à ce sujet, sur le fait que «le plus dur reste à venir». Une rencontre qui a eu lieu, mercredi 30 septembre dernier au siège de l’ex-FCE, à El-Mouradia (Alger).
Par Réda Hadi
Dès l’ouverture des débats, M. Kaoubi, a insisté sur le fait que l’Algérie, en termes de «relance», partait d’un handicap majeur. En effet, a-t-il développé, nos entreprises issues d’un système de distribution de richesse, passaient à un système d’ouverture du marché. Les modes de gestion et de management s’en sont trouvés, dès lors, opposés. Poursuivant, l’orateur faisant remarquer que la relance a besoin d’entreprises réactives qui doivent s’autosuffire, a rappelé que «la crise existe depuis 2014, et la pandémie qui secoue l’économie mondiale a mis à nu nos carences en matière de gestion, surtout de réactivité».
Avec une baisse de 14 % de productivité depuis le début de l’année, «la relance sera autant plus dure, que les pouvoirs publics peinent à activer les leviers de
l’économie, avec une politique timide d’aides aux entreprises», a-t-il développé. Pour cet expert, l’Etat devrait être plus agressif dans ses subventions et ne pas ménager ses efforts pour soutenir le tissu des PRM/PMI, qui sont le «creuset de notre richesse», recommandant que la relance «devrait être similaire, à celle, au moins, de 2011». Pour l’intervenant, «il reste évident tout de même, que l’Etat ne dispose plus d’un matelas financier confortable pour gérer au plus fort une sortie de crise. L‘Etat doit, en premier lieu, favoriser un environnement économique plus apte à répondre aux besoins, et ne devrait pas se substituer aux entreprises, mais devrait ne jouer que le rôle de facilitateur et de régulateur», a-t-il estimé.
Concernant les retombées de la crise sanitaire, M. Kaoubi, relèvera que «depuis le début de la pandémie, ce sont plus de 400 000 emplois qui ont été perdus», et que donc, «des reformes sont nécessaires, sinon vitales. Il faut une décision politique engagée et forte, des réformes qui concernent, surtout, le secteur financier et bancaire», préconise-t-il.
Autant de préoccupations partagées par Lachemi Siagh, qui, par vidéo conférence, a repris les mêmes thèmes et a souligné, lui aussi, l’importance des reformes à engager.
Pour lui, il est inconcevable que la lourdeur bureaucratique entrave la bonne
marche des entreprises. «C’est une aberration qu’une entreprise attende des
mois, une réponse pour un projet en cours. Souvent, ces projets sont en partenariat avec des étrangers qui ne comprennent pas cette situation, et finissent par se désengager avec le partenaire algérien», déplore-t-il.
Celui-ci trouve que 3 secteurs sont porteurs de promesses. A savoir, le bâtiment, l’agriculture et les services. L’agriculture peut sauver les meubles, à condition que l’Etat se désengage en faveur du privé, estime-t-il, ajoutant que «c’est au privé de construire des logements entre autres, pour faire jouer la concurrence».
Et Lachemi Siagh estimera que «l’Etat devrait être moins centralisé et laisser aux territoires une large manœuvre de décision et leur permettre de s’y substituer par des chantiers de petites et moyennes envergures. Ce n’est qu’à ce titre que l’on a une chance de s’en sortir et ce, d’autant plus que les PME/PMI représentent 70 % du PIB national».
M. Siagh a conclu par le fait que l’Etat «devrait prévoir aussi des aides à l’exportation».
R. H.