Interrogé sur le Fonds de soutien aux start-up, Smaïl Lalmas a marqué son étonnement, soutenant que cette décision intervient en retard et «répond plus à une logique politique qu’économique».
«Ce mode de financement est unique au monde et, en ce qui me concerne, il répond plus à une vision politique qu’à celle économique. Pour financer une start-up, il n’existe que deux moyens :
1-Le parrainage avec des entreprises qui en ont les moyens et en rapport avec le projet qui correspond à leurs besoins.
2- La Bourse pour la collecte des fonds.
De plus, si les start-up à l’étranger fourmillent, ce n’est pas par hasard. Cela découle d’une politique adaptée qui résulte d’un cheminement économique approprié. Or, chez nous, c’est comme si on avait mis la charrue avant les bœufs.
Avant d arriver à financer une start-up, il faut assainir le climat des affaires, vaincre une bureaucratie dont tout le monde se plaint, disposer des outils législatifs en rapport et, surtout, construire un modèle économique stable et durable. Ce qui n’est pas notre cas.
Il faut des étapes pour arriver à lever des fonds pour une start-up. Chez nous, nous les avons balayées et l’on est passé directement à la conclusion.
Qui plus est, il faut préciser que la start-up ne fonctionne pas sur le système Ansej, et ne concerne pas uniquement les jeunes. La start-up, c’est une idée exclusive, qui peut émaner d’une personne de 60 ans même. Ce n’est pas une exclusivité pour les jeunes. C’est autour de cette idée que naît l’entreprise, d’où l’importance de la collecte de fonds.
Déjà, rien que pour le mode de financement, il y a problème. Il ne suffit pas de vouloir ou de décréter quelque chose pour que cela marche.
L’entreprise prend en charge l’exclusivité de l’idée et la transforme en projet concret, d’où le parrainage.
Quant à la Bourse, pas besoin d’en parler, vu qu’elle n’existe même pas.
Je souligne aussi que nos entreprises n’ont ni les moyens ni la volonté, et encore moins la culture du risque et la réactivité nécessaire pour parrainer des projets.
L’Etat, au vu de ses lenteurs bureaucratiques et de l’ambiance médiocre qui y règne, n’est pas prêt de créer des start-up.
C’est une décision politique précipitée. Il faut créer l’environnement économique adéquat avant toute chose».
Propos recueillis par Réda Hadi