Aussi bien au Canada qu’ailleurs, les Algériens font parler d’eux. Brillamment. De la recherche scientifique au monde des affaires, certains, purs produits de l’université algérienne, se distinguent merveilleusement à l’étranger. Eco-times est allé à la rencontre de l’un des chercheurs algériens les plus connus dans le monde, établi depuis plus de 25 ans au Canada (Montréal). Il s’agit de Karim Zaghib, ce Sétifien qui a développé un nouveau concept de batterie, qui donne plus d’autonomie aux voitures électriques. Portrait.
Dossier réalisé par notre correspondant à Montréal
Salah Benreguia
Il a grandi en Algérie, continué ses études universitaires en France, travaillé au Japon puis chercheur avec plusieurs distinctions au Canada dans le domaine des batteries ! Le parcours de Karim Zaghib, ce natif de Sétif, avec plus de 35 ans dans la recherche scientifique, ressemble, tout simplement, à celui d’un «nobélisé»… La seule consécration suprême qui lui manque d’ailleurs après avoir «raflé» plusieurs hautes distinctions au Canada, mais aussi dans le monde. La dernière est le prix Lionel Boulet, la plus haute reconnaissance dans le domaine de la recherche et du développement industriel au Québec.
Il suffit de voir son parcours universitaire brillamment accompli, les plus hauts postes de responsabilités occupés en France, puis au Japon et, actuellement, au Canada pour se rendre compte de la valeur de cette «belle carte visite» qu’utilise actuellement le gouvernement québécois. Ce dernier, suite à la révolution réalisée par Karim Zaghib dans le domaine des batteries lithium-ion (développement d’une batterie toute solide qui promet de répondre aux besoins de l’industrie des véhicules électriques mais aussi dans les énergies renouvelables), est présentement en quête d’investissement et partenariats étrangers, afin de créer un «écosystème» de la batterie électrique au Québec, dont justement «le patron» de travaux sur ce type de batteries est Karim Zaghib. Le coût prévisionnel estimé pour ce type d’investissement avoisine les 7 milliards de dollars!
Faire bénéficier l’Algérie de son expertise, l’autre rêve de Karim…
Associé à plus de 550 brevets et 60 licences, et ayant participé à plus de 420 articles et 22 monographies, Karim Zaghib, qui affiche ses disponibilités à mettre son expérience et son expertise au profit des entreprises algériennes, est le chercheur que tout le Québec s’arrache.
A la question de savoir pourquoi le choix de recruter Karim Zaghib, en tant que conseiller stratégique au sein de la prestigieuse société publique Investissement Québec, alors qu’il dirigeait déjà le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec (CEETSE), le ministre québécois de l’Economie, Pierre Fitzgibbon,, a eu, il y a une semaine, cette réponse : «Parce qu’il est dans le domaine des batteries depuis très longtemps, et qu’il a beaucoup de crédibilité. J’ai passé deux semaines en Asie, au mois de décembre, pour regarder les partenaires potentiels, et pas une compagnie ne m’a pas recommandé Karim. Il va pouvoir aider à légitimer l’effort du Québec à attirer ces entreprises.»
Menés en collaboration avec des universités, des centres de recherches et des entreprises internationales, les travaux de M. Zaghib ont fait d’Hydro-Québec la première entreprise du monde à utiliser le phosphate de fer lithié pour le stockage d’énergie de grande capacité.
Détenteur d’un doctorat en électrochimie à Polytechnique de Grenoble, après un DESS obtenu à l’université de Sétif, Karim Zaghib, actuellement professeur permanent à la prestigieuse université Mc Gill, a poursuivi sa carrière de chercheur au Japon, où il a développé une expertise approfondie au sujet des batteries au lithium-ion.
En 1995, il a joint l’institut de recherche d’Hydro-Québec, avant de devenir, en 2017, directeur général du Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec (Ceetse). Président de SCE France, une filiale française d’Hydro-Québec et du Conseil régional d’Aquitaine, qui soutient le CEETSE dans ses travaux de recherche, ce dernier, selon Clarivate Analytics, est nommé trois fois parmi les 3 300 scientifiques les plus influents au monde.
A titre indicatif, Dr Zaghib a été récipiendaire du prix de l’International Battery Association TechnologyAward (2017) et du titre de Fellow de l’Académie canadienne du génie (2017),) ainsi que le titre de Fellow de l’Electrochemical Society (2011).
S. B.