Le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, à propos de l’avenir de nos ressources naturelles énergétiques, dont les hydrocarbures essentiellement, s’est voulu rassurant sur les ondes de la Radio nationale, le dimanche 25 octobre dernier, mais non sans se départir de son franc-parler, suggérant clairement que la sécurité énergétique de l’Algérie n’est pas pour autant garantie et ce, à plus d’un titre.
Par Hakim O.
D’abord, la note d’optimisme : la sécurité énergétique nationale sera assurée au moins jusqu’en 2040, notamment, grâce à des réserves prouvées de 2.500 milliards de m3 de gaz et 1,7 milliards de tonnes de pétrole, a rassuré le ministre.
Une assurance qui est, cependant, vite relativisée par M. Attar, qui évoque un nombre de potentiels handicaps qui pourraient contrarier ces projections. A savoir, la problématique des recettes à l’export en baisse tendancielle, et, à contrario, la consommation énergétique interne dont la tendance à la hausse est en progression.
Ainsi, concernant le premier paramètre, Attar fait état de recettes d’exportation d’hydrocarbures de l’Algérie pour l’année 2020, qui devraient atteindre les 23,5 milliards de dollars si les cours du baril de brut se maintiennent autour de 40 dollars, alors que les mêmes recettes pour l’année 2019 étaient autour de 34 milliards de dollars.
Une baisse des recettes dont la tendance épousera, désormais, celle de la tension sur le prix du baril, dont on en est à espérer qu’il se maintiendra autour des… 40 dollars, alors qu’hier encore, nous en étions à paniquer dès qu’il frôlait les 70 dollars le baril !
Compenser cette baisse des réserves, eu égard à l’Arlésienne qu’a finie par devenir la perspective d’une diversification de l’économie nationale, consiste donc en l’augmentation et l’amélioration des capacités de production de la ressource énergétique nationale. Hélas, plus facile à dire qu’à faire !
Depuis quelques lustres déjà, nous en sommes, en effet, à constater l’extrême difficulté à améliorer le rendement de la production nationale en hydrocarbures, essentiellement, faute de financements nécessaires pour ce faire, et des moyens technologiques, donc, à même d’y parvenir. Ce qu’a avoué Abdelmadjid Attar, évoquant le fait que la compagnie nationale Sonatrach n’a «ni les moyens financiers, ni les technologiques complexes pour y parvenir. On a besoin de partenariats, mais pour cela, souligne-t-il, il y a urgence à finaliser totalement les textes d’application y afférent, ce qui pourrait se produire avant la fin de l’année en cours».
Des partenariats qui tardent depuis des lustres à se concrétiser, au point où l’on on était à douter même du caractère «attractif» du projet de loi sur les hydrocarbures, qui depuis 15 ans qu’il a vu le jour, en 2005 en l’occurrence, peine décidément à décider les partenaires.
En 2019, déjà, le ministre de l’Energie d’alors, Mohamed Arkab, avait fait état des hésitations des investisseurs en dépit d’un projet de loi largement en leur faveur à tel point, d’ailleurs, qu’il n’en finit pas de susciter la vive réprobation de pans entiers de l’opinion y voyant un instrument de «bradage» des ressources naturelles du pays. «Depuis l’adoption, en 2005, de la législation jusqu’ici en vigueur, et malgré des amendements en 2013, les entreprises étrangères se désintéressent du sous-sol algérien pourtant prometteur», avait en effet, avoué M. Arkab, en novembre 2019, lors de la présentation du texte aux députés, ajoutant que «seuls 20% des appels d’offres ont trouvé preneurs depuis 2008». A la même occasion, le ministre de l’Energie de l’époque avait donné ce chiffre effarant et illustrant la menace en puissance, qui pèse sur la sécurité énergétique de l’Algérie : «Près de 60% des réserves initiales d’hydrocarbures étaient épuisées».
Baisse des recettes conjuguée à celle des réserves en hydrocarbures, donc, qui n’ont d’égale que l’augmentation exponentielle, à contrario de la consommation interne.
Autre chiffre inquiétant sur le même registre, celui communiqué, il ya une année déjà, par un cadre du ministère de l’Energie, en l’occurrence, le directeur général des hydrocarbures au ministère, Mustapha Hanifi. A l’un des forum du journal El-Moudjahid à l’automne 2019, l’intervenant avait révélé que «60% des réserves gazières de l’Algérie sous contrat sont épuisées», même si, le pays possède un potentiel «extrêmement important. Si nous restons au stade actuel, avec l’accroissement de la consommation nationale, nous arriverons à l’horizon 2030 avec un bilan gazier déficitaire, ce qui conduirait l’Algérie à importer du gaz.»
H. O.