Le ministre des Mines, Mohamed Arkab, s’affaire depuis quelques jours à vouloir intéresser de potentiels investisseurs pour l’exploitation de l’or en Algérie, en direction, notamment, des microentreprises, et à travers certaines mesures incitatives dont les allégements des dispositions de la loi minière. Cependant, les questions de la faiblesse de la production aurifère et celle liée à la sous-exploitation des gisements connus pour être particulièrement importants en Algérie, demeurent l’objet de nombre d’interrogations, de la part, notamment, des experts et spécialistes dans le domaine. Et cela, d’autant plus que l’Algérie vient d’être classée parmi les plus importants pays détenteurs d’or, avec 173,6 tonnes en stock, par le Conseil mondial de l’or.
Par Réda Hadi
Dans ce bulletin datant de janvier 2020, cet observatoire international de la production et des transactions aurifères donne une appréciation positive de cette importante épargne en or, dont les prix n’ont pas cessé d’augmenter depuis la crise économique de 2008, et qui continuent aujourd’hui encore, en raison des difficultés qui affectent les principales locomotives économiques du monde.
Beaucoup d’économistes algériens s’interrogent, alors, sur le devenir de ce stock puisque, apparemment, il n’a pas été utilisé.
Par ailleurs, il est avéré que l’exploitation de l’or de manière traditionnelle ne peut être bénéfique à l’échelle nationale et encore moins mondiale. Les concessions accordées dans le Bush australien, suffisent à peine à couvrir les frais des exploitants.
Pour M. Haddad Mohamed, expert économiste, l’autorisation accordée, au courant de cette semaine, par le ministère des Mines, à 57 microentreprises pour exploiter l’or de manière traditionnelle, ne répond pas aux besoins nationaux et leur impact sur l’économie locale sera très limité. L’exploitation de l’or a besoin d’une technologie avancée, ainsi que d’énormes investissements, et les microentreprises ne sont pas outillées pour cela.
Selon M. Arkab, en effet, c’est là une première phase. Avant que ces entreprises ne commencent à fonctionner dans quelques jours, à condition que l’usine Amesmessa de Tamanrasset de la société nationale ENOR, s’occupe d’eux, a-t-il précisé, mais sans plus détails. Pour le ministre des Mines, il ne s’agit que d’une étape intermédiaire avant la transition vers l’exploitation industrielle de l’or, qui se trouve en grande quantité à une profondeur de 400 mètres. Reste que le flou entoure la production d’Amesmessa, dans la wilaya de Tamanrasset, sachant qu’Amesmessa est censée être en production depuis des années.
Par ailleurs, qu’en est-il des filons Tirek, ou de celui fameux Hanane de Tiririne, près de la frontière du Niger ?
A ce sujet, aucune information n’est donnée, et l’Algérie continue de déclarer depuis quelques années, la même quantité qu’elle avait quantifiée en 2015, soit 173,6 tonnes, au Conseil mondial.
Considérée comme une valeur refuge dans les périodes de crise, l’or a, comme l’indiquent les mercuriales, fortement augmenté de prix au cours de ces dix dernières années, pour atteindre 1 561,74 dollars l’once (31 grammes), le 24 janvier dernier à la Bourse de New York. A cette date, on peut, donc, chiffrer le stock algérien à environ 10 milliards de dollars.
Selon les propos du ministre des Mines, la production algérienne est faible puisqu’elle n’a pas dépassé les 58 kg cette année, à un moment où le stock avoisine 124 tonnes.
R. H.