La loi de finance 2021, adoptée hier mardi à la majorité à l’Assemblée populaire nationale (APN), table sur une croissance de 4% du produit intérieur brut (PIB).
Par Nadia B.
Commentant ce chiffre, Mahfoud Kaoubi, analyste économique et financier, estime que, vu le contexte actuel et les réticences en matière d’engagement de réformes et, surtout, dans son volet assistance aux entreprises qui connaissent une situation très critique, «cet objectif sera difficile à atteindre».
S’exprimant, mercredi 18 novembre, à la Chaîne III de la Radio nationale, M. Kaoubi indique que le taux de 4 % est basé sur des hypothèses très optimistes, dont une croissance des hydrocarbures de plus de 7.2 %. «D’ailleurs, comment peut-on atteindre cette croissance dans un secteur d’activité qui connaît une conjoncture mondiale pratiquement instable et pleine d’incertitudes ?», s’interroge-t-il.
L’invité rappelle que le gouvernement a projeté une augmentation des exportations de 10 %, en se basant sur un prix de vente à 45 dollars le baril. «Est-ce possible avec cette deuxième, ou une probable troisième, vague de la Covid-19 ?», dit t-il.
Dans leurs prévisions, «la Banque Mondiale et le FMI ne plaident pas, et ne justifient pas une croissance aussi optimiste que celle prévue par le gouvernement dans le cadre de cette loi de finance 2021», rappelle l’expert dans son analyse.
Cet optimisme pourrait être révisé dans la réalité, dit-il, en précisant qu’à chaque fois, «on prévoit des hypothèses assez optimistes, en matière d’élaboration de budget, le gouvernement se confronte malheureusement à la réalité du terrain, comme c’était le cas pour la loi de finance 2020, où les réalisations ont été assez loin des prévisions».
Pour M. Kaoubi, la priorité, aujourd’hui, est d’engager, le plus rapidement possible, une ensemble de réformes, pour aider nos entreprises souffrantes depuis deux ans maintenant, puisque, ajoute-t-il, on ne peut pas prévoir une croissance dans le contexte actuel sans l’entreprise.
Donc, les entreprises devraient avoir plus d’attention de la part des pouvoirs publics, affirme-t-il, vu leur situation financière délicate. «Dans la conjoncture actuelle, nos entreprises ne pourront pas faire face à des dépenses», estime-t-il.
Des aides ont été allouées aux entreprises partout dans le monde, notamment dans les pays développés, pour surmonter la crise sanitaire, «chez nous, et jusqu’a aujourd’hui, il y a pleines de propositions réalistes de la part des organisations patronales. Cependant, cela n’a pas été concrétisé», regrette-t-il.
Enfin, l’invité de la radio avoue qu’il espérait un fonds du Trésor dédié à la prise en charge des effets financiers du coronavirus sur les entreprises. «On devrait revenir à une logique d’affectation par objectif du budget», conclut-il.
N. B.