Par Akrem R.
On en parle depuis déjà plusieurs années, mais le processus n’a pas bougé d’un iota. Le partenariat public-privé, dont on ne cesse de louer les qualités et les opportunités, se trouve toujours bloqué par on ne sait quelle réticence, au cœur même de l’Etat où le secteur privé a depuis toujours été «mal vu» par les managers du secteur public. Maintenant que l’Algérie a énormément besoin de mobiliser tous les moyens à sa disposition, et au moment même où les IDE se font rares, y aura-t-il possibilité de voir enfin le PPP aboutir ? Parions que cela trouvera le chemin de la réussite, mais le gouvernement qui table sur cette démarche, doit tenir compte des «forces de l’inertie» qui minent les entreprises étatiques et qui, se complaisent dans leur «confort médiocre», veillent au blocage de toute possibilité d’intégration du privé dans la politique de développement industriel.
C’est un véritable casse tête pour le gouvernement qui se trouve entre l’obligation de poursuivre les efforts du développement du pays afin de répondre aux attentes et exigences des Algériens, et la rareté des ressources financière. Il est à noter au passage que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est opposé ouvertement et catégoriquement à l’endettement extérieur, considéré comme porteur de risques pour l’autonomie du pays.
Outre la rationalisation des dépenses, en donnant la priorité aux projets stratégiques et ayant une utilité socioéconomique, l’exécutif se penche actuellement sur le développement du partenariat public-privé (PPP), présenté comme un moyen de dépasser les difficultés structurelles en matière d’investissement. Il s’agit là, en effet, d’un instrument qui a prouvé son efficacité dans plusieurs pays à travers le monde, et que des institutions internationales (Banque Mondiale et FMI) le recommandent. Dans notre pays, ce mécanisme existe déjà depuis 2012, mais sans être toutefois développé. La situation financière du pays était meilleure et les gouvernements de l’époque avaient dépensé sans compter. Ils n’étaient pas dans le besoins de le développer.
En attendant le visa du gouvernement
Maintenant, les choses ont changé et les cadres de l’exécutif sont appelés à innover, en proposant des formules adéquates pour la concrétisation des plans de relance des secteurs concernés. Le ministre des Travaux publique, Farouk Chiali a fait savoir, dans ce cadre, que des propositions sont en train de se faire, notamment pour recourir à de nouvelles formules de partenariat, en citant le PPP. Ce genre de partenariat constitue, selon lui, «une source de financement pour la réalisation de projets d’infrastructures de grande importance.»Il s’agit là «Des investissements lourds qui nécessitent de l’argent frais et tout de suite, mais dont la rentabilité est à long terme.», dira-t-il, avant d’ajouter que «quad on fait appel à des institutions financières internationales, ces dernières nous demandent si le projet a de la rentabilité. Une fois l’étude économique du projet ficelée, les finances peuvent être mobilisées».
Le ministre qui intervenait hier sur les ondes de la chaîne IIIde la radio nationale a, également, fait savoir que les études techniques des projets d’infrastructures s’appuient sur la rentabilité économique et financière. «Des propositions ont été faites par notre département faite pour la réalisation de projets d’infrastructures dans le cadre de ce partenariat public-privé, nous attendons le visa du gouvernement pour les lancer», a-t-il asséné.
Cette option du PPP est également envisagée par le département de Ferhat Aït Ali. «Le partenariat est vu comme un levier stratégique de modernisation et de développement des entreprises publiques. C’est pour cela que le ministère de l’Industrie encourage les entreprises relevant du secteur public marchand à s’investir dans un processus d’encouragement du partenariat national et/ou international, lorsque ce dernier favorise la réalisation des objectifs stratégiques de l’entreprise et s’inscrit dans les principes de la politique adoptée par les pouvoirs publics», lit-on dans le bilan de 2020 de ce ministère.
Les entreprises publiques peu attractives
D’ailleurs, une charte de partenariat sera finalisée au premier trimestre 2021 et servira de cadre de référence pour la mise en œuvre d’opérations de partenariat dans un cadre juridique rénové, apprend-on auprès du ministère de l’Industrie.
Sur ce point, Mohamed Sayoud, expert en investissement, s’est montré pessimiste quant à la réussite de ce partenariat, en expliquant que «tant que les entreprises étatiques sont déficitaires, l’investisseur privé n’est pas aussi intéressé d’injecter de l’argent dans un puits sans fond, ce qui est aussi dans le domaine de la bourse».
Notre interlocuteur a préconisé le recours à ce partenariat dans le domaine des grands capitaux/investisseurs, à l’instar de celui despolymères qui est un domaine très lucratif et rentable pour produire le PP, EPS , PET , Résine , fibre de ver…etc. La Sonatrach peut faire, dira-t-il, «des joint-ventures dans ce domaine avec les Chinois, les saoudiens, les qataris, turques…etc. «On doit aussi cibler la production de l’inox en Algérie, car c’est une matière noble et chère qui génère une très forte valeur ajoutée, sachant qu’elle est intégrée/utilisée dans toutes les usines agro-alimentaire», a-t-il conclu.
A.R.