Le Plan de relance du gouvernement prévoit la mise en place d’une nouvelle stratégique industrielle. Cette dernière doit être basée sur une approche nouvelle et innovante, dont l’entreprise doit être au cœur de toute démarche dans ce sens, mais aussi, en développant les secteurs émergents et en s’appuyant sur les entités championnes et moteurs de la stratégie industrielle.
Akrem R
Lors d’une rencontre organisée hier à Alger par l’organisation patronale « Algerian Economic Forum », placée sous le thème : « Vers la mise en place d’une nouvelle stratégie industrielle nationale», son SG, Zane Yahia a plaidé pour la construction d’une stratégique industrielle reposant sur l’analyse des principaux secteurs de l’industrie selon plusieurs axes : « L’attractivité des secteurs » « Quels sont les industries répondant à une demande intérieure et/ou développement de l’export ? », «Quels sont les secteurs à forts potentiels de croissance , ayant un embryon de tissu industriel?»
Pour lancer le débat sur la stratégie industrielleil a été recommandé d’analyser des secteurs d’activités pour identifier les secteurs potentiels ou des entreprises championnes. Il faut mesurer et chiffrer l’impact de développement de chacun de ces secteurs dans le développement de l’économie nationale.
M. Zane a, de ce fait, préconisé dans son exposé de construire la nouvelle stratégie sur le tissu industriel déjà développé par l’Algérie (industries sidérurgiques, chimiques, transformations, etc.), mais avec un plan de redressement rigoureux des entreprises, les privatisations/ partenariats pouvant être une approche pour développer ces secteurs. Ainsi, a-t-il été question de développer le secteur Eau et Energie et, notamment, les Energies électriques pour initier et accélérer les exportations vers les pays voisins. L’Energie est l’enjeu de notre siècle, estime-t-il. Pour lui, construire un champion national pour la production et la distribution électrique est une opportunité pour développer l’export. La Sonalgaz doit être, estime-t-il, la locomotive de cette stratégieØ Les Energies renouvelables, notamment solaires-, et ce, en tirant profit du Sahara comme axe potentiel de cette stratégie. L’Agroalimentaire est également un autre secteur qui à fait de grands progrès ces dernières années, des entreprises d’envergure nationale comme CEVITAL ayant émergé ; la poursuite, par conséquent, du développement de ce secteur en l’aidant à conquérir le marché international, est une véritable opportunité pour l’économie nationale.
Parier sur de nouvelles industries
L’économie mondiale vit une transition, surtout, à cause de la pandémie Covid-19. Les hautes technologies et les métiers de l’informatique ne cessent de se développer dans tous les secteurs économiques. Le High- Tech est un « must do » au regard des capacités humaines de l’Algérie, dira-t-il. De nombreux pays tels que l’Inde, ont construit des moteurs de croissance autour de cette industrie, avec le modèle de l’offshoring, rappelle-t-il.
L’Algérie dispose de tous les atouts nécessaires pour jouer un rôle dans cette industrie, les principaux axes pour le développement, étant les actions de promotion de l’Algérie et de ses capacités auprès des investisseurs et la construction d’une infrastructure de qualité pour favoriser le climat des affaires (réseaux informatiques et télécoms, cadre de vie des entrepreneurs et ingénieurs ainsi que leurs familles, etc.).
Le Transport, notamment aérien, représente un secteur également intéressant pour l’Algérie étant donné sa position géographique.
C’est un secteur en pleine croissance et vit des batailles sans merci, à coups d’alliances et d’acquisitions et surtout après les impacts négatifs de la COVID-19 et ses retombés néfastes sur ce secteur névralgique. L’Algérie pourrait jouer un rôle «hub» pour connecter l’Europe et l’Afrique, en tissant des alliances avec de grandes compagnies internationales pour desservir les pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Cette industrie permettra, ajoute-t-il, aussi, le développement du Tourisme d’Affaires et pourrait être un atout pour attirer les sièges régionaux, Afrique et Moyens-Orient des grandes multinationales.
Comment passer a l’action ?
Une fois les secteurs stratégiques identifiés, la question qu’on se pose : « Comment développer ces secteurs ? » Pour mettre en place une politique industrielle efficace, il y a lieu de définir une stratégie générique pour développer des champions locaux. Cette stratégie consiste à établir différentes formes d’associations avec des partenaires étrangers pour développer un champion local.
Ce partenaire pourrait prendre la forme d’une entreprise commune, d’une ouverture de capital, d’un contrat de services … Les partenariats également, sont envisageables, pour ouvrir des marchés étrangers aux entreprises algériennes stratégiques.
Développer une Entreprise nationale en la protégeant
Une stratégie simple pour un Etat pour la création d’un champion, consiste à le protéger en mettant en place un monopole ou oligopole, en réduisant la concurrence et en lui confiant de grands contrats.
Pour l’Algérie, cette stratégie pourrait se faire au service des secteurs publics, avec des embryons de champions, comme le secteur de l’électricité. La conquête de marchés extérieurs pourrait ensuite être obtenue par la mise en œuvre de stratégies d’alliances et/ou d’acquisitions. «L’Etat devra, en plus de la mise en place de contrats de performance (avec les managers), savoir attirer et garder les cadres algériens de haut niveau par des politiques de rémunérations et avantages motivants», a insisté M. Zane.
Sur un autre registre, l’intervenant a souligné l’impératif de la mise en place d’un régime fiscal incitatif pour une branche donnée. L’Etat pourrait sélectionner des secteurs stratégiques, tels que les industries pétrochimiques, pharmaceutiques ou encore, à forte valeur ajoutée et les subventionner, à condition de maintenir un suivi rigoureux des bénéfices accordés et de veiller à ce que les gains obtenus soient supérieurs aux atouts de ces aides. Aussi a-t-il recommandé la création de pôles d’excellence sectoriels.
Ce dernier modèle a permis aux Etats-Unis de développer dans la Silicon Valley les fleurons de la haute technologie. «Nous pourrions imaginer certains pôles en Algérie autour de certaines industries, telle que l’Electronique à Sidi Bel Abbes. Mettre en place des pôles d’excellence est une combinaison savante de stratégie de développement d’universités et d’écoles spécialisées, de construction de cadre de vie et la mise en place d’une politique fiscale locale adéquate. Ces stratégies doivent être réfléchies dans le cadre de la politique d’aménagements du territoire», a-t-il résumé.
Enfin, l’intervenant a suggéré dans le chapitre de la « Bonne gouvernance», la création d’un comité de pilotage industrielle, dont la mission est d’analyser les évolutions de l’industrie, de recommander les secteurs prioritaires, proposer aux instances des pouvoirs exécutifs et législatifs les mesures et propositions de lois adéquates pour lever les freins au développement.
Quand au dernier levier, il concerne la nécessité d’assurer la promotion de l’Algérie et de stratégie industrielle auprès des investisseurs grâce à une opération de communication menée par une équipe de professionnels. Il est plus que nécessaire d’engager un plan de communication à grande échelle afin de faire connaitre le marché algérien. Dans ce cadre, M. Zane a suggéré la création d’une agence de lobbying avec des moyens raisonnables, afin de drainer les investisseurs et leur vendre le produit « Algérie », sa politique industrielle, ses potentiels et ses succès stories pour construire la notoriété de l’Algérie auprès des décideurs économiques. «L’Etat a un rôle important à jouer pour la mise une place d’une stratégie industrielle en améliorant le climat des affaires et diversifier l’économie», a-t-il conclu.
A R