La pandémie actuelle de la covid-19 sonne comme une tragédie qui affecte l’économie algérienne dans son ensemble, à l’instar de celle du monde entier, portant ainsi un coup d’une gravité certaine avec des répercussions sociales et économiques incommensurables.
En Algérie, les investisseurs, tous secteurs confondus, accusent un coup dur, et leurs déboires sont tellement nombreux qu’il est difficile de parier sur une reprise sereine, à la fin de cette crise sanitaire.
Parmi les problèmes soulevés par les investisseurs que nous avons rencontré, celui du prix des loyers fonciers qui, selon nos interlocuteurs, représente un frein majeur à toute velléité d’investir.
En effet, beaucoup de ces industriels désireux d’investir se plaignent de ce marché locatif, qui ne répond qu’à ses propres règles.
Beaucoup affirment que c’est un réel frein aux investissements. Pour M. Sayoud, un investisseur de Jijel, «L’état doit imposer un règlement général pour imposer une règle de perception du loyer à périodicité mensuelle comme partout dans le monde et non pas un an en avance.»
Les fourchettes de location varient de 25.000 Da pour une assiette de 15 m2, à 30.000 DA/mois pour un terrain de 300 M2, majorable au gré de l’humeur du bailleur.
Pour débuter une activité, les commerçants, les investisseurs et les ménages algériens doivent payer un loyer anticipé de 12 à 24 mois, une obligation qui n’existe nulle part dans le monde entier, puisque c’est contreproductif et non économique.
Suite à la crise sanitaire actuelle et avec le système de loyer instable de notre pays, l’opérateur économique est bloqué, les commerçants se sont ruinés car ils ont payés leur loyer au préalable sans pouvoir travailler correctement.
La côte d’alerte a pourtant été largement atteinte selon des analystes, avec la mise au chômage partiel de 50% des fonctionnaires et employés du secteur public et la fermeture de l’écrasante majorité des fonds de commerce privés.
La situation actuelle devient critique et cruciale car elle va mener à appauvrir beaucoup de commerçants.
Pour une réglementation contraignante
«En effet, aujourd’hui les commerçants se sont ruinés en payant des loyers qu’ils ne peuvent plus supporter d’autant plus que les propriétaires des locaux sont insensibles et non solidaires aux difficultés économiques auxquelles leurs locataires sont confrontés. Le fait d’exiger le paiement des loyers d’une année ou deux à l’avance est contre-productif et très pénalisant freine par conséquent l’entreprenariat, la création des emplois et la richesse», souligne un commerçant.
Pour lui «L’argent est immobilisé dans les loyers, et vu qu’il n’y a pas de recettes, et sans fond de roulement, les caisses des commerçants et des opérateurs économiques sont vides.»
Des idées sont mises en avant telles que l’état qui devrait légiférer pour un assouplissement des modalités des paiements des loyers, par exemple : il privilégiera l’avance sur les loyers et privilégier le dépôt de caution de 3 mois au maximum, sachant que les mauvais payeurs font partie des risques du métier (il existe par ailleurs des assurances pour les risques encourus par les bailleurs.)
L’index les barèmes de prix de location et l’inflation doivent être pris en considération car le propriétaire du bien immobilier n’a pas le droit d’augmenter le loyer délibérément sous peine de faire sortir le locataire.
Certes, il y a l’offre et la demande mais dans ce secteur on doit aussi prendre la responsabilité de construire assez de locaux, de hangars pour les louer aux investisseurs à des prix raisonnables et compétitifs afin de booster l’investissement productif et de créer la richesse et les emplois, permettant de dynamiser la croissance économique du pays.
Tous les porteurs de projets sont unanimes à souhaiter une nouvelle réglementation de locations d’espaces de travail pour les services et la production auquel les loueurs seront soumis.
Réda Hadi