Par Boubekeur Abid
Consultant senior
Vice-Président de la bourse algérienne de sous-traitance et de partenariat
Il est reconnu à travers le monde que le développement de l’économie, en termes de croissance et de compétitivité économique, repose indéniablement sur les PME/PMI & TPE, créatrices de richesses et d’emploi.
Face à la concurrence étrangère, les PME/PMI & TPE Algériennes peinent à se faire une place sur le marché de la sous-traitance.
La préférence nationale n’est pas vraiment appliquée sur le terrain. En plus de cette difficulté à se faire admettre sur le marché, les contraintes bureaucratiques empêchent les PME/PMI & TPE d’émerger, et la stratégie des firmes pétrolières et industrielles, n’accorde pas de place aux fabricants de pièces de rechange locaux.
Les entreprises pétrolières et industrielles en Algérie, préfèrent acheter des équipements entiers que de donner une chance aux fabricants locaux, la préférence nationale qu’on entend depuis des années n’est jamais appliquée sur le terrain, pourtant, les textes de lois insistent sur cette démarche.
C’est pour cela qu’au niveau décisionnel, le pouvoir politique doit prendre conscience du développement de la sous-traitance en Algérie comme la pierre angulaire pour le développement industrielle.
Cette prise de conscience étant acquise, il doit affirmer sa volonté réelle pour la priorité du secteur de la sous-traitance dans la stratégie de développement économique du pays.
Au niveau des administrations centrales et locales, le bricolage, l’activisme et le laxisme doivent disparaître et laisser la place à une réflexion saine et sereine pour l’élaboration et l’exécution des plans de développement Industrielle. Celles-ci doivent obéir à une vision lointaine d’une nouvelle l’Algérie industrialisée aux normes requises, en prenant impérativement en considération son histoire.
Du point de vue gestion, on est arrivé aujourd’hui à l’ère du Manager, à l’ère où le pouvoir ne peut plus appartenir à un individu mais doit être partagé et géré par des groupes de personnes de formation et de philosophie différentes. Il faut doter nos institutions d’un management moderne.
Tout management efficace, passe par une bonne détermination des objectifs. Et, donc la question qui se pose est la suivante : «Veut-on, oui ou non, d’une Sous-traitance efficiente et efficace en Algérie ?»
Le degré de conviction apporté à cette réponse, déterminera de lui-même le niveau à partir duquel se situeront les centres de décisions.
Evidemment, et sans démagogie on peut dire, que le potentiel et le savoir-faire nationaux de l’industrie de la sous-traitance sont sous-exploités.
Pour exploiter pleinement le potentiel de la sous-traitance en Algérie, il y a nécessité d’accompagner au plus près toutes les entreprises du secteur, généralement des PME /PMI ou des TPE, pour insuffler une dynamique sur les moyen et long termes.
Seule l’initiative privée dans la sous-traitance, est à même de valoriser le potentiel industriel existant et futur, de contribuer à l’élargissement des capacités financières du pays et la création d’emplois.
«Le génie, c’est 01 % d’inspiration et 99 % de transpiration», EDISON.
La sous-Traitance, Levier du développement
Prenant l’exemple de l’industrie automobile, il faut plaider pour l’incitation des équipementiers étrangers des constructeurs automobiles à créer des joint-ventures avec des entreprises locales lorsque le volume de production atteindra un seuil minimal de rentabilité pour les sous-traitants (A définir).
Il ne faut pas oublier, que le développement de la sous-traitance est un processus très lent, qui exige des entreprises du secteur de répondre aux exigences internationales et aux homologations.
Le développement de la sous-traitance, et de surcroît des PME/PMI & TPE activant dans la sous-traitance industrielle, est tributaire de la croissance et du développement des grands donneurs d’ordres.
La Sous-traitance industrielle doit constituer le levier pour la relance de l’investissement et du partenariat dans le cadre des objectifs d’intégration escomptée et qui sera , portés par des sociétés de droit Algérien.
Pour des considérations de promotion et de développement de la sous-traitance industrielle, la notion d’intégration, doit être élargie et constituée par la production des produits sidérurgiques plats, des matières plastiques (pétrochimie), de la matière caoutchouc, des fils électriques, des systèmes de fixation, du verre, des bruts de fonderie, emboutissage, usinage, des bruts de forge, moules et modèles, textiles et cuir, mousse, peinture, …etc.
Tous ces intrants alimentent et servent les activités de production d’ensembles et de sous-ensembles destinés aux produits et équipements des industries mécaniques, électroniques, électromécaniques et électriques.
A cet effet, les Pouvoirs Publics doivent œuvrer à impulser une dynamique pour une synergie des efforts de tous les opérateurs du secteur industriel sans exception, pour la mise en place d’un environnement favorable à l’émergence d’un model moderne et efficace d’organisation et de management de la production industrielle.
«Pour exploiter pleinement le potentiel de la sous-traitance en Algérie, il y a nécessité d’accompagner au plus près toutes les entreprises du secteur, généralement des PME /PMI ou des TPE, pour insuffler une dynamique sur les moyen et long termes.»
Ils doivent aussi faire de l’intégration nationale un paramètre d’évaluation des performances du management de l’Entreprise.
Avec cette crise mondiale de la Covid-19 qui impacte notre économie en générale et notre industrie en particulier d’une manière unique, dans le sens où les entreprises qui, là, ne sont pas en récession, comme elles ont pu le connaître dans le passé, mais purement et simplement à l’arrêt pour l’immense majorité d’entre elles.
Même si l’on sait, que cet arrêt quasi total perdurera au moins jusqu’à ce qu’on atteigne la phase descendante de cette épidémie, et que la population soit progressivement dé confinées, il est de notre devoir de réfléchir à ce que pourrait être la suite de cette crise, et ainsi comment nous préparer à sortir de celle-ci avec une stratégie globale de notre économie.
Dans ce contexte, nous souhaiterons sensibiliser l’ensemble des intervenants, dans le cadre d’une préparation à la relance de notre secteur industrielle, fortement impacté mentalement et cliniquement.
Pour cela, les Groupes Industriels Publics doivent bâtir et élaborer leurs stratégies en privilégiant l’externalisation des activités dites de spécialité et secondaires, et se recentrer sur leur cœur de métier, ce qui pourrait accélérer la création d’un tissu de sous-traitance autour de grands ensembles industriels.
Quid de la compétitivité de l’Entreprise ?
Les segments d’activités à sous-traiter doivent faire l’objet d’une large diffusion sur tous les supports de communication.
Les Groupes Industriels Publics doivent créer au sein de leurs filiales, des structures centrales dédiées au développement de l’intégration nationale.
Par conséquence, les structures d’appui relevant des pouvoirs publics doivent accompagner ces Groupes Industriels et ces Entreprises dans leurs démarches de certification, de qualification et de mise à niveau opérationnelle (management, qualité, ISO, planification, maîtrise des processus…).
En somme, c’est un accompagnement pour l’amélioration de la compétitivité de l’Entreprise. Ceci constituera un véritable gage pour la construction d’une relation solide et de confiance avec les donneurs d’ordres.
Enfin, ces structures d’appui doivent aussi tout mettre en œuvre pour constituer et élaborer une véritable banque de données et un système d’informations unifié avec des données chiffrées par l’établissement d’une méthode d’analyse statistique de la sous-traitance nationale, en élaborant la cartographie par régions et par métiers des sous-traitants, portant et renseignant sur l’identification des entreprises de la sous-traitance, la mise en évidence de leurs savoir- faire et leurs capacités potentielles de sous-traitance.
Ces informations et données seront mises à la disposition, en temps réel, des Institutions Publiques et des Donneurs d’ordres.
Nous considérons que nous avons là une opportunité solidaire de construire une véritable stratégie multisectorielle pour offrir des prestations de sous-traitance au marché local à terme.
La croissance sera longue avant de retrouver une pleine activité, le temps est venu de réagir vigoureusement pour s’adapter aux nouveaux comportements, et planifier ainsi nos actions communes pour prendre les mesures concrètes dans la gestion de notre industrie.
C’est donc à ces institutions et donneurs d’Ordres, que nous nous adressons en toute humilité, comme chacun le sait bien, toute réflexion, comporte une grande part d’incertitudes qui conduit à un enchaînement fragile des maillons successifs du raisonnement.
Les grands axes de cette réflexion, visent surtout à tracer les jalons du développement de la sous-traitance, dans le temps et dans l’espace afin que les responsables ne puissent pas s’égarer vers des sentiers de l’aberration.
Les décideurs publics ont la possibilité de prendre les mesures qui s’imposent afin d’ériger le cadre, assainir l‘environnement des institutions et leur permettre de hisser leur niveau de performance.
Nous disposons d’une pyramide inversée des compétences. Plus on grimpe dans la hiérarchie, plus les exigences des postes de travail sont incompatibles avec leurs occupants.
«Les décideurs publics ont la possibilité de prendre les mesures qui s’imposent afin d’ériger le cadre, assainir l‘environnement des institutions et leur permettre de hisser leur niveau de performance.
Le redressement du secteur doit compter sur une organisation souple et des hommes dynamiques et capables, parce qu’il est très rare qu’on redresse une entreprise ou un secteur avec les hommes qui ont contribué à sa faillite, quelqu’un soient les raisons évoquées.
Nous pouvons dire en substance, que les réformes économiques qui doivent être engagées, prennent en priorité le secteur de l’industrie en général et la sous-traitance en particulier.
Notre recommandation majeure demeure, qu’un changement radical doit s’opérer dans ce secteur, en ayant en vue les normes internationales dans un plan de développement qui s’étalent sur une période de dix (10) ans.
Le rôle de l’Etat dans l’industrie est prépondérant
Les sous-traitants agréés par les producteurs doivent bénéficie, dans le cadre de leurs activités de production d’ensembles et de sous-ensembles destinés aux produits et équipements des industries mécaniques, électroniques et électriques des avantages d’exemption, pour une période de dix (10) ans, des droits de douane, de la taxe sur la valeur ajoutée et de l’IBS.
Le rôle de l’Etat dans l’industrie est prépondérant. Ce rôle trouve les fondements dans la promotion de la sous-traitance, dans son rôle d’organisation qui actionne à distance ses outils.
Afin d’optimiser les actions au profit de cette sous-traitance, les tâches de l’Etat devraient être cadrées dans une politique appropriée par l’incitation au développement et de la coopération de l’ensemble des intervenants.
Au plan des investissements, les difficultés de financements alliés aux contraintes d’accès au terrain, à leur jouissance et à toute propriété auxquelles sont confrontés les investisseurs, doivent trouver les solutions adéquates.
Nous disposons d’une pyramide inversée des compétences. Plus on grimpe dans la hiérarchie, plus les exigences des postes de travail sont incompatibles avec leurs occupants.»
Conformément à l’esprit et aux exigences que posent les systèmes socio-économiques, le développement de l’industrie doit être planifié dans son ensemble, à l’échelon du pays tout entier, dans une perspective à long terme.
Il est temps et opportun d’engager une profonde réflexion sur le devenir de la sous-traitance en Algérie : sa politique, sa stratégie, sa philosophie. Il y est va de sa survie et de son développement.
Merci au lecteur de me faire grâce des oublis et d’accepter ce que ma démarche comporte d’empirique, le but visé restant le pragmatisme.
«Le secret de tout art d’exprimer consiste à dire la même chose trois fois : on dit qu’on va la dire, on la dit, on dit qu’on la dite.», Jean Guitton.
B. A.
* Le titre et les intertitres sont de la rédaction