La propagation du coronavirus en Algérie a fait apparaître un nouveau marché : la production et la commercialisation des masques de protection et autres bavettes. Mais, quid de la viabilité, du respect des normes de confection et du réseau de distribution ?
Par N. Agguini
Si, au tout début de la crise sanitaire, la question se posait au sujet de la disponibilité des bavettes sur le marché national, et des prix – souvent excessifs – pratiqués, l’on se dirige présentement vers des questions encore plus lancinantes. En effet, et de l’avis tant des utilisateurs (consommateurs) que des professionnels de la santé ou des producteurs/distributeurs, l’équation devient encore plus compliquée à présent.
Si, maintenant, tous les professionnels de la santé, à leur tête le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, pensent que le port des bavettes est «primordial» pour éviter la contamination aérienne, il demeure que l’on se soucie désormais de la qualité de ces dernières. Pour Boulenouar Hadj Tahar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans (ANCA), le problème de disponibilité est réglé, avec notamment l’augmentation du nombre d’ateliers de confection au niveau national. Ce sont, selon lui, pas moins de 300 ateliers qui s’activent à fournir le marché local, en plus des autres fabriques industrielles. Les capacités nationales sont actuellement de l’ordre de 5 millions de masques par jour, note-t-il, ce qui est relativement important.
Des bavettes hors de prix…
Toutefois, il demeure que le prix des bavettes reste parfois hors de portée, du moins pour certains modèles. Les producteurs expliquent ce renchérissement par la hausse des prix des matières premières, qui a atteint, dans certains cas, plus de 150%. Se pose également la question de la qualité et/ou de la norme de fabrication. L’on se rappelle bien, au début de la pandémie, la pénurie de masques chirurgicaux et FFP2 a incité plusieurs entreprises (pas forcément spécialisées), artisans et même des particuliers à confectionner «en urgence» des masques de protection, à grands renforts de tutoriels et de «patrons» de couture. Mais, en l’absence d’une norme précise, la cupidité n’a pas tardé à prendre le dessus, pour que cela devienne un moyen pour gagner de l’argent, sans trop se soucier de la protection des usagers.
Pourtant, ailleurs, la norme existe ! Selon les spécialistes, «les masques barrières répondent à un niveau d’exigence moins ambitieux que les masques chirurgicaux et FFP2 qui doivent être en priorité utilisés par le personnel de santé et les populations exposées», mais cela n’exonère pas de l’exigence de la qualité, affirme-t-on.
Respect des normes…
Ceci dit, si l’anarchie s’est vite installée dans ce circuit, les pouvoirs publics ne comptent pas se laisser faire. Des sources proches du ministère du Commerce et des brigades de contrôle au niveau des DCP, affirment que des contrôles réguliers et des saisies sont déjà opérés. En effet, et pour veiller sur la qualité des produits fabriqués, le ministère de l’Industrie a décrété des obligations normatives pour encadrer la fabrication des masques de protection et ce, en imposant des caractéristiques techniques, conformément aux normes requises et appliquées par le Groupe public des textiles et des cuirs (Getex). Il a également renforcé le contrôle de la qualité des masques destinés au corps soignant pour lutter contre la commercialisation de masques contrefaits.
Enfin, il demeure important de noter que le marché des masques et bavettes reste porteur de gros bénéfices pour ceux qui s’y investissent, mais également porteur de risques pour les usagers. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que les pouvoirs publics ne comptent pas se laisser faire, en brandissant des sanctions exemplaires envers les contrevenants.
N. A.