La relance du secteur des mines s’impose. Le développement d’une industrie locale performante et compétitive passe inéluctablement par la réduction de l’importation de la matière première de l’étranger. Jusqu’à présent et en dépit des potentialités que recèle notre pays, beaucoup de matériaux miniers, pour ne pas dire tous, proviennent des marchés mondiaux.
Par Akrem R.
Une situation jugée «inacceptable» par les experts du domaine, et même par les autorités. C’est dans ce cadre qu’un workshop de deux jours (18 et 19 mars 2023) sous le thème : «Bilan, perspectives de développement et prospective d’exploration minière’’ a été organisé, hier à Alger, par l’Agence du Service Géologique de l’Algérie (ASGA). L’objectif de cet événement a pour but de connaitre le réel potentiel algérien, dira d’emblée, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Les travaux de recherches, déjà lancés, ont démontré la diversité et la richesse de notre pays en matière de gisement minier.
« Nous prônons la relance du secteur minier afin d’augmenter sa valeur ajoutée et mettre en évidence son rôle dans le développement de notre pays. D’ailleurs, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune accorde une grande importance à ce domaine en vue de la diversification de notre économie, tout en réduisant sa dépendance aux hydrocarbures», a souligné le ministre Arkab, lors de son allocution à l’ouverture des travaux de ce premier workshop consacré au potentiel minéral de notre pays.
Dans le plan d’action de l’Agence du service géologique de l’Algérie, l’Etat a consacré un budget important, estimé à 4,8 milliards de DA pour l’exercice 2021-2023, pour le développement de ce secteur. Ceci démontre l’intérêt qu’accorde l’Etat à ce domaine et qui n’a pas lésiné sur les moyens nécessaires pour le développer, visant l’élargissement de la cartographie minière, notamment pour les minerais ayant une forte valeur ajoutée, dira Mohamed Arkab.
Forte explosion sur certains minéraux d’ici 2050
Donc, la stratégie du gouvernement est claire : limiter le recours à l’importation, l’investissement local et tenter, par la suite, de placer des produits sur les marchés internationaux.
En effet, l’Algérie est appelée à se préparer, dès maintenant, pour se positionner sur le marché des mines. La tendance de l’économie mondiale vers les énergies vertes engendrera une forte demande sur les minerais (intrants essentiels dans le développement de ces industries) et assurément, une flambée des prix de ces matériaux.
En se basant sur les prévisions de la Banque mondiale, le ministre a fait savoir que d’ici 2050, il y aura une augmentation de la demande de 498 % sur le lithium, 494 % du graphite, 460 % du cobalt, 189 % de l’indium, 99 % du nickel, 56 % de l’argent, 37 % du néodyme, et 18% en plomb, etc. « Nous devons, dès maintenant, nous préparer en trouvant des alternatives pour faire face à ces manquements de l’offre sur le marché mondial. En effet, le développement et l’exploration de nos gisements en local devient plus qu’impératif», indique-t-il.
Dans ce cadre, le ministre a rappelé que des réformes ont été engagées par son département, renforçant, d’abord, la recherche scientifique pour l’élaboration d’une cartographie minière. « Nous ne pouvons pas développer ce secteur sans la contribution de tous les cadres et compétences nationales. La recherche et le développements sont la pierre angulaire de notre stratégie», souligne-t-il, en assurant que pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire d’utiliser de nouvelles techniques d’explorations et de privilégier les méthodes scientifiques.
Une révision des données s’impose
Les travaux d’inventaire minéral et de synthèse des données réalisés par l’Agence du Service Géologique de l’Algérie ont montré que les probabilités de découverte de nouvelles cibles prometteuses reste importantes au vu des contextes géologiques et métallogéniques des domaines structuraux du pays, des techniques modernes d’exploration (traitement géologique, géochimie, géophysique, de la métallogénie, etc,.) et des moyens analytiques plus performants aujourd’hui.
Une ‘’revisitation’’ des données d’hier avec des techniques actuelles s’impose, indiquent les organisateurs de l’événement.
Aujourd’hui, le moment est venu de faire le bilan des travaux réalisés pour chaque substance minérale, d’examiner les résultats obtenus, de développer un programme de prospection et d’exploration et d’offrir à la communauté le premier manuel de métallogénie de l’Algérie indispensable à chaque chercheur, étudiant ou explorateur.
Sur un autre registre, le ministre a rappelé que la nouvelle feuille de route tracée pour le développement de ce secteur (les mines) a permis de réduire la facture d’importation, en économisant des centaines de millions de dollars. Ainsi, il contribuera au développement d’une industrie de transformation locale, notamment pour le marbre, l’or, les pierres de décoration, etc,. tout en apportant une valeur ajoutée à notre économie.
Il est à noter que des projets de grande envergure sont en cours de concrétisation, à l’instar de celui de Ghar Djebilat (Tindouf) pour l’exploitation du phosphate, le projet intégré pour l’exploitation du phosphate à l’Est du pays et le projet du zinc de Oued Amizour (Bejaïa).
A. R.