L’industrie de l’automobile en Algérie continue de provoquer des remous au sein du gouvernement. Alors que Ferhat Ait Ali a réitéré la position de son département de ne pas divulguer les noms des quatre concessionnaires retenus par la commission en charge de l’étude des candidatures, le Premier ministre quant à lui, a recadré son ministre, lui enjoignant d’activer la procédure de sélection des concessionnaire, et par là même, l’importation des véhicules.
Par Réda Hadi
Le lobby des importateurs est-il aussi puissant, pour faire paraitre au grand jour, les tenions au sein du gouvernement, concernant cette question des importations ?
Autant Djerad semble pressé de régler définitivement cette question et de dévoiler les noms des concessionnaires retenus, autant le ministre freine, un tant soi peu cette procédure, puisque celui- ci n’a pas hésité à qualifier à l’adresse de confrères l’importation, comme une vision égoïste de l’avenir de l’Algérie.
Un dossier, deux visions
Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a demandé, au ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, d’accélérer le traitement des dossiers introduits par les opérateurs au niveau du Comité technique et relatifs à l’importation et la construction de véhicules et de motocycles.
Djerad a donc recadré son ministre et lui a enjoint de tout accélérer et de divulguer au nom de la transparence, le nom des concessionnaires retenus.
Pour réponse, Ferhat Ait Ali, lors d’une émission à la télévision publique nationale, a fait comprendre qu’il comptait camper sur ses positions en ce qui concerne la question de la «transparence», bien que celle ci, eut fait l’objet d’une « injonction » franche et directe de la part du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, dans le cadre d’une réunion du gouvernement.
Pour cela, le ministre de l’Industrie invoque une nouvelle fois, des dispositions légales ne permettant pas à son département de révéler l’identité des potentiels futurs concessionnaires. «Le ministère n’a pas vocation à rendre publics les noms des candidats ayant obtenu les récépissés pour exercer l’activité d’importation de véhicules. Cette tâche incombe à eux seuls. Nous ne sommes pas là pour satisfaire la curiosité des uns et des autres », a-t-il estimé.
Par ailleurs, le ministre a annoncé que la commission se réunira encore, pour un deuxième round d’examens des dossiers de candidatures qui lui ont été soumises. Il a également expliqué que certains opérateurs étrangers avaient refusé le critère du partenaire local obligatoire.
Poursuivant sur sa lancée, Ait Ali a déclaré que les critères et conditions d’exercice de l’activité en question sont drastiques et obéissent à un seul impératif : la préservation de l’économie nationale, de même que la protection du consommateur algérien.
A ce titre, le ministre a indiqué que les futurs véhicules, dont le montant aura été réglé intégralement par les clients, devront leur être remis dans un délai n’excédant pas les 7 jours, tel que dispose le nouveau décret régissant l’activité des concessionnaires.
D’autre part, Ait Ali a insisté sur le caractère indépendant du comité technique, en précisant que celui-ci n’est soumis à aucun impératif de temps dans l’étude des dossiers qui remplissent les conditions requises.
Le ministre s’est étonné, par ailleurs, qu’on fasse une fixation sur l’importation des véhicules, alors «qu’on fait face à une situation économique difficile, qui nous impose de réduire nos importations».
Le ministre a annoncé que les importations des véhicules touristiques ou utilitaires, camions y compris, seront plafonnées à 2 milliards de dollars au grand maximum.
Campagne tendancieuse
Précisant sa pensée, il a réaffirmé que les notifications de décisions sont destinées uniquement aux intéressés et ne sont pas portées à la connaissance du Public, la loi prohibant la publication d’informations d‘ordre professionnel privé à toute autre partie que celles intéressée par la procédure.
A travers un communiqué, le ministère de l’Industrie a dénoncé certaines parties, tant internes qu’externes contraires aux intérêts contraires à ceux de l’économie nationale, et, qui, contrariées dans leurs démarches passées et projections futures, alimentent une campagne tendancieuse à travers certains médias dans le but vain d’influer sur la démarche du ministère de l’Industrie dans le sens d’une démarche non conforme à la réglementation édictée par les pouvoirs publics, à cet effet.
Sans citer de noms précisément, le communiqué du ministère de l’Industrie avoue implicitement que des pressions sont exercées.
Les parties n’ayant pas déposé de dossier sur le portail prévu à cet effet, et qui néanmoins, s’acharnent par l’invective et la désinformation à semer le doute sur la démarche des pouvoirs publics, et sur les textes régissant cette activité, en vue de les rendre plus conformes à leurs visées, doivent savoir qu’à l’avenir toute fausse information, distillée sciemment, fera l’objet des procédures prévues par la loi à cet effet », a conclu le communiqué. L’avertissement est clair.
Mais qu’en est-il vraiment ?
Le ministère de l’Industrie a annoncé dans un communiqué que le ministre Ferhat Ait Ali a signé des autorisations provisoires pour quatre (4) concessionnaires automobiles pour l’importation des véhicules neufs en Algérie.
«Sur avis du comité technique chargé de l’examen et du suivi des dossiers relatifs à l’exercice de l’activité de concessionnaires de véhicules neufs, le Ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali Braham, a procédé à la signature d’autorisations provisoires pour quatre concessionnaires», a précisé le communiqué, en ajoutant que le comité a notifié des levées de réserves pour quatre autres concessionnaires.
Selon la même source, il a également notifié un avis défavorable à deux concessionnaires ayant la possibilité de présenter un recours à la commission de recours dans les délais réglementaires, selon la même source.
Le département d’Ait Ali Braham a souligné que cette première partie des dossiers déposés à ce jour, sera suivie d’autres présentés au Comité, par Ordre d’arrivée et selon la catégorie de véhicules au titre desquels la demande est formulée.
Le même communiqué a ajouté que tout comme seront traités tous les dossiers arrivés au ministère de l’Industrie, dans les mêmes règles et délais, au fur et à mesure de leur présentation sans autre restriction que la conformité aux lois et règlements.
Les exigences de Djerad
Au niveau du premier ministère les choses doivent être claires et au nom de la transparence, ne rien cacher.
«Pour ce qui est du traitement des dossiers de concessionnaires et de constructeurs de véhicules et de motocycles, le Premier Ministre, M. Abdelaziz Djerad a chargé le Ministre de l’Industrie d’accélérer le rythme de traitement des dossiers introduits au niveau du Comité technique placé auprès de son secteur et de veiller à l’exigence de transparence dans ce domaine», lit-on dans le communiqué des services du Premier ministre ayant sanctionné la réunion du Gouvernement présidée par le chef de l’exécutif.
En effet, recadrant son ministre Ait Ali Braham, le chef du gouvernement a «exigé l’accélération du rythme de traitement des dossiers de concessionnaires et de constructeurs de véhicules et de motocycles introduits au niveau du Comité technique placé auprès du ministère de l’Industrie et de veiller à l’exigence de transparence dans ce domaine».
R. H.