Le Fonds de soutien aux start-up, s’il constitue une étape dans le soutien aux porteurs de projets innovants, peut se révéler insuffisant, compte tenu du nombre éventuel de demandes, et les lenteurs bureaucratiques qui caractérisent notre vie économique. Certes, comme l’affirment certains experts, cela peut être une rampe de lancement pour concrétiser un projet, mais au vu des sommes continues à investir, cela peut se révéler insuffisant.
Par Réda Hadi
Le Fonds de soutien aux start-up, qui sera mis en place par les pouvoirs publics, peut s’avérer, donc, une aide nécessaire mais peut être aussi un handicap, et ce, d’autant plus qu’aucune précision sur les modalités et encore moins l’importance du fonds alloué, n’ont été données.
La création de start-up demande un fort investissement. L’Etat, dans ce cas-là, peut-il en prendre seul, la charge ?
«Assurément non !», nous dit M. Amar Hadef, expert en économie. La création d’une start-up demande une levée de fonds conséquente et immédiate. Dans ce genre d’investissement, la réactivité est importante.
De plus, M. Hadef souligne que ce fonds est une première mondiale : «Nous avons créé quelque chose d’inédit, à nous de créer l’environnement qui va avec et le traduire par des faits et vite», préconise l’expert, ajoutant qu’«il faut très vite rénover notre système bancaire et financier et, surtout, mettre en place un cadre législatif, et un nouveau code de commerce. Nous sommes en train de tout apprendre sur l’économie de la connaissance, son organisation, son mode de fonctionnement», a-t-il affirmé.
Par ailleurs, ce mode de financement, s’il ne reste que public, peut amener à des lourdeurs bureaucratiques qui déjà freinent notre économie.
Une situation qui inquiète M. Hadef. «On a nommé à la tête de ce fonds un banquier. N’aurait il pas mieux fallu désigner une personne plus habituée à gérer ce genre d’investissement, et qui ne soit pas déjà empreint des caractéristiques de la bureaucratie ? L’investissement d’une start-up demande une réponse immédiate. A mon sens, seul un PPP (partenariat public-privé) peut répondre à ce besoin. Il y a beaucoup de ‘’Joint capital’‘ qui ne demandent qu’à investir chez nous, pour peu que l’environnement législatif soit adéquat», assure M. Hadef.
Précisant sa pensée, M. Hadef souligne aussi le caractère nouveau du financement. «Nous avons innové en la matière et nous devons assumer. Certes, l’Etat avance à tâtons (ce qui est normal, vu la nouveauté) mais cela ne doit pas nous empêcher d’aller vite, sans précipitation, pour ne pas briser le rêve des porteurs de projets. On n’est pas obligés de prendre modèle sur l’étranger mais plutôt penser et affiner notre propre système.
Je tiens à préciser aussi, que la fonction même de la start-up, son essence est vouée à l’international qui est sa seule survie. Il faut sortir du carcan du marché local», préconise, en fin, Abderrahmane Hadef.
En somme, les réserves de M. Hadef recoupent largement celles de ses pairs, pour qui l’environnement économique immédiat des start-up doit en premier être pris en charge, avant toute mise en place de structures «techniques» de promotion de ce secteur. Débureaucratiser l’administration, rassurer quant au climat des affaires, en général, remédier aux contre-performances des TIC, réhabiliter la culture d’entreprise et dépénaliser dans les faits l’acte de gestion, sont entre autres des préalables, et non des moindres, pour espérer l’émergence réelle d’une économie du savoir en Algérie.
R. H.