L’économie nationale a décidément réalisé plus de performances que prévu durant l’année en cours, avec des indicateurs de croissance plus importants d’ici la fin décembre prochain. Néanmoins, évoluant dans un contexte aggravant d’une façon exceptionnelle les contractions de l’économie mondiale, la croissance du PIB algérien marquera le pas durant l’année prochaine. Telles sont les conclusions qui ressortent en substance du dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) pour le mois d’octobre.
Par Mohamed Naïli
En termes d’indicateurs, l’institution de Breton Woods revoit considérablement à la hausse les prévisions de croissance de l’économie nationale durant l’année 2022. Si, en effet, le FMI prévoyait en avril dernier pour l’Algérie un taux de croissance du PIB à 2,4% seulement pour l’année en cours, il vient de réajuster ses prévisions en tablant sur 4,7% de taux de croissance dans son récent rapport.
A ce niveau et à la faveur du redressement progressif des cours du pétrole sur le marché mondial depuis le début de l’année en cours, l’économie algérienne renoue avec la croissance et s’inscrit dans une trajectoire plus dynamique pour la première fois depuis l’effondrement brutal du prix du baril en 2014, la seule année durant laquelle le taux de croissance a atteint le niveau de 3,8%, avant de fléchir et rester sous cette barre durant toutes les années qui ont suivi (de 2015 à 2021).
Pis encore, durant les deux années de la pandémie de Covid-19, en 2020 et 2021, le taux de croissance a nettement reculé pour atteindre un niveau négatif de -5,1% en 2020, avant de se redresser à 3,5% l’année d’après.
En plus de la reprise des cours du pétrole sur le marché international cette année, évoluant actuellement à des niveaux approchant les 100 dollars le baril, qui tire essentiellement le taux de croissance de l’économie nationale vers le haut, il y a aussi d’autres performances enregistrées ces derniers mois dans des branches d’activité en dehors du secteur pétrolier. C’est le cas, entre autres, du niveau inédit des exportations hors hydrocarbures de 7 milliards de dollars attendus d’ici la fin de l’année en cours. Des secteurs comme celui de l’agriculture, l’agro-industrie ou les industries manufacturières continuent également d’enregistrer des niveaux de performance qui favorisent l’amélioration des indicateurs de l’économie nationale.
Au-delà de l’année en cours, la prétendue reprise de l’économie mondiale qui ne sera finalement pas au rendez-vous l’année prochaine, si les indicateurs actuels perdurent, l’économie nationale enregistrera en revanche un ralentissement relatif, à l’instar de nombreuses économies dans le monde, selon les prévisions que souligne le FMI pour l’année 2023 dans son rapport de ce mois d’octobre. Ainsi, le Fonds prévoit pour l’Algérie un taux de croissance à seulement 2,6% durant l’année prochaine.
Déficit budgétaire
En cause de ces contractions pour l’année 2023, le FMI cite en premier lieu l’inflation qui n’épargne aucune région du monde, avec des hausses de prix inédites, empêchant la reprise de la croissance économique. Cependant, l’évolution de la crise découlant de la guerre en Ukraine demeurera un déterminant clé pour les perspectives de l’économie mondiale durant l’année prochaine.
« L’activité économique mondiale subit un ralentissement généralisé et plus marqué qu’attendu, avec une inflation qui atteint des niveaux jamais vus depuis plusieurs décennies. La crise du coût de la vie, le durcissement des conditions financières dans la plupart des régions, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les effets persistants de la pandémie de Covid-19 sont autant de facteurs qui pèsent lourdement sur les perspectives », est-il souligné dans ce dernier rapport du FMI.
Pour ce qui est de l’Algérie, il est utile de relever que le taux de croissance de 2,6% que prévoit le FMI pour l’année prochaine tranche avec le taux prévu dans le projet de loi de Finances pour 2023 qui, lui, est de 4,1%.
Outre les perspectives de croissance, l’institution de Breton Woods s’est également penchée dans son dernier rapport sur la situation des pays pétroliers, notamment en ce qui concerne l’équilibre budgétaires de leurs économies respectives.
Passant à la loupe les recettes et les dépenses de chaque pays, les experts du FMI se sont ainsi attelés à définir un seuil du prix de baril à partir duquel chacun de ces pays sera en mesure d’atteindre son équilibre budgétaire. Pour l’Algérie, le rapport estime que l’équilibre budgétaire sera en mesure d’être atteint à partir d’un prix moyen à près de 150 dollars le baril durant l’année 2023.
« L’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole à 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget qui culminera à plus de 13 700 milliards de dinars (97 milliards de dollars sur la base d’un dollar à 140 dinars) », est-il souligné dans le rapport en question.
Outre les prévisions du FMI, le gouvernement, à travers le projet de loi de Finances pour 2023, prévoit un déficit budgétaire de 5 700 milliards de dinars, soit près de 40 milliards de dollars. Toutefois, si le PLF en question prévoit des recettes pétrolières atteignant les 57 milliards de dollars avec un prix référentiel de baril à 60 dollars, les cours du pétrole évoluent actuellement au dessus de la barre des 90 dollars.
M. N.