L’année 2023 sera celle de la croissance. Tous les indicateurs économiques sont au vert. D’ailleurs, selon les estimations de la Banque Mondiale (BM), la reprise économique devrait se poursuivre au courant de cette année. Elle (la reprise) sera soutenue, notamment, par le secteur hors-hydrocarbures et par la croissance des dépenses publiques.
Par Akrem R.
«Dans le scénario de base, le secteur public et le secteur de l’énergie devraient tirer la croissance des investissements, tandis que la croissance de la consommation devrait être plus modeste, dans un contexte de reprise progressive du marché du travail et d’effet de l’inflation élevée sur le revenu réel des consommateurs, en partie compensée par les mesures de soutien au pouvoir d’achat», indique la BM dans son rapport intitulé : « Maintenir le cap de la transition ».
Sous l’angle sectoriel, détaille la même source, « la production pétrolière devrait se stabiliser à son niveau pré-pandémie, atteint à l’été 2022 » et « la production gazière demeurerait stable, prolongeant sa bonne performance de 2022».
Selon les prévisions de la BM, la production algérienne de pétrole s’établira à 1,031 million de barils/jour en 2023 et 1,022 million de barils/jour en 2024. Celle du gaz atteindra 102,8 milliards m3 en 2023 et 103 milliards m3 en 2024. En hausse par rapport à l’année 2022 où elle était de 1,016 million de barils/jour pour le pétrole et 102,7 milliards m3 pour le gaz.
Dans le segment hors-hydrocarbures de l’économie, selon la Banque Mondiale, « la croissance serait soutenue par la reprise complète du secteur des services et le rebond de l’activité agricole » et « les secteurs industriels et de la construction bénéficieraient néanmoins de la hausse de l’investissement public».
En effet, la croissance du PIB du secteur des hydrocarbures (+0,5%), de même que l’effet de la reprise graduelle continue dans le secteur des services et de l’agriculture sur la croissance du PIB hors-hydrocarbures (+3,1%), devraient soutenir la croissance (+2,3%), détaille la BM dans son dernier rapport sur le suivi de la situation économique de l’Algérie « Automne 2022». En outre, la croissance du PIB se modérerait à 1,8% en 2024, induque la même source. En somme, le PIB devrait s’établir à 197,9 milliards de dollars en 2023 et 193,2 milliards de dollars en 2024.
Quant au PIB par habitant, il devrait baisser en 2023 et 2024, en passant à 0,5% contre 1,8% en 2022. En valeur, selon les projections de la BM, le PIB par habitant devrait s’établir à 4.270 dollars en 2023 et 4.094 dollars en 2024, contre 4.427 dollars en 2022.
Reprise de l’investissement
Sur un autre registre, la BM s’attend à une reprise de l’investissement, tirée par le secteur public et par celui des hydrocarbures. Sur ce point, l’institution financière mondiale a rappelé les efforts supplémentaires pour soutenir l’investissement. A ce propos, elle a cité la promulgation en 2022 de la nouvelle loi sur l’investissement et la publication de ses textes d’application; la suppression en 2020 de la règle 51/49 pour les secteurs non-stratégiques et la publication de la nouvelle loi sur les hydrocarbures en 2019.
La BM a également cité la nomination en février 2022 d’un Médiateur de la République afin de débloquer les projets d’investissement en souffrance, et améliorer les rapports entre le citoyen et l’administration.
En 2023, selon les prévisions de la Banque Mondiale, « la balance des comptes courants demeurerait excédentaire (+1,2% du PIB), grâce au maintien du prix des hydrocarbures à un niveau élevé. »
«Les exportations d’hydrocarbures diminueraient pour atteindre 22,5% du PIB sous l’effet de la baisse modérée des prix et de celle des volumes exportés, dans un contexte de reprise de la consommation intérieure », prévoit encore la BM.
« Les exportations hors-hydrocarbures continueraient leur bonne performance, tandis que les importations reprendraient une tendance haussière, atteignant 24,5% du PIB, emmenées par la croissance de l’investissement, notamment celle de l’investissement public » et que « ces tendances se prolongeraient en 2024, ramenant la balance du compte courant sous l’équilibre », estime la même source.
La croissance des réserves de change se poursuivrait en 2023
Les recettes d’exportation devraient se maintenir à un niveau élevé, générant un surplus du compte courant malgré une reprise modérée des importations. Les recettes élevées des hydrocarbures seraient cependant surcompensées dans le budget par la hausse des dépenses publiques.
Le rapport de la BM prévoit que « la croissance des réserves de change se poursuivrait en 2023 pour culminer à 13,5 mois d’importations de biens et services à la fin-2023, avant de s’infléchir en 2024 » et que « le déficit budgétaire global devrait quant à lui s’améliorer en 2022 puis se creuser à moyen terme, dans un contexte de baisse des recettes d’hydrocarbures et de rigidité des nouvelles dépenses».
« Malgré une forte croissance des dépenses courantes telle que présentée par la LFC2022, et une reprise marquée de l’investissement public, la forte dynamique des recettes issues des exportations d’hydrocarbures génère une forte hausse des recettes en 2022, qui excèderait celle des dépenses, et le déficit budgétaire global se résorberait modérément (5,7% du PIB) », explique la Banque Mondiale.
À moyen terme, une baisse des prix et des volumes d’exportation des hydrocarbures entraînerait une détérioration graduelle des équilibres budgétaires et extérieurs, prévient la même source. Il est à noter que les autorités ont pris une série de mesures afin de faire face à l’inflation ayant atteint un niveau élevé 9,4 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2022, en intensifiant les mesures de protection du pouvoir d’achat, principalement en augmentant les salaires de la fonction publique, en introduisant des allocations de chômage pour les jeunes primo-demandeurs d’emploi et en renforçant les subventions aux produits alimentaires de base.
Nécessité de soutenir le secteur privé
«Si l’amélioration durable des équilibres extérieurs contribue à la résilience de l’économie, un redressement limité des équilibres budgétaires renforcerait leur sensibilité aux prix des hydrocarbures, dans un contexte d’incertitude autour de la dynamique de l’économie mondiale. L’inflation élevée demeure également un sujet de préoccupation malgré la modération des prix à l’importation, renforçant la nécessité d’une politique de dépense publique et de financement du déficit prudente», ajoute le rapport.
En outre, la poursuite de la mise en œuvre de réformes devant permettre au secteur privé de devenir le moteur d’une croissance soutenable et d’améliorer durablement le cadre macroéconomique demeure essentielle à l’essor et à la stabilité de l’économie algérienne.
«Il est essentiel de garder le cap», a déclaré Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie. «La mise en œuvre des mesures du Plan d’action du gouvernement pour accroître la mobilisation des recettes fiscales, utiliser plus efficacement les ressources publiques et promouvoir les investissements du secteur privé est essentielle pour relever les défis mondiaux en toute sécurité et mettre l’Algérie sur la voie d’une croissance durable et inclusive».
A. R.