Par Saïd Si Amara
Economiste-banquier
Malgré la publication de la loi n° 07-01 des27/02/2007, relative aux coopératives d’épargne et de crédit et qui date de plus de 13 ans, leur création en Algérie ne semble pas intéresser grand-monde, que ce soit le grand public, les investisseurs ou les spécialistes, les experts et les managers du domaine économique en général.
À ma connaissance aucune demande de constitution d’une coopérative d’épargne et de crédit, n’a fait l’objet de dépôt au niveau des services de la Banque d’Algérie, qui les a, pourtant, réglementées, juste après, par des textes d’application y afférents. Au jour d’aujourd’hui, aucun débat ni séminaire n’a été organisé pour vulgariser et faire connaître au grand public la possibilité d’investir dans cette nouvelle forme d’institutions financières, à même de renforcer le paysage économique de notre pays.
Ces coopératives d’épargne, etcomme je l’ai signalé, sont régiespar les dispositions de la loi 07-01 du 27/02/2007, et le règlementde la Banque d’Algérie n° 08-02du 21/07/2008, relatif au capitalminimum des coopérativesd’épargne et de crédit, ainsi quecelui, fixant leurs conditions d’autorisationet d’agrément portantle n° 08-03, qui les définit commeétant des institutions financièresà but non lucratif, et qui appartiennentà ses membres, à savoirdes groupements de salariés issusd’une même entité juridique, d’unmême groupe, d’une même institution,ou toute collectivité dontles membres ont le même intérêt,ce qui veut dire, qu’elles soientgérées selon les principes mutualistes.
Rôle et fonction
La spécificité de ces coopérativesest que ses membres vontmettre leurs avoirs, et particulièrementceux en numéraires, d’unemanière graduelle et régulièreen premier lieu, et les utiliser, encommun, pour accorder des prêtset fournir des services financiersen second lieu. A mentionner,également, l’esprit solidaire etmutuel entre membres, en sus dela nature et du caractère distinctifdes différents organes, à savoir,l’assemblée générale et le conseild’administration. Pour plus declarté du sujet, je relaterai lesprincipaux axes qui les spécifient :
• Le capital libéré en totalité eten numéraire, au moins égal àcinq-cents millions de dinars algériens (500.000.000 DA),répartis en parts sociales nominativeset non transférables.
On comprend que la réglementationen question oblige lesdétenteurs des parts sociales,désignés nominativement pourgérer de près les fonds de lacoopérative, mais qui ne représentent,réellement, que leurscapitaux versés préalablementpour la constitution de cetteinstitution financière.
• Une tendance croissantedu capital de la coopératived’épargne et de crédit dans lamesure où les parts socialesne sont absolument pas transférables,sauf en cas de forcemajeure (décès d’un membre,à titre d’exemple). Une mesurequi contribue à assurer la stabilitédu capital. Les membresde la coopérative en cas d’unestagnation constatée de l’activitédans le cas contraire, lecapital pourrait, cependant,connaître une augmentationgrâce à l’achat des parts socialespar de nouveaux membres dansle cas d’augmentation du capitalet suite à l’initiation de nouvellesparts, ou l’introductionsupplémentaire de fonds parles membres initiaux lors de laréévaluation à la hausse de lavaleur des parts en question.
• La création de la coopératived’épargne et de crédits, qui estsubordonnée préalablement àl’obtention d’une autorisationdélivrée par la Banque d’Algérie,se concrétise par un acteauthentique dressé par un notaire.Ce dernier n’est pas soumisà inscription au registre decommerce, du fait que son butest non lucratif, donc, la coopératived’épargne et de crédit,au sens de la réglementation enquestion, est considérée commeétant un établissement financierà caractère civil, contrairementaux banques.
«A notre sens, des compagnes desensibilisation et de vulgarisationdevront être lancées par leministère des Finances et laBanque d’Algérie, comme première étape,pour faire connaître et faire comprendreauprès du grand public, le rôle importantque joueraient ces institutions en matièred’épargne nationale, et le mécanismesimplifié de leur fonctionnement, enimpliquant parallèlement, les autresdépartements ministériels (l’Agriculture,la Pêche, le Commerce, le Tourisme, leTransport, etc.), et ce, pour une meilleurequantification des besoins qui devrontêtre en adéquation avec les zones etrégions à promouvoir, afin d’avoir desdonnées minutieusement ciblées, fiableset exhaustives, ainsi qu’une meilleureorientation à l’endroit des fondateursdésirant la création de coopérativesd’épargne et de crédit spécialisées.»
De tout ce qui a été précédemment relaté, ces coopérativespeuvent jouer un rôle très importantpour propulser le niveaufaible de l’épargne nationale enregistréces dernières années, carce n’est qu’un regroupement depersonnes physiques ou moralesà intérêts communs, qui permettraitla concentration mutuelle etsolidaire de la masse monétaireentre ses membres, qui assureraientleur engagement objectifet personnel… Tout simplement,autrement dit, c’est leur propreargent qui est en jeu, ce qui impliquenaturellement une gestioncollégiale très prudente.
Personnellement, j’invite tousles acteurs à intérêts communsqui s’intéressent au monde de lafinance, à investir pour la créationde coopératives d’épargneet de crédit bien adaptés, selonle besoin et la spécificité dechaque région ou zone, en tantque moyen le plus attractif del’épargne et dont l’accessibilité aucapital est simple par rapport auxétablissements bancaires et pouvantmême être orientées selonles besoins locaux ou régionaux,par exemple la création d’unecoopérative d’épargne et de créditentre agriculteurs pour faire faceà leurs besoins quotidiens dansleur domaine, en complément desprestations qui sont déjà assuréespar d’autres organismes, ou biencelles qui viseraient le développementde l’activité traditionnelle etartisanale, etc.
Un instrumentéconomique àgrand potentiel
A notre sens, des compagnes desensibilisation et de vulgarisationdevront être lancées par le ministèredes Finances et la Banqued’Algérie, comme première étapepour faire connaître et faire comprendreauprès du grand public, lerôle important que joueraient cesinstitutions en matière d’épargnenationale, et le mécanisme simplifiéde leur fonctionnement,en impliquant parallèlement, lesautres départements ministériels(l’Agriculture, la Pêche, le Commerce,le Tourisme, le Transport,etc.), et ce, pour une meilleurequantification des besoins quidevront être en adéquation avecles zones et régions à promouvoir,afin d’avoir des donnéesminutieusement ciblées, fiableset exhaustives ainsi qu’une meilleureorientation à l’endroit desfondateurs désirant la création decoopératives d’épargne et de créditspécialisées.
Il est nécessairede souligner que celles-ci se distinguentpar leur capacité attractived’épargne, par rapport à celledes établissements bancaires. Car,qui dit coopérative dit épargne, etqui dit banque dit crédit. D’aprèsma lecture et mon analyse autourde cette catégorie d’établissements,celle-ci dirigerait et orienteraitefficacement, à court terme,l’épargne individuelle et collectivequi permettrait, à son tour, unerelance locale et régionale selonles objectifs et les besoins précédemmentcités, d’où l’impact quideviendrait national et général
S. S. A.