A tort ou à raison, les campagnes de vaccinations actuellement en cours, suscitent des espoirs quant à ce qui en résulterait à court terme, comme reprise de l’économie mondiale en général et des cours du brut, en particulier. Et ce, à l’instar de notre ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, qui table sur une remontée substantielle du prix du baril aux alentours du second semestre de l’année en cours, pariant principalement sur l’effet de la campagne mondiale de vaccination anti-Covid 19.
Par Hakim O.
M. Attar, en effet, a estimé le mercredi dernier, qu’ «actuellement le marché pétrolier est stable, et je pense que le prix du baril va rester autour de 55 dollars, et peut monter à 60 dollars au cours du deuxième semestre, si on réussit à contrôler la pandémie par la vaccination».
Un optimisme du ministre algérien de l’Energie, recoupant par ailleurs celui de nombre d’observateurs et de spécialistes de la scène énergétique mondiale qui, en plus du paramètre sanitaire, prennent en compte d’autres facteurs potentiellement positifs quant à une éventuelle remontée des cours du pétrole.
Le vaccin et… l’Opep
Ainsi, en est-il, de l’avis entre autres, d’Abdelmadjid Attar, de la démarche consensuelle et disciplinée de l’Opep+ en faveur d’une réduction substantielle de la production pétrolière du « cartel » depuis quelques années.
«Le marché pétrolier est stable, parce qu’il y a eu un effort extraordinaire de l’OPEP+, durant l’année 2020, pour maintenir le niveau de production et afin de réduire les stocks dans le monde», a en effet expliqué M. Attar à la même occasion. Concrètement, à ce sujet précis, le « geste » de l’Arabie saoudite, premier producteur mondial de pétrole, est évoqué par tout un chacun, à savoir, sa décision de baisser sa production d’un million de barils/jour et dont l’effet sur la remontée des prix du brut a été incontestable.
Autre paramètre et non des moindres, militant en faveur d’une reprise des cours et partant, de l’économie mondiale, l’évolution politique que connait la première puissance mondiale, les Etats-Unis, en l’occurrence, avec l’élection du démocrate, Joe Biden et son entrée en fonction officielle, depuis le 20 janvier dernier.
Là, aussi, le premier responsable du département de l’Energie y voit un potentiel impact positif sur l’évolution à court terme du marché pétrolier. « L’entrée en fonction du Président américain, Joe Biden, associée à d’autres facteurs, permettront au baril de se maintenir entre 55 et 60 dollars, avait indiqué, récemment, Abdelmadjid Attar dans un entretien accordé à l’agence de presse russe Sputnik. L’espoir du ministre et d’autres responsables et acteurs politico-économiques, par rapport à cette nouvelle donne sur l’échiquier politique international, est que l’avènement d’un démocrate au pouvoir aux USA, puisse désamorcer les mines posées par l’Administration Trump sur la scène géopolitique mondiale, notamment, concernant les dossiers du nucléaire iranien et celui du Venezuela.
Bémols
Cependant, outre le scepticisme des uns et des autres quant à un substantiel changement de cap stratégique de l’Administration US vis-à-vis de dossiers internationaux, imputés excessivement au seul Donald Trump au lieu de l’establishment américain, un certain nombre de facteurs contrariants sont relevés. Des facteurs, qui seraient à même de dicter davantage de prudence dans l’énoncé de prévisions par trop optimistes. Ainsi, pas loin de mercredi dernier, les analystes affichaient leurs réserves quant à ce sujet, constatant que les prix du pétrole évoluaient très modestement « en dépit d’un plongeon inattendu des réserves commerciales de brut aux Etats-Unis, le marché restant préoccupé par le niveau de la demande mondiale en or noir ».
Ainsi, selon un rapport hebdomadaire de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) diffusé mercredi dernier, les stocks commerciaux de brut aux États-Unis ont dégonflé de 9,9 millions de barils (MB) la semaine close le 22 janvier, tombant à leur plus bas niveau depuis mars dernier.
L’un des éléments négatifs auquel vient se greffer la donne d’un second confinement pour cause de pandémie mondiale d’autant plus inquiétant qu’il est fortement question d’un troisième dans certains pays d’Europe, notamment, mais aussi en Chine, du fait entre autres, de la survenance du variant du Covid-19.
C’est ce à quoi fait référence, le spécialiste des marchés mondiaux des métaux précieux, des métaux de base, de l’énergie et des capitaux, ainsi que des économies nord-américaines et mondiales, Bart Melek de TD Securities qui constate que « les données économiques continuent de montrer l’impact négatif de la seconde vague de contaminations au coronavirus et les campagnes de vaccination dans le monde laissent encore à désirer, cela conduit de nombreux observateurs, y compris TD Securities, à abaisser leurs prévisions de demande pour 2021 », analyse l’expert.
Enfin, s’agissant de l’Opep, les mêmes experts et analystes avertissent quant à un éventuel retour au « chacun pour soi » des membres de l’Organisation qui pourraient, ainsi, faire preuve de moins de discipline avec la remontée des prix, alors que jusque-là ils s’astreignent à des quotas de production depuis plusieurs mois pour juguler la baisse des cours.
H. O.