Le système énergétique de l’Algérie a atteint ses limites. La mise en place d’un nouveau modèle de la consommation s’impose. Sans cela, notre pays risque de devenir un importateur en matière de gaz et de pétrole.
Par Akrem R
La compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, fait, en effet, face à une pression terrible à cet égard. Elle est appelée à répondre à la forte demande locale et maintenir son niveau des exportations. C’est un véritable challenge et défi pour la compagnie nationale, a souligné, hier mardi, l’expert en question énergétique, Mourad Preure.
Ce dernier, qui s’exprimait sur les ondes de la radio nationale « Chaîne III», a tiré la sonnette d’alarme sur la surexploitation des gisements gaziers de Hassi Messaoud et Hassi R’mel et également sur la hausse vertigineuse de la consommation locale. Cette dernière a connu une augmentation de 53% depuis 2009, a-t-il déploré, en indiquant que nos exportations sont sérieusement menacées. «On consomme 46 milliards de mètre cube de gaz annuellement, soit une augmentation de 53 % depuis 2009, c’est excessif », a-t-il dit.
Pour Mourad Preure, il est inadmissible qu’un pays comme le nôtre consomme deux fois de plus que les pays de l’OCDE, à l’instar de la France, Etats-Unis, Allemagne, etc. «Ici en Algérie, nous consommons plus d’unités énergétiques pour produire une unité de richesse», a-t-il souligné. En outre, estime-t-il, les changements législatifs qu’a connus le secteur énergétique, en opérant des amendements à la loi sur les hydrocarbures, ont eu un impact négatif, notamment, l’investissement. Ces changements, affirme-t-il, ont brouillé l’image de notre pays.
Déficit en investissements
Des appels d’offres lancés par la Sonatrach, n’ont pas abouti, et ce, sous l’effet des changements de la législation, a-t-il expliqué, en précisant que «l’industrie pétrolière n’aime pas qu’en touche trop à la législation». La situation actuelle à laquelle notre pays est confronté, et où les investissements dans le domaine se font rares, n’est que le résultat de cette instabilité des lois. Ce déficit en investissement, ajoute l’intervenant, a imposé la surexploitation des gisements. La quantité de gaz qui devrait être réinjectée dans les gisements, notamment, à Hassi Mesaoud et Hassi R’mel, pour augmenter la pression, a été réduite et dirigée vers l’exportation.
«C’est inacceptable ! Non seulement on n’a pas investi, mais, également, on a malmené nos gisements », a déploré le Dr. Mourad Preure, en précisant que le pétrole est une industrie à long terme et que nos installations ont souffert. «Nous subissons, actuellement, les conséquences de ce que nous n’avons pas fait, il y a 15 ans. C’est un effet mécanique», a-t-il expliqué. Selon lui, voir aujourd’hui certains gisements déclinés et tout à fait normal. Cependant, dit-il, cela ne veut pas dire que ce déclin est irréversible. Sonatrach est en train de faire des études pour mieux comprendre la situation et l’état actuel du gisement de Hassi Messaoud et y apporter les remèdes. «Il y a, donc, un effort et une action à entreprendre pour soigner ce gisement qui a beaucoup souffert », a-t-il préconisé.
Sonatrach doit s’appuyer sur les universités
Indiquant que la puissance de l’Algérie est dans Sonatrach qui doit être parmi les leaders mondiaux, M. Preure a souligné la nécessité de repenser complètement notre politique énergétique, tout en plaçant la compagnie nationale au cœur de cette stratégie. Pour répondre aux besoins de l’économie nationale, Sonatrach doit s’appuyer sur les universités et les entreprises nationales (publiques et privées).
Pour l’expert, la bataille, maintenant, est celle des blouses blanches. À cet effet, les universités de Ouargla, Adrar, d’Oran et autres, doivent devenir des pôles par excellence par la recherche dans les domaines gaziers et pétroliers.
Evoquant la pétrochimie, l’expert a rappelé que le programme existe depuis les années 70, mais qui n’est pas vraiment développé, faute d’absence de partenaires fiable. Il a expliqué que cette filière nécessité de gros volumes pour que le coût soit compétitif.
Autrement dit, « on doit avoir une pétrochimie pour l’export», et pour cela, il y a nécessité de trouver des partenariats pour construite des complexes de taille. « La Sonatrach ne peut pas le faire seule. C’est une filière qui exige une technologie de pointe et un marché captif», a-t-il expliqué. La solution pour toutes ces contraintes est de s’inscrire dans une nouvelle stratégie, orientée vers les énergies renouvelables (EnR). «L’Algérie doit diversifier ses ressources énergétiques. Il faut que Sonatrach s’oriente pour être le grand leader dans la transition énergétique, parce que la véritable force de notre pays c’est son ensoleillement, qui est exceptionnel, soit, 3500 heures par ans sur 86 % du territoire national ! », a-t-il préconisé, en estimant que l’Algérie a les moyens de s’imposer, dans les 20 prochaines années, comme un leader de la transition énergétique. Enfin, M. Mourad Preure a affirmé que la célébration du 24 Février 1971 (nationalisation des hydrocarbures) est une occasion pour donner l’occasion aux jeunes de réussir la transition énergétique.
A. K.