Adoptant un regard critique envers la situation dans le secteur des EnRs, Mourad Louadah, opérateur économique et investisseur dans ce secteur, explique dans cet entretien qu’en dépit de l’existence d’une volonté politique, tendant à impulser une dynamique dans le secteur, les actes tardent à venir. Entretien.
Eco Times :Cela fait quelques années depuis que l’on parle de développement des EnR en Algérie, mais le résultat tarde à venir. Quelles sont d’après-vous les raisons de ce retard ?
Mourad Louadah :Certes, il y a eu volonté politique. Mais celle-ci ne suffit pas à elle seule. Il faut des actes. L’application de cette volonté ne suit pas sur le terrain. Entre les effets d’annonce et la réalisation, on pourrait dire qu’on est en plein science-fiction. De plus, nous ne savons pas qui fait quoi. Pour ma part, il faut déjà appliquer la méthode QQOQCCP (Quoi, Qui, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi). Pour résoudre ce problème, il faut commencer par la compréhension de ce changement vers la transition et l’efficacité énergétiques.
En votre qualité de chef d’entreprise et investisseur dans le domaine des EnR, vous avez à maintes reprises mentionnéesle manque d’intégration des entreprises privées, dans les plans tracés. Pensez-vous que les résistances envers le privé subsistent encore de nos jours, sachant que le gouvernement s’apprête à impulser une nouvelle dynamique dans le secteur ?
Avant de parler de l’intégration des entreprises privées dans le plan de développement durable et de la transition, ou de la résistance des pouvoirs publics envers le secteur privé dans la feuille de route de la relance économique initiée par le gouvernement, il faut parler d’éthique, de moralité et d’idéologie des acteurs économiques en général et celui du secteur énergétique (EnRs) en particulier. Il faut sortir du modèle théorique pour aller vers celui de la pratique, avec un regard réaliste. Il y a deux poids deux mesures : aujourd’hui, le discours ne correspond pas à la réalité du terrain.
Le passage aux énergies renouvelables implique des politiques d’adaptation à tous les niveaux, et particulièrement au niveau de la consommation. Quelles sont, d’après-vous les mesures d’urgence à prendre pour réussir ce pari en Algérie ?
À ma connaissance, les mesures d’urgence sont l’implication du citoyen consommateur dans cette transition en termes de communication, d’éducation et d’intérêt, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la compréhension des enjeux du passage des énergies fossiles aux énergies renouvelables. Mais le véritable point crucial de ce passage est l’implication de l’administration dans l’acte commercial et de gestion, à travers la politique des prix, le gaspillage et la résistance au changement.
Propos recueillis par
Lyazid Khaber