Les pays de l’Opep+ ont décidé, jeudi dernier, de maintenir le niveau de production actuel, jusqu’à fin avril. Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab. à l’issue de cette réunion par vidéoconférence a déclaré «que les participants ont convenu de prolonger, durant le mois d’avril prochain, la baisse décidée en janvier, à savoir de 7,2 millions de barils par jour, en raison de l’incertitude sur l’évolution du marché pétrolier, impacté toujours par la pandémie de la Covid-19».
Par Réda Hadi
Par cette décision, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés, ont signifié leur confiance dans la reprise de l’économie mondiale, et par ricochet celle de la demande de pétrole brut.
M. Arkab a précisé que le taux de conformité globale à l’accord de la limitation de la production pétrolière conclu entre l’OPEP et ses alliés, a atteint les 105 % en janvier 2021, soutenant que ce taux très positif confirme l’engagement de l’ensemble des pays signataires de la Déclaration de coopération à soutenir les efforts de stabilisation des cours du brut.
Un communiqué publié par l’Organisation peu après la rencontre, a insisté sur «l’optimisme en 2021, année de reprise», estimant que le déploiement progressif des vaccins dans le monde est un facteur positif pour le reste de l’année, qui stimulera l’économie mondiale et la demande de pétrole.
Cet optimisme mesuré est palpable sur les marchés depuis début novembre et l’annonce de premiers vaccins contre le Covid-19. En témoigne la croissance des cours du brut de référence qui retrouvent ces jours-ci des niveaux comparables à ceux du début d’année 2020, soit près de 60 dollars le baril pour le Brent.
L’optimisme mesuré de l’Opep se base sur les conseils des experts qui, malgré la découverte de vaccins et les vaccinations de par le monde, recommandent la prudence et la vigilance vis-à-vis de l’évolution du marché pétrolier à cours et à moyen termes, notamment en raison de la persistance de la pandémie de Covid-19 induisant la suspension du transport aérien et terrestre dans le monde.
«Le transport aérien international est à l’arrêt à près de 50 %. C’est le cas également pour le transport terrestre, ce qui influe considérablement sur les prix du pétrole. Nous devons être encore prudents, surtout avec le nouveau variant du virus», a souligné M. Arkab.
Pour sa part, le ministre saoudien de l’Energie Abdelaziz ben Salman estimera que «l’incertitude qui entoure le rythme de la reprise (économique et par ricochet, celle de la demande d’or noir,) n’a pas diminué. Il est difficile de faire des prévisions dans un environnement aussi imprévisible, j’en appelle donc à la prudence et à la vigilance», avait a-t-il averti.
«Nous avons une nouvelle fois souligné la nécessité de demeurer vigilant », a dit pour sa part, le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak, en charge de l’Energie, tout en évoquant un optimisme prudent.
Ainsi donc, cette décision de maintenir la production à son niveau actuel, est venue à contre courant des prédictions, qui présageait des mésententes. Alors que les analystes s’attendaient à des divergences entre les deux poids lourds de l’alliance, (la Russie et l’Arabie saoudite). La réunion a été bouclée en moins de trois heures et a débouché sur la décision de n’augmenter qu’à la marge la production d’or noir le mois prochain.
Au total, l’alliance a donc convenu de laisser sous terre près de 7 millions de barils quotidiens en mars, contre 7,125 millions de barils quotidiens en février puis 7,05 millions en mars, des coupes qui restent très importantes, et qui vont très certainement influer sur les prix.
Après la réunion, des prix sensiblement à la hausse
Les cours du pétrole ont terminé à leur plus haut niveau depuis début 2020 après la publication d’une nouvelle baisse des stocks de brut aux États-Unis et les conclusions de la réunion de l’OPEP+. Une baisse de stocks pourtant moins marquée que prévue. Les réserves de pétrole brut aux États-Unis ont reculé la semaine dernière de 1 million de barils, selon un rapport de l’Agence américaine d’Information sur l’Énergie (EIA) diffusé mercredi, après avoir déjà chuté de 9,9 millions la semaine précédente.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a gagné 1,7 %, ou 1 dollar, pour terminer à 58,46 dollars, son plus haut niveau depuis février 2020.
Le baril américain de WTI pour le mois de mars s’est aussi apprécié de 1,7 % ou 93 cents, à 55,69 dollars, clôturant à son plus haut depuis janvier 2020.
Entre la baisse des stocks de brut, les dernières nouvelles de l’OPEP, l’avancée de la vaccination contre la COVID-19 et de possibles aides économiques aux États-Unis, «le marché a de bonnes raisons de grimper », ont relevé des spécialiste. Toutefois, «il a bien progressé depuis le début de la semaine et il ne faudrait pas s’étonner d’un repli technique.» ont-ils souligné.
R. H.