Avec un plan d’investissement de 40 milliards de dollars sur 5 ans, dont 30 milliards de dollars en amont, 7 milliards de dollars en aval, 1 milliard de dollars de décarbonation, Sonatrach affiche ses ambitions pour se positionner sur le marché mondial de l’énergie.
Par Akrem R.
Dans un entretien accordé au site d’information spécialisé « MEES.com», le Pdg du groupe public « Sonatrach», Toufik Hakkar a exposé les plans de son entreprise pour 2023, dont la priorité est d’augmenter la production de gaz.
«Sonatrach maintient son plan d’investissement à moyen terme d’environ 40 milliards de dollars, visant principalement à maintenir la production pétrolière et gazière en amont par la mobilisation de nouvelles réserves et leur mise en production rapide, ainsi que des développements en aval comme le raffinage et la pétrochimie.
Cela se traduit par notre stratégie de création de valeur soutenue qui s’articule autour de quatre grands axes de développement : l’amont pétrole, l’amont gaz, la transformation des hydrocarbures principalement le raffinage et la pétrochimie et la commercialisation des hydrocarbures», souligne Toufik Hakkar.
Sur le dernier plan quinquennal de 40 milliards de dollars, détaille-t-il, plus de 30 milliards seront alloués à l’exploration et à la production avec l’objectif d’augmenter la production à court et moyen terme et de préparer un portefeuille de projets futurs, notamment pour le gaz naturel. Ces investissements, dira-t-il, « nous aideront à améliorer notre sécurité énergétique et à approvisionner de manière fiable le marché mondial».
Quant à l’aval, le groupe Sonatrach prévoit d’investir plus de 7 milliards de dollars dans des projets de raffinage, de pétrochimie et de liquéfaction du gaz qui favoriseront la création de valeur en Algérie et renforceront notre potentiel d’exportation.
Par ailleurs, «nous avons consacré près de 1 Md$ à des projets qui s’inscrivent dans la stratégie de Sonatrach pour la contribution de l’entreprise à la transition énergétique. Il s’agit notamment de projets de récupération de torche sur les sites de production et les complexes de GNL, de projets d’électricité solaire photovoltaïque pour alimenter les sites de production, de transport et de traitement [pétrole et gaz], et de projets pilotes pour la production et le transport d’hydrogène vert».
Nouveaux contrats amont en 2023
Sur une autre régistre, Toufik Hakkar a fait savoir que de nouveaux contrats de partenariats dans l’amont pétrolier seront signés en 2023. «Sonatrach discute du potentiel de nouveaux projets d’exploration et de développement avec des partenaires intéressés qui opèrent en Algérie ainsi qu’avec d’autres sociétés intéressées par des partenariats. Nous espérons signer de nouveaux contrats en 2023», a-t-il dit en rappelant que le groupe public a signé, dans le cadre de la nouvelle loi 19-13 sur les hydrocarbures, trois contrats de partage de production. Le premier avec Eni fin 2021. Le second avec Sinopec en mai 2022 et le dernier avec un consortium d’Occidental, Eni et TotalEnergies en juillet 2022. Au travers de ces trois contrats, «nous prévoyons de mobiliser près de 6 milliards de dollars pour continuer à développer des gisements en améliorant la récupération du pétrole brut, des condensats, du GPL et du gaz naturel et en prolongeant la durée de vie de ces gisements», explique Hakkar.
Des contrats qui attestent sur l’attractivité de la loi 19-13 sur les hydrocarbures et des efforts déployés par l’Algérie pour améliorer le climat des affaires qui devrait inciter les firmes étrangères à investir davantage.
L’importance croissante du gaz en Algérie
Questionné sur les exportations du gaz algérien vers l’Europe, le Pdg de la Sonatrach a précisé que « nos engagements envers nos clients européens ont été pleinement tenus et nous leur avons livré plus de 4 milliards de m3 de gaz naturel sur une base spot». De plus, Sonatrach a d’autres clients dans le monde et «nous améliorons notre productibilité de gaz».
Chaque année, Sonatrach investit des sommes importantes dans l’exploration, dans le développement des champs et dans les installations de transport et de traitement du gaz. Plusieurs projets ont été mis en service au cours des trois dernières années, tels que les nouveaux gisements de gaz à Tinhert, Gassi Touil et Berkine Sud, les projets de surpression de gaz à Hassi R’Mel, Hamra et In Amenas, le nouveau gazoduc GR7 pour le transport du gaz du Sud- champs de l’Ouest, ainsi que l’extension du gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne. « Sonatrach entend continuer à développer son potentiel gazier, afin de fournir des volumes supplémentaires aux marchés nationaux et internationaux, notamment le marché européen. Plusieurs projets sont en cours et seront mis en service au cours des deux prochaines années, tels que les champs de Hassi Mouina et Hassi Ba Hamou dans le Sud-Ouest, et Isarène et TFT Sud dans le Sud-Est. D’autres projets sont attendus en 2023 et 2024 comme Hassi R’Mel, Hamra, Ohanet et Touat», souligne-t-il, en relevant que des quantités supplémentaires de gaz sont attendues et seront destiné à répondre à la demande locale ainsi qu’à la demande de nos partenaires européens en fonction des conditions opérationnelles et commerciales.
Le Pdg de la Sonatarch a saisi cette occasion pour lancer un appel aux pays de l’UE afin de s’engager dans des accords d’achat à long terme afin de garantir la sécurité de la demande pour leurs principaux fournisseurs. « Comme tous les pays producteurs de gaz, l’Algérie, à travers un important programme d’investissement, s’engage à assurer à ses partenaires un approvisionnement stable, durable et fiable en gaz naturel tant que la demande en gaz restera forte. Comme vous le savez, l’industrie du gaz est très capitalistique», précise-t-il. C’est un message très clair par les pays de l’Europe qui font face à une crise énergétique sans précédente, après le conflit ukrano-russe. Ils sont, tous simplement, appelés à investir davantage dans le domaine gazier en Algérie afin de réduire leur dépendance au gaz russe.
A. R.