Tous les ingrédients sont réunis pour la concrétisation du projet Gazoduc Lagos-Alger, reliant le continent africain vers l’Europe, et ce, en dépit du plan franco-marocain qui veut le détourner de son itinéraire initial.
D’ailleurs, dès l’annonce de la volonté des deux pays, l’Algérie et le Nigéria pour la réalisation de ce projet d’une importance capitale, la France et le Maroc, ont activé leurs relais pour son sabotage, a détaillé, hier mercredi, le professeur de relations internationales à l’Université d’Alger, Samaïl Debeche.
Au passage, il s’est interrogé sur l’implantation d’Al-Qaeda dans les pays du Sahel, notamment, au Mali et Niger, deux pays limitrophes de l’Algérie. Notre interlocuteur, rencontré en marge d’une conférence de presse à Alger, a fait savoir que la France a tenté avec tous les moyens en sa possession, pour convaincre les autorités nigériens sur la nécessité de changer l’itinéraire du gazoduc, en passant par 13 pays africains, soit sur une distance entre 600 à 700 km. Sa concrétisation nécessitera un budget conséquent, variant entre 30 et 40 milliards de dollars ! Ceci réduira la compétitivité du projet et devient non rentable pour le Nigéria, a précisé M. Debeche. Les officiels nigériens se sont rendu compte, dira-t-il, que le tracé Logos-Alger est faible. D’abord, son coût de réalisation ne dépassera pas les 20 milliards de dollars, indique-t-il, et qu’une grande partie déjà du projet est déjà fin prête, notamment, sur le territoire algérien vers l’Europe. Il ne reste que la partie reliant Nigeria et le Niger. Une fois arrivé à Hassi Messaoud, le gazoduc sera livré directement à Arzew et Skikda pour être acheminé directement en Méditerranée ou en Europe. Autrement dit, le projet marocain, intitulé Gazoduc Africain Atlantique pour alimenter l’Europe, qui devait relier le Nigeria au Maroc et se voulait concurrent direct du gazoduc transsaharien de l’Algérie, est définitivement mort et enterré. Il a été qualifié par l’ex-ministre algérien de l’Energie, Abdelmadjid Attar, de «projet politique imaginaire».
Il est à rappeler que l’idée du gazoduc reliant le Nigeria à l’Algérie, avait germé dans les années 1980 et l’accord concrétisant la mise en œuvre du projet n’a été signé que le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l’Algérie. Sa longueur est de 4 128 kilomètres et sa capacité annuelle de 30 milliards de m3. Il devrait permettre à ces pays d’avoir plus de parts dans le marché du gaz européen. Le TSGP va emprunter le territoire nigérien et permettra d’approvisionner l’Europe par l’intermédiaire des gazoducs déjà existants entre l’Algérie d’un côté, et l’Italie et l’Espagne, de l’autre.
Selma R.