Les pays de l’OPEP et de l’OPEP+ ont décidé, dimanche soir, à l’issue de la 35 ème réunion des pays membres tenue à Vienne, d’une nouvelle coupe de production pour faire remonter les prix, qui ont atteint, récemment, les 70 dollars le baril.
Par Akrem R.
Cette décision confirme qu’« il y a une cohésion entre ces pays, car ils ont conscience que l’économie mondiale est souffrante et risque une déflagration», dira d’emblée, Mourad Preure, consultant international en questions énergétiques.
Il a expliqué que ces pays ont confirmé leur attachement à une ligne de défense des prix et non pas de défense de parts de marché. Ceci est une chose très importante pour le marché pétrolier qui était très attentif à cette réunion de l’Opep+, d’autant plus que les pays de ce cartel ont pris en considération des paramètres structurants de l’économie mondiale, dont certains sont imprévisibles.
L’expert qui s’exprimait sur les ondes de la radio nationale « Chaîne III» a énuméré, notamment la crise financière et bancaire, sans omettre de mettre en avant l’impact du discours idéologique « lourd » sur la transition énergétique et publicité mensongère sur l’électro-mobilité. Tout cela, indique-t-il, a un effet négatif sur les prix du pétrole, passant de 80 dollars/baril en janvier 2023 à 70 dollars, actuellement.
Mourad Preure a salué, encore une fois, le fait que malgré la crise de 2020 entre la Russie et l’Arabie saoudite, deux principaux producteurs mondiaux, la cohésion tienne encore et le marché est toujours attentif. Il a estimé que cette cohésion fait naturellement face à des lobbies qui veulent lui porter atteinte. « La presse pétrolière n’informe pas, elle travaille pour l’intérêt de l’industrie pétrolière», note-t-il.
Cette décision de réduction volontariste, décidée par les pays de l’Opep+, a fait grimper les prix du pétrole, de façon toutefois assez modérée, le marché restant toujours sensible aux inquiétudes quant à la demande. Vers 10H55 GMT (12H55 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, prenait 1,62% à 77,36 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en juillet, gagnait 1,94% à 73,13 dollars.
L’Arabie saoudite, poids lourd de l’Opep, a décidé, dimanche, de procéder à une nouvelle coupe de production à compter de juillet, une « action unilatérale » à l’origine de la hausse des prix, selon Tim Waterer, analyste chez KCM Trade. Le pays a en effet annoncé cette nouvelle réduction à l’issue d’une réunion à Vienne de l’Opep+ (les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole + leurs dix alliés conduits par la Russie).
Tendance haussière des prix à long terme
Questionné, en outre, sur l’avenir du marché pétrolier, l’intervenant a affirmé qu’en dépit du ralentissement que connait la croissance mondiale, les prix du pétrole connaîtront une tendance haussière dans le long terme. Il a, sur ce plan évoqué deux phénomènes, y sont responsables, à savoir, le ralentissement de l’économie mondiale et l’inflation générée par l’effet pervers du dollar. Les banques centrales des pays de l’OCDE ont décidé d’augmenter leurs taux directeurs.
C’est le cas de la Banque centrale américaine qui a décidé de le porter à 5%, pays dont la dette dépasse les 33 000 milliards de dollars ! Même chose pour la France qui a une dette de 3000 milliards de dollars, soit 120% de son PIB.
Pour l’expert et enseignant universitaire, la domination de l’Occident arrive à sa fin en faveur d’un nouveau monde multipolaire qui est en train de se constituer.
«La cohésion entre les pays de l’OPEP et de l’OPEP+ participe activement au changement de l’ordre mondial. Grâce aux changements qui s’opèrent dans le monde, nous aurons prochainement plusieurs marchés pétroliers. Nous assistons à la fin de la globalisation néolibérale et, par conséquent, de celle de l’Occident », souligne l’expert. Selon lui, «c’est un monde multipolaire qui est en train de s’affirmer et de trouver son harmonie, aujourd’hui».
L’Algérie, un acteur de demain
Questionné, par ailleurs, sur le rôle que l’Algérie sur l’échiquier mondial énergétique, Mourad Preure a indiqué que notre pays ne doit pas se contenter de l’exportation du pétrole et du gaz, mais doit se préparer à être un acteur de demain.
« Nous devons utiliser l’énergie pour se placer dans les challenges économiques et monde de demain. Un monde digital, intelligence artificielle (AI), big data, Cloud et 5G.. Nous avons, certes, des leaders énergétiques, Sonatrach et Sonelgaz, mais nous devons avoir un acteur digital comme Mobilis», recommande-t-il, en plaidant pour le renforcement de la recherche universitaire afin de faire entrer notre pays l’industrie 4.0
A. R.