L’Algérie a officialisé son adhésion à la Banque européenne pour la construction et le développement (BERD). Un décret présidentiel n° 21-185, signé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le 5 mai 2021, vient d’être publié au dernier journal officiel (JO) n° 34.
Par Akrem R.
«Le président de la République, sur le rapport du ministre des Affaires étrangères, vu la Constitution, notamment son article 91 (…) décrète que la République algérienne démocratique et populaire adhère à l’accord portant création de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement», stipule le texte.
La BERD est une organisation internationale qui siège à Londres et qui rassemblait 69 membres en juillet 2019. Elle émet des emprunts sur le marché international qui lui servent à financer ou cofinancer des investissements (soit par des prêts, soit par des prises de participation).
En effet, l’arrivée de cette institution financière ayant un expertise avérée sur le marché financier national, ne sera que bénéfique pour l’Algérie, notamment, durant cette conjoncture difficile. D’ailleurs, la mise en place du plan de relance économique nécessite la mobilisation des moyens financiers et fonds importants dont notre pays ne dispose pas actuellement.
La double crise financière et sanitaire a impacté sévèrement l’économie nationale et l’investissement. En effet, suite au recul drastique du niveau de liquidités à l’échelle de nos banques locales, passant de 2600 milliards de DA en 2014 à 600 milliards DA en 2021, plusieurs projets d’investissements sont en souffrance. Les banques font de la sélection !
Des organisations patronales ont, d’ailleurs, critiqué l’attitude de nos banques, tout en dénonçant un comportement qui ne s’accommode pas avec la nouvelle orientation du pays, visant à assoir une économie diversifiée indépendante des hydrocarbures.
Selon des experts, la solution pour toutes ces contraintes pourrait venir de la banque européenne (BERD) et son arrivée sur le marché national est considérée comme étant une bouffée d’oxygène pour les investisseurs algériens, notamment étrangers, en particulier.
«Nous sommes très fiers et heureux d’accueillir l’Algérie en tant que tout récent membre. Nous avons hâte d’amorcer les travaux dans le pays dès que nos actionnaires auront pris la décision définitive. Notre objectif est de libérer le potentiel de l’Algérie, en particulier, dans le secteur privé, pour créer des emplois et promouvoir un développement durable. Tout comme l’appui qu’elle apporte aux pays voisins de l’Algérie, la Berd peut mobiliser d’importantes ressources financières, ainsi qu’une expertise technique et des services de conseil», avait déclaré Jürgen Rigterink, président par intérim de la Berd.
Selon le même responsable, la Banque rechercherait des opportunités de stimuler la compétitivité du secteur privé, d’encourager une offre d’énergie durable et d’améliorer la qualité et l’efficacité des services publics dans le pays.
L’expert en question économique, Abderrahmane Hadef, a précisé que cette adhésion est venue dans un moment opportun, du fait que «nous sommes en train de mettre en place un nouveau modèle économique qui exige un certain nombre de critères et performances. Des institutions pareilles ne peuvent être que bénéfiques pour l’Algérie, en apportant l’aide et l’appui nécessaire pour l’économie nationale afin de garantir une meilleure gestion».
Toutefois, l’Algérie est appelée à tracer une feuille de route sur laquelle on va travailler, tout en s’accordant sur les meilleurs mécanismes de collaboration. «La Berd va nous permettre de disposer d’un canal très intéressant en matière d’attractivité des investissements étrangers directs (IDE), surtout pour des projets bien précis tels que l’agro-industrie, l’économie du savoir, l’énergie, notamment le renouvelable, et le tourisme», indique pour sa part, l’expert en investissement, Mohamed Sayoud.
À ce jour, la Banque a consacré plus de 12 milliards d’euros à 260 projets répartis dans la région Semed, qui concernent les ressources naturelles, les institutions financières, les agro-industries, les industries manufacturières, ainsi que les infrastructures, particulièrement, pour améliorer les services d’électricité, d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées dans les municipalités ou de transport.
A. R.