Le ministère de l’Agriculture entame, d’ores et déjà, ses préparatifs pour le Ramadhan 2024. Des mesures ont, à ce titre, été prises déjà par les services agricoles pour l’approvisionnement du marché en viande rouge en quantité suffisante et surtout à un prix raisonnable.
Par Akrem R.
C’est un véritable défi à relever par le ministère, d’autant que le marché des viandes rouges, notamment ovine, est en effervescence. Les prix ont atteint des niveaux record, variant entre 1900 à 2500 DA/kg ! Selon les estimations des professionnels, la demande nationale est marquée par un déficit de 10 millions de têtes, tout en sachant que les Algériens consomment 55 000 tonnes de viande/an. L’équivalent d’une facture de 400 milliards de dinars.
Face à cette situation, les ménages ne savent à quel saint se vouer, surtout avec la flambée des prix des viandes blanches, également. Les opérations d’importations d’appoints engagées par le ministère, depuis le mois de janvier dernier, n’ont pas donné les résultats escomptés et la viande importée, fixée à 1200 DA/kg, était presque «invisible» sur le marché.
Donc, la solution passe par le développement de la filière de l’élevage ovine, tout en mettant en place une nouvelle organisation. En visite de travail de deux jours (lundi et mardi, hier) à Naâma et El-Bayadh, respectivement, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni s’est exprimé à nouveau sur la question en dévoilant la stratégie de son département pour le développement de la filière viande rouge.
Dans un point de presse tenu en marge de sa visite à la wilaya de Naâma, Henni a indiqué que son département va se préparer dès maintenant pour le mois de ramadhan 2024 et la fête de l’Aïd El Adha. « On va anticiper dès maintenant pour bien se préparer aux grands rendez-vous de 2024, le ramadhan et l’Aïd, en l’occurrence, où la demande sur les viande rouge augmente», a-t-il souligné. La stratégie des pouvoirs publics s’articule sur l’engagement d’un travail en amont, à travers un accompagnement adéquat en faveur des éleveurs.
Les efforts des services agricoles seront axés, notamment, sur la promotion de l’agriculture conventionnelle. Un modèle qui garantit une transparence et une traçabilité. Actuellement, l’Etat subventionne pas mal de produits et intrants agricoles, mais les véritables fellahs n’en bénéficiaient pas. Par conséquent, un grand travail reste encore à faire par les services agricoles afin de convaincre les éleveurs de l’adhésion de la stratégie du ministère.
Pour la filière élevage, le ministre Henni a annoncé le lancement du système « triangulaire», unissant les éleveurs, l’Office national des aliments du bétail (ONAB) et l’Algérienne des viandes rouges (ALVIAR) chargée de l’achat du produit auprès des éleveurs.
Ce dernier a été déployé, d’une manière expérimentale, dans trois wilayas, dont Naâma. Son début n’a pas connu un engouement de la part des éleveurs. Selon les chiffres du ministre, seulement 35 000 têtes ont été captées sur un million de têtes ovines que compte la wilaya de Naâma ! C’est infime et le ministère ne pourrait pas contrôler ou influer sur le marché des viandes rouges, reconnait-il.
Des nouveautés seront introduites dans ce système, à travers l’octroi d’aliments à des prix plafonnés à 3200 DA/quintaux pour l’ensemble du cheptel et tout au long de l’année. C’est l’Office National de l’Alimentation du Bétail « ONAB » qui s’occupera du contrôle et de l’organisation du circuit de distribution de l’orge fourragère. Il a ajouté que l’Etat subventionne le prix à hauteur de 7 milliards de DA par an. Le ministre a, toutefois, conditionné cela par l’entrée des éleveurs dans le circuit officiel.
Un nouveau recensement du cheptel sera lancé au mois d’octobre pour l’actualisation des chiffres et d’avoir plus de visibilité sur la filière d’une manière générale, indique-t-il, en faisant savoir que ce recensement sera organisé d’une manière périodique (annuellement). Ce recensement permettra également l’établissement du nombre d’éleveurs en vue de pouvoir apporter le soutien à ceux qui en ont besoin. Il s’agit aussi pour le ministre de lutter contre la hausse des prix des aliments de bétail et des viandes rouges. L’autre opération à faire, indique le ministre, c’est le recours à la science et aux nouvelles technologies pour la préservation de nos races et le développement d’autres donnant plus de rendement.
La reconstitution du cheptel
En somme, l’Algérie table sur la reconstitution de son cheptel, à travers notamment la mise en œuvre des recommandations sur les aides incitatives pour sauver l’élevage et, par la suite, combler le déficit de l’offre sur le marché local en viande rouge. «Qui dit relancer la production animale, dit relancer la production végétale, en créant des centres d’élevage avec des zones de pâturage pour ainsi passer de l’élevage intensif à l’élevage extensif », avait déclaré le DG d’ALVIAR, Lamine Derradji.
Le ministre a rappelé que des mesures ont été prises par l’Etat en faveur des éleveurs, à l’image de l’approvisionnement en orge et maïs prévu par le décret exécutif 23-112 du 9 mars 2023, modifiant et complétant le décret exécutif 21-120 du 29 mars 2021 relatif aux modalités d’exemption de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), des opérations de vente d’orge et de maïs, ainsi que des matières et des produits destinés à l’alimentation de bétail et de volaille.
Le décret en question stipule aussi que les «bénéficiaires de l’exemption de la TVA sont dispensés, au titre de leurs opérations d’achat, de l’obligation de présentation de l’attestation d’exonération de ladite taxe».
S’agissant des éleveurs qui n’intègrent pas le système triangulaire, le ministre a annoncé que ces derniers vont bénéficier de l’aide de l’Etat, visant à la préservation du cheptel national. Un prix spécial sera fixé pour cette catégorie d’éleveurs qui doivent également intégrer la sphère officielle.
L’abattage des vaches, brebis et chèvres, criminalisé
Par ailleurs, le ministre a indiqué qu’un projet de loi criminalisant l’abattage des vaches, brebis et chèvres est en cours de préparation et sera soumis au gouvernement avant la fin de l’année.
Il a regretté que malgré les mises en garde dans ce cadre, le ministère de l’Agriculture reçoit régulièrement des rapports sur l’ampleur prise par l’abattage des femelles du cheptel. «Nous avons des informations qui font état de l’abattage de brebis et de vaches. Ce qui est inacceptable», a déploré le ministre. Outre le durcissement du cadre juridique, il y aura le renforcement des sorties de contrôle sur le terrain par les services concernés.
C’est un programme ambitieux, dira-t-il, sa réussite permettra de réguler et d’asseoir une meilleure maîtrise des prix des viandes, notamment durant le Ramdhan et l’Aïd El Adha.
A. R.
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