À l’ombre des décisions qui viennent d’être prises et des déclarations faites successivement, l’année 2023 est bien partie pour être celle de la redynamisation du marché de l’automobile en Algérie. Au moment où des marques internationales, comme Renault et FIAT, s’engagent à livrer leurs premières voitures « Made in Algeria » dans les tout prochains mois, parallèlement à la reprise des activités des concessionnaires, ce sont les banques qui se préparent pour la reprise du crédit automobile pour faciliter aux consommateurs l’acquisition de voitures neuves.
Par Mohamed Naïli
C’est l’annonce que vient de faire le Délégué général de l’ABEF (Association des banques et des établissements financiers), Rachid Belaïd, sur le plateau de la chaîne de télévision Echourrouk TV, mais tout en précisant à priori néanmoins que ce produit sera réservé exclusivement à l’achat de voitures produites au niveau local et non pas celles importées et revendues en l’état par les concessionnaires. En conséquence, l’entrée en vigueur du tel service au niveau du réseau bancaire national est conditionnée par le lancement effectif de la branche locale d’industrie automobile, étant donné que divers textes de loi en vigueur actuellement et régissant les activités commerciales exigent des banques de ne pas financer, sous forme de crédits à la consommation, des produits importés et mis en vente en l’état sur le marché national.
« Les textes réglementaires définissant les modalités et conditions d’octroi de crédit automobile sont actuellement en cours de préparation et entreront en vigueur dès le début du processus de fabrication de voitures au niveau national, donc il y aura des crédits auto », a déclaré le premier responsable de l’ABEF, M Belaïd, pour qui, « le crédit automobile est un crédit à la consommation comme celui octroyé pour l’achat d’un logement ou d’équipements électroménagers », tout en affirmant que, outre la conception des textes réglementaires en question, les établissements bancaires sont prêts sur les plans matériel et logistique pour le lancement de ce nouveau produit. « En terme de moyens logistiques et informatiques ainsi que les ressources humaines, les banques sont prêtes », a-t-t-il fait savoir à ce propos avant d’ajouter qu’ « elles (les banques, ndlr) disposent déjà d’une importante expérience dans ce domaine ».
Abordant le point relatif aux taux d’intérêts qui seront appliqués par les banques à ce nouveau produit de crédit auto, le Délégué général de l’ABEF, bien qu’il ne donne aucun barème précis en la matière, mais fera allusion à un indice qui laisse déduire le niveau auquel se situeront ces taux d’intérêt. Tout en avançant que ce taux ne sera pas unique mais plutôt différera d’une banque à une autre, il précisera en effet que « ces taux d’intérêt seront plus importants que ceux destinés à l’investissement ». Ceci laisse comprendre donc que les taux d’intérêt qui seront appliqués au crédit automobile seront relativement élevés et loin d’être des taux « bonifiés ».
11 000 milliards DA de crédits à l’économie
A titre indicatif, auprès de la BNA (Banque nationale d’Algérie), une simulation de crédit auto sur son portail web, donne la possibilité d’un crédit sur une durée de 60 mois d’un montant à hauteur de 85% du prix d’achat du véhicule pour un taux d’intérêt de 8,25%.
Quant à la proportion de la participation de la banque dans le financement de l’achat d’un nouveau véhicule, le représentant de l’ABEF expliquera que les établissements bancaires peuvent aller jusqu’à octroyer des crédits à hauteur de 90% du prix d’achat, il nuancera toutefois en rappelant que les textes de loi en vigueur ne permettent pas d’aller au-delà de 30% des capacités de crédit du consommateur, et ce, afin de ne pas provoquer son surendettement et préserver son pouvoir d’achat et ses droits. Cependant, dans les nouvelles dispositions en la matière, il est à noter que tout particulier ayant un revenu mensuel à partir de 20 000 dinars est éligible à la nouvelle formule de crédit automobile sous réserves de répondre aux nouveaux critères définis dans ce domaine.
Outre l’annonce du lancement prochain du crédit automobile, Rachid Belaïd, a fait un exposé détaillé du niveau de crédits à la consommation et à l’économie accordés actuellement par les différentes banques au niveau national. Dans le chapitre relatif au crédit à la consommation pour les particuliers, le responsable de l’ABEF a fait savoir qu’à la fin 2021, les banques ont accordé 944 milliards de dinars pour l’achat de différents produits, dont 900 milliards de dinars pour le financement d’acquisition de logements et 44 milliards de dinars pour l’achat d’équipements électroménagers et des voitures, selon les anciennes formules qui sont restées en vigueur jusqu’à présent.
Cependant, a encore fait savoir Rachid Belaïd sur le plateau de la chaîne de télévision privée, pas moins de 5 100 crédits contractés par des particuliers auprès des banques ont été rééchelonnés, alors qu’un équivalent de 800 milliards de dinars représentant des pénalités dues au non respect des engagements contractuels, comme des retards dans le remboursement, ont été épongés par les établissements bancaires. Ces rééchelonnements et l’effacement des dettes en question ont concerné particulièrement des crédits et des remboursements s’étalant sur la période de la pandémie de Covid-19, a précisé encore le même responsable.
Enfin, dans la catégorie de crédits à l’économie, le délégué général de l’ABEF a fait état d’un volume de 11 000 milliards de dinars octroyés par les banques à la fin 2021 aux entreprises de différents secteurs économiques, dont 54% à des entités relevant du secteur privé.
M. N.