Le dossier de l’importation de voitures neuves continue d’occuper la scène médiatique. Une nouvelle annonce a été faite, hier, par le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, faisant savoir que le nouveau cahier des charges régissant l’activité de l’importation et de l’industrie automobile, est finalisé. Il sera publié incessamment, rassure-t-il.
Par Akrem R.
Le ministre, qui s’exprimait lors de son passage au Forum de la radio, a fait savoir également, que des modifications ont été apportées à ce nouveau cahier des charges dont la suppression de certains verrous, conformément aux instructions du chef de l’Etat. Le dossier se trouve sur la table du gouvernement pour approbation, ajoute-t-il.
Pour Zeghdar, l’importance réside dans la préparation d’un écosystème favorable pour la création d’une véritable industrie dans notre pays et ne pas reconduire les mêmes erreurs du passé. Des investissements colossaux avaient été consentis par des opérateurs économiques, ayant bénéficié d’énormes avantages fiscaux et parafiscaux sans pour autant atteindre les objectifs escomptés, à savoir, jeter les jalons d’une vraie industrie automobile.
Des pourparlers sont engagés avec de grandes firmes asiatiques et européennes pour la réalisation d’usines de production ici, en Algérie, avec des taux d’intégration appréciable. « Nous avons les capacités et les moyens d’avoir cette industrie, selon des mécanismes solides et propres et avec de vrais partenaires», affirme-t-il, en indiquant que la pandémie a chamboulé le calendrier des négociations.
S’agissant de l’importation de véhicules neufs, Zeghdar a précisé que l’Etat n’a, à aucun moment, interdit l’importation de voitures neuves pour les particuliers. «Chaque personne a le droit d’importer une voiture avec son propre argent, et ce, conformément à la loi en vigueur», rappelle-t-il, en appelant à éviter de faire de l’amalgame entre l’importation de voitures par des particuliers et celle opérée par des concessionnaires.
Cette activité est l’arrêt depuis 2017 pour diverses raisons, notamment, eu égard à l’ambition des pouvoirs publics de l’époque, d’implanter une industrie de montage CKD et SKD et, également, eu égard à des soucis financiers. Le recul drastique de nos réserves de changes avait incité le gouvernement à la rationalisation des dépenses, en réduisant l’importation.
Réception de 73 dossiers de concessionnaires
Toutefois, le président de la République Abdelmadjid Tebboune, dès son arrivé au Palais d’El Mouradia, a ordonné de stopper cette mascarade de montage automobile, en déplorant que 3 milliards de dollars ont été déboursés par l’Etat pour le «gonflement de pneus». Depuis cette date, (début 2000), le marché automobile est en déséquilibre et dont les prix ont atteint un pic. Cet épineux dossier de l’importation de voiture neuves, en stand-by depuis plusieurs mois, a pris beaucoup plus de temps que prévu. Un retard que le ministre Ahmed Zeghdar, explique par les amendements proposés au cahier des charges, en relevant la réception de 73 dossiers de concessionnaires en cours de traitement par une commission sectorielle. Leur examen par plusieurs ministères, concernés par l’opération, nécessite des délais assez longs, précise-t-il. Dans le même sillage, le ministre a noté que ses services techniques ont formulé des réserves sur 46 dossiers qui comportaient des failles.
Le ministre a, donc, imputé le retard du dossier au cadre législatif mais aussi, à la situation sanitaire due au Covid-19, imposant un rythme long à la commission multisectorielle. Questionné sur la question des prix, l’invité de la radio nationale a rassuré que le gouvernement garantira un contrôle sur les prix qui seront appliqués par les concessionnaires, dont la marge bénéficiaire sera fixée par le ministère du Commerce, en prenant en compte les coûts de production, du fret maritime et des assurances. « Le citoyen doit savoir que les prix des différents produits industriels ou alimentaires connaissent une flambée sans précédent. Les tarifs du fret ont été multipliés par 5 ! Notre défi actuel, c’est la relance économique, la sécurité alimentaire et énergétique», souligne-t-il. Ceci dit, l’importation de voitures, à l’heure actuelle, n’est pas une priorité du gouvernement. Le souci principal, c’est la préservation de nos réserves de changes, dira sur cette question, Ishak Kherchi, expert en économie. Ainsi, les spécialistes du domaine de l’automobile affirment que la reprise de l’importation n’aura pas lieu avant 2023. Selon l’économiste, Hamza Boughadi, la première voiture entrera dans notre pays fin 2022 ou début 2023. À noter qu’après l’obtention des agréments, les agents auront un délai allant de 6 à 8 mois. Cela afin d’accomplir toutes les démarches nécessaires.
A.R.