La finance islamique fait son chemin en Algérie. Les 12 banques existantes dans notre pays diversifient leurs produits et ambitionnent de capter le maximum de nouveaux clients. Elles tablent sur les crédits à la consommation, notamment, pour les produits «made in Algeria».
Par Akrem R.
D’ailleurs, il est prévu le lancement, incessamment, de crédits « halal» pour l’acquisition de véhicules fabriqués localement.
C’est le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, qui l’a annoncé, hier, à Alger, en marge d’une journée d’information organisée par l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) sur la Finance Islamique : « Bilan et perspectives». Devant les représentants de la presse, Zeghdar y a apporté une précision de taille en indiquant que ces crédits ne concernent que les véhicules fabriqués en Algérie et non importés. La mise en application de ces crédits par les banques à travers les 469 guichets de la finance islamique ouverts à travers tout le territoire national, est attendu dès la fin de l’année 2023.
Dans ce cadre, il est à noter que la marque italienne, Fiat, va implanter son usine de production à Oran et y produira quantre de ses modèles. Selon un accord signé entre l’Agence algérienne de l’investissement et le groupe Stellantis, les premières voitures seront commercialisées début décembre 2023.
M. Zeghdar avait déclaré, récemment, que les prix des véhicules vont baisser sur le marché algérien grâce à la fabrication et à l’importation, ce qui entraînera une hausse de l’offre, notamment, eu égard à la maîtrise des coûts et des marges bénéficiaires qui seront étudiées.
« En ce qui concerne les véhicules qui entreront sur le marché, nous nous attendons à une baisse de leurs prix, en raison de plusieurs facteurs, notamment, la forte augmentation des prix des véhicules au cours des dernières années en raison du manque d’approvisionnement sur le marché, ce qui a entraîné un manque de l’offre par rapport à la demande en plus de la spéculation.
Mais avec le retour de l’offre sur le marché grâce à l’importation et à la fabrication locale, les prix vont donc certainement baisser», avait-il expliqué. Les banques, de leur côté, se disent fin prêtes pour la relance des crédits-automobile, gelés jusque-là faute d’une production locale de voitures. L’on est, par conséquent, unanime à dire que le retour des usines automobile permettra celui des prêts bancaires, car la loi du crédit à la consommation ne permet de financer les consommateurs qu’avec des produits fabriqués localement.
507 milliards de DA de dépôts aux guichets islamiques
Ainsi, ils (les banquiers) tablent sur la relance de l’industrie automobile dans notre pays afin d’augmenter leurs chiffres d’affaires et de participer aux efforts du gouvernement pour absorber l’argent circulant sur le marché informel et, également, contribuer à l’inclusion financière.
Des instructions fermes ont été données par l’Abef aux différents banques afin d’élargir leurs réseaux et de couvrir, même, des zones rurales et d’ombre, et ce, conformément au plan d’action du gouvernement, a affirmé son Président, Lazher Latreche.
Il a souligné qu’à travers la finance islamique qui est une demande sociétale, les pouvoirs publics veulent capter les fonds de l’informel estimés à 90 milliards de dollars, selon le Président Tebboune et participer au développement économique de notre pays.
Depuis son lancement, début 2020 au 30 octobre 2022, pas moins de 624 639 comptes sont ouverts et l’enregistrement de dépôt de 507 milliards de DA, selon les chiffres présentés par Rachid Belaid, le délégué général de l’ABEF. Il a fait savoir, également, que 304 487 dossiers pour crédits de financement ont été traités pour un montant de 383 milliards de DA. En outre, l’intervenant a estimé que les banques sont appelées à investir plus dans le domaine de la finance islamique, en développant, beaucoup plus, de nouveaux produits, tout en les digitalisant.
Mise en place des sukuks en 2023
Le ministre des Finances, présent à cette rencontre, a annoncé pour sa part, la mise en place d’un marché pour les sukuks islamiques en 2023, en guise de renforcement de l’ancrage juridique de la finance islamique en Algérie.
En effet, si les sukuks souverains existent, l’émission de ces titres privés nécessite un amendement du Code du commerce qui est une revendication de plusieurs acteurs du domaine.
Aussi, assure M. Kassali, d’autres réformes seront engagées pour «renforcer la gouvernance financière, ainsi que le rôle de la finance islamique et de la digitalisation du secteur financier». Voyant venir de belles perspectives pour cette finance, M. Kassali indique que cet acquis sera tributaire de l’exploitation des ressources financières et humaines.
A. R.