Ces dernières années, l’Algérie a orienté ses efforts sur l’élaboration d’une stratégie nationale de développement durable de l’aquaculture marine et d’eau douce, qui a inclus l’adoption de mesures incitatives et un support technique efficace aux secteurs public et privé.
Par Reda Hadi
Plusieurs projets de coopération technique entre le gouvernement algérien et la FAO se sont développés entre 2008 et 2016. En dépit des efforts des pouvoirs publics à encourager la filière, et une productivité en hausse appréciable, le secteur peine à émerger sur le marché national, et loin de l’être à l’international.
Forte de ses 1200 km de côtes, l’Algérie bénéficie d’un potentiel certain, mais ne possède pas l’expérience et la technicité nécessaires, pour une exploitation efficiente et rentable de ce créneau. En cela, l’expertise et le savoir-faire de la FAO sont indéniables.
L’expert de la FAO, Lorenzo Gennari, qui a participé à la mise en œuvre de ce programme, a estimé que «l’environnement naturel et institutionnel est favorable au développement de ce secteur».
Les résultats obtenus entre 2008 et 2016 ont conduit à l’adoption de nombreuses recommandations fournies par les experts.
Pour l’aquaculture continentale, des modèles de fermes aquacoles ont été élaborés afin de fournir des directives claires pour le démarrage d’une ferme aquacole (modèle de ferme, encadrement, intrants nécessaires, intégration avec l’agriculture, gestion de l’eau, etc.).
Des conditions environnementales favorables
Pour l’aquaculture marine, trois fiches thématiques, notamment sur le grossissement de bars et dorades en cage, grossissement de bars et dorades en bassins, et élevages des moules sur filières en mer, ont été développés comme instrument d’aide pour l’évaluation et la validation des projets à leurs différents stades de réalisation.
En général, la situation naturelle de l’Algérie est très propice au développement du secteur aquacole. L’aquaculture marine présente des conditions environnementales favorables (qualité de l’eau, profondeur, température, etc.).
De même, pour l’aquaculture continentale, le pays dispose de potentialités hydriques naturelles importantes qui ne sont pas exploitées de manière efficace et complète. Il apparaît évident qu’il y a un intérêt croissant des agriculteurs (petits et moyens) envers le développement d’une aquaculture intégrée à l’agriculture qui puisse garantir la diversification des productions locales et permettre une meilleure gestion/exploitation de l’eau.
Une production en hausse
La croissance de la production aquacole a dépassé, au cours des trois dernières années, les 20 % et devra atteindre les 100 % à la fin de l’année 2020, selon les estimations de la direction générale de la pêche et de l’aquaculture au niveau du ministère de tutelle. A l’horizon 2025, la production aquacole devrait atteindre les 38 000 tonnes par an, soit 22 % de la production globale en poissons, espère-t-on.
Par ailleurs, l’on précise de même source que le secteur suscite beaucoup d’intérêt auprès des investisseurs. En effet, pas moins de 70 projets sont déjà réalisés. La direction de la pêche et de l’aquaculture a cumulé 670 demandes pour de nouveaux projets, affirme-t-on.
Outre la FAO, des partenariats ont été tissés avec des pays tels que la Corée du Sud, l’Egypte et l’Union européenne. Le transfert conséquent de la technologie d’élevage en aquaculture a incité un engouement pour ce secteur.
De bons chiffres mais des aussi difficultés
Au-delà du fait de vouloir s’implanter aux abords de l’agglomération côtière, certains investisseurs sont confrontés à la rareté du foncier dans le secteur de l’aquaculture, entre autres.
Dans le cadre du programme de coopération et de diversification économique «Diveco 2», pour lequel, selon Antonio Alaminos, expert de l’UE, une enveloppe de 15millions d’euros a été allouée pour financer l’appui à l’aquaculture, la pisciculture, la commercialisation ainsi que la formation des investisseurs qui ont exprimé leur intérêt pour cette filière.
Dans cette optique, les investisseurs présents ont soulevé certaines préoccupations qui risqueraient de compromettre leurs projets, comme celles concernant la formation spécifique pour la mise en place des 15 filières de moules et 5 filières d’huîtres, ou encore celle ayant trait au suivi sanitaire.
Le poisson issu de l’aquaculture est proposé au consommateur avec des prix «très élevés», en raison des marges bénéficiaires importantes des mandataires, a affirmé le directeur du développement de l’aquaculture au niveau de la direction générale de la pêche et de l’aquaculture au ministère de tutelle, Oussad Ramdane.
Déjà en peine de commercialisation et, surtout, en raison d’une culture alimentaire, à laquelle les Algériens ne sont déjà peu habitués, la cherté des prix n’incite nullement à la consommation. «Les mandataires prennent une marge allant jusqu’à 70 % du prix d’achat initial», a-t-il souligné.
H. R.