Les Editions Spinelle (France) viennent de publier un nouveau livre sur l’économie algérienne, intitulé Algérie, une économie qui se cherche. Signé par Lyazid Khaber, journaliste spécialisé en économie depuis plusieurs années, le livre se veut un éclairage sur l’évolution de l’économie du pays depuis l’indépendance à nos jours.
Fruit d’une recherche approfondie, ce livre très documenté, avec beaucoup de références tant historiques qu’universitaires, l’ouvrage apporte une analyse sur les différentes étapes traversées, et les stratégies suivies par les gouvernements successifs depuis plus de cinquante ans.
L’auteur, qui a fait un travail de recherche sur les différentes périodes, propose une lecture simple en démontrant les échecs de stratégie et l’absence de vision qui a conduit aux échecs connus dans le domaine de l’économie.
Passant par les années du «socialisme spécifique», l’auteur met le doigt sur les difficultés rencontrées par l’Algérie, à adopter un model réussi de l’économie de marché. En effet, écrit-il : «Evoluant dans un monde globalisé, les vieux réflexes du dirigisme semblent avoir encore la peau dure. L’Etat algérien, qui accepte de s’ouvrir sur les marchés mondiaux [accord d’association avec l’Europe, adhésion à la Zone arabe de libre-échange, engagement de négociations pour une adhésion à l’OMC…], tout en admettant sur son territoire l’émergence d’une économie capitaliste de marché, s’engouffre encore dans des considérations qui empêcheraient l’émergence d’une véritable économie, qui soit respectueuse des valeurs de la société et des intérêts stratégiques de la République.»
Une manne financière loin d’être utilisée à bon escient!
Offrant une lecture aux antipodes des discours officiels, l’ouvrage revient dans le détail sur l’échec des stratégies suivies, tant sous Boumediene, Chadli, Zeroual ou encore Bouteflika. Et c’est pour cela que l’on peut lire dans le livre qu’«aujourd’hui même, c’est encore un nouveau cycle de réformes qui est attendu. L’option libérale est d’autant plus confirmée que l’Etat ne cesse de consentir à des concessions à même de donner un nouveau souffle aux investissements privés et étrangers, lesquels bénéficient présentement de plusieurs facilitations. Mais, si l’Etat a consenti beaucoup d’investissements chiffrés en milliards de dollars, il faut dire aussi que la manne financière dont a bénéficié le pays depuis 2000, est loin d’être utilisée à bon escient. La raison est simple : si nous avons pu construire des logements, des routes, des aéroports, des universités [dont la qualité des travaux laisse encore à désirer], nous n’avons presque rien fait pour renforcer les bases de notre économie.»
Evoquant dans le même sillage le peu d’intérêt accordé à l’expertise algérienne, pourtant capable de produire des idées à même de mieux tracer de nouvelles perspectives de développement du pays, l’auteur écrit : «Notre économie continue, 50 ans après l’indépendance, à quémander l’expertise étrangère, au moment où des cadres algériens sont consultés et entendus par des gouvernements de pays actuellement développés et/ou émergents.»
Au fait, et contrairement aux autres livres qui traitent de ce domaine où les chiffres se la disputent aux lettres, Algérie, une économie qui se cherche, peut se lire d’une traite, tant le style suivi rend la lecture facile et agréable.
E. T.