Laissé en jachère durant des décennies, le Barrage vert, un projet agro-écologique de boisement de la steppe algérienne, destiné à lutter contre l’avancée du désert, bénéficie désormais d’un intérêt particulier de la part des pouvoirs publics.
Réalisé durant l’ère Boumédiène, le barrage vert est l’un des plus ambitieux projets initiés en Algérie pour lutter contre les effets néfastes de la désertification. Ainsi, et après plusieurs années où ledit projet est abandonné aux aléas de la nature, les pouvoirs publics ont décidé de le réactiver, en faisant appel à des financements à l’international dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet de réhabilitation inscrit précédemment à l’initiative africaine de la «Grande muraille verte», visant à lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification.
Sur ce, le Directeur général des forêts (DGF), Ali Mahmoudi, intervenant jeudi dernier, sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, a annoncé qu’une «enveloppe financière de l’ordre de 128 millions de dollars sera mobilisée pour la réhabilitation du barrage vert durant les sept prochaines années», assurant que son administration est en train de se réorganiser pour prendre en charge de manière «effective» ce projet.
Selon le même responsable, ce financement se fera à travers une formule triangulaire, à savoir «43 millions de dollars accordés par le Fonds vert climat des Nations Unies, 29 millions de dollars auprès de l’organisation la FAO et un co-financement algérien de l’ordre de 56 millions de dollars», a-t-il détaillé.
«L’administration des forets est en train de travailler avec le Bureau national d’études pour le développement rural (BNIDER), pour lancer le projet de réhabilitation de cette bande verte et pour prendre en charge tous les volets, à commencer par le volet d’intégration des populations qui vivent dans ces espaces», aexpliqué M. Mahmoudi. Notant que la DGF est en train de réaliser le programme tracé durant l’année 2019-2020, concernant le reboisement, et qui consiste àplanter de 43 millions d’arbres, le même responsable a assuré que «des efforts seront redoublés pour planter d’ici fin mars 31 millions d’arbres».
Evoquant le retard accusé, il explique que celui-ci«est dû aux pluies tardives et l’état des sols qui ne permettaient pas d’envisager l’opération de plantation.»
La lutte contre les incendies et réhabilitation de la subéraie
Evoquant par ailleurs les dégâts occasionnés chaque année aux forêts au niveau nationales, M. Mahmoudi, regrettait que «plusieurs départs de feu ont été recensés durant ce mois de février, notamment durant les week-ends du 5 et du 21», rappelant qu’«il est vraiment dommageable qu’on recense des départs de feu en mois de février». Dénonçant le fait que ces incendies «sont volontaires et criminels, sans aucun doute», le premier responsable des forêts affirme «de grands efforts ont été consentis, ces deniers temps, afin de mettre fin ainsi à ces actes criminels».
C’est en ce sens d’ailleurs qu’il ne manquera pas de relever le fait que ces incendies de forêts ont été à l’origine du recule de la production du liège en Algérie. Cette filière impactée par plusieurs facteurs, notamment depuis les années 1990 et les multiples agressions subies par la subéraies, se trouve actuellement en régression, selon la reconnaissance même du DGF.
En effet, l’Algérie qui était classée dans les années 2000, troisième producteur de liège dans le monde avec une production nationale de 100.000 à 150.000 quintaux par an, soit 7% de la production mondiale (chiffres de 2004), se voient actuellement reléguée. Pourtant, ni les potentialités ni les opportunités sur les marchés tant national ou international ne doivent empêcher un investissement dans ce secteur. En effet, le marché mondial est estimé à 1,5 milliard de dollars, dont 1 milliard pour les bouchons (13 milliards de bouchons sont produits chaque année), et le marché local n’est pas moins demandeur.
D’ailleurs, et en évoquant l’utilisation du liège dans l’isolation M. Mahmoudi s’est interrogé sur la propension à utiliser le polystyrène au moment où le liège constitue un produit de meilleur qualité et bénéfique tant sur le plan de la santé publique, étant produit naturel, que sur le plan énergétique. Le même responsable suggère une meilleure prise en charge de cette filière qui selon lui, se trouve entre les mains d’une «maffia» dont les pratiques, notamment en matière de collecte, risque de porter de graves préjudices à la production nationale. Il annonce en ce sens que des initiatives ont été prises, à travers notamment des projets pilotes, dans les wilayas de Jijel et de Tlemcen, pour assurer une meilleure exploitation et une réhabilitation du chaîne-liège.
N. K.