En dépit de la faible pluviométrie, l’Algérie est, plus au moins, à l’abri d’un éventuel stress hydrique. La situation est inquiétante certes, mais pas alarmante, dira d’emblée l’inspecteur général de l’hydraulique au ministère des Travaux publics, de l’Hydraulique et des infrastructures de base, Omar Bougheroua.
Par Akrem R.
Pour lui, la situation est, pour l’heure, maitrisable et l’alimentation en eau potable est garantie, au moins, un jour sur deux. «Nous veillons à la stabilisation de la distribution de l’eau aux ménages à travers les quatre coins du pays», a-t-il assuré, en affirmant que les efforts consentis en matière d’amélioration de la qualité de distribution donnent leurs fruits.
D’ailleurs, les sociétés chargées de la distribution ont réussi à faire une économie de 30% au courant de 2022, où seulement 2,5 milliards de m3 d’eau ont été consommés comparativement aux années précédentes où la consommation dépassait les 3 milliards de m3.
Omar Bougheroua, qui s’exprimait sur un plateau de télévision, « Echorouk News», en l’occurrence, a indiqué que les pouvoirs publics accordent une grande importance à la sécurité hydrique, et tous les moyens financiers et matériels sont mobilisés à cet effet. Un programme est en cours d’exécution, consistant en la réalisation de nouveaux projets hydrauliques et en la réhabilitation des réseaux.
Réparation de 20.000 fuites d’eau
En effet, ce projet vise à limiter le raccordement illicite et les fuites d’eau. Ce dernier est considéré comme véritable casse-tête pour les sociétés de distribution. Depuis le début de l’année en cours, pas moins de 20 000 interventions (réparations de fuites) ont été réalisées à travers le pays. «Nous déployons tous nos efforts pour la réparation des fuites d’eau», a-t-il souligné, en annonçant, également, que son département a instruit les sociétés de gestion et de distribution en vue de la récupération des créances, notamment, auprès des entreprises, établissements publics et particuliers.
Questionné sur une éventuelle révision de la tarification de l’eau, le responsable a indiqué qu’une révision à la hausse n’est pas prévue pour les ménages. Mais, ajoute-t-il, une réflexion est engagée pour faire des propositions en vue de l’élaboration d’une tarification spéciale pour les gros consommateurs et industriels.
33% taux du remplissage des barrages
S’agissant de la situation des réserves d’eau en surface, le même responsable a indiqué que le taux de remplissage des barrages avoisine les 33%, avec une légère amélioration par rapport à la même période de 2021. A titre d’exemple, les barrages du centre du pays sont remplis à 15% contre 8% en 2021, et les barrages de l’Ouest du pays ont atteint une moyenne, entre 14 à 15%. Quant à l’Est du pays, le taux de remplissage est de 45%. « Il n’y a pas de problème pour l’instant, mais il y a un net recul au niveau des wilayas de l’Est du pays», remarque-t-il. Et de souligner : « Nous ne sommes qu’au début de la saison des pluies. Nous avons grand espoir de voir des précipitations pluviométriques dans les mois à venir (entre décembre à mai prochain)».
Face à cette réalité du stress hydrique qui guette notre pays et les pays de la région Mena, surtout suite aux dérèglements climatiques, le gouvernement a tracé un ambitieux programme pour le dessalement de l’eau de mer. Actuellement, les 11 stations de dessalement de l’eau de mer couvrent 17% de la demande nationale, affirme-t-il, indiquant que la feuille de route du président de la République Abdelmadjid Tebboune, vise à atteindre les 42% en 2024 et 60% à l’horizon 2030.
Couvrir 80% de la population en eau dessalée
En effet, plusieurs stations seront réalisées au niveau des 14 wilayas côtières avec l’objectif d’alimenter des localités sur une profondeur de 150 km, soit une trentaine de wilayas et 80% de la population algérienne.
Près d’une quinzaine de stations de dessalement sont, en effet, opérationnelles et 5 nouvelles stations entreront en activité dès 2024, selon le programme du gouvernement, avec des capacités de production supplémentaires de 1,5 million m3/jour, soit, une moyenne de 300 000 m3/jour pour chacune des nouvelles infrastructures, ce qui portera, donc, le volume global des eaux issues du dessalement de l’eau de mer, à près de 4 millions m3/jour.
Cette politique de dessalement de l’eau de mer, coûteuse certes, a donné des résultats encourageants. Pour illustrer ses propos, l’intervenant a relevé que l’eau dessalée représente 70% dans la wilaya d’Oran et 47% dans la capitale.
Concernant le secteur agricole, Omar Bougheroua, inspecteur général de l’hydraulique a indiqué que ce dernier consomme près de 70% des ressources en eau, affirmant qu’entre 45 à 50% de l’irrigation se fait d’une manière traditionnelle. Ceci dit, il y a énormément de gaspillage, d’où, la nécessité de généraliser les nouvelles techniques (goutte-à-goutte) afin de faire des économies en matière d’eau. A cela, s’ajoute la nécessité de la réutilisation des eaux épurées, dont le potentiel est de deux milliards m3.
A. R.