Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a exposé les grandes lignes de sa vision économique pour le pays, en soulignant la nécessité de bâtir une économie solide, diversifiée et affranchie de la rente pétrolière.
Par Akrem R.
La souveraineté alimentaire, la sécurité hydrique, le développement des startups et la diversification économique figurent ainsi parmi ses priorités. Le chef de l’État, qui s’exprimait lors d’une entrevue périodique avec des représentants des médias nationaux, diffusée vendredi soir, a tenu à mettre en avant les réalisations accomplies depuis son arrivée au Palais d’El-Mouradia, affirmant que l’économie nationale continuait de réaliser de bonnes performances.
D’ailleurs, tous les indicateurs économiques sont au vert : baisse de l’inflation, augmentation des réserves de change et absence de dette extérieure. Les chiffres sont à l’appui : l’économie nationale enregistre actuellement une croissance de 4 %, sans recours à l’endettement extérieur, tout en affichant des réserves de change atteignant 70 milliards de dollars.
«Au regard des investissements en cours, des emplois créés et de la dynamique agricole, le taux de croissance économique devrait atteindre au moins 4 %, l’un des plus élevés de la région méditerranéenne», a-t-il affirmé.
L’inflation, quant à elle, a été réduite de plus de 9 % au début du quinquennat à 4 % aujourd’hui et devrait baisser encore, assure le président de la République.
À propos des dernières recommandations du Fonds monétaire international (FMI), le président de la République a fait observer que «tous les pays ont une dette intérieure» et qu’aucun budget dans le monde n’est exempt de déficit, affirmant que l’Algérie, en tant qu’État social en vertu de la Constitution, adapte ces recommandations en fonction de sa politique économique et sociale.
Pas de mesures d’austérité
Le président de la République a, par ailleurs, affirmé que l’État n’envisageait aucune mesure d’austérité malgré la baisse des prix du pétrole, assurant que l’accent sera mis sur l’amélioration de la gestion et la définition des priorités, parallèlement au renforcement de la production nationale et à la diversification de l’économie. «Il n’est nullement question d’austérité, mais plutôt d’une gestion optimale selon des priorités bien définies», a-t-il expliqué.
S’agissant des transferts sociaux, le président de la République a précisé qu’ils oscillent entre 13 et 14 milliards de dollars par an, affirmant qu’ils «n’entraînent pas de déficit sur le plan économique».
Il a également rappelé les subventions continues de l’État aux prix des produits de large consommation, rassurant que l’Algérie est aujourd’hui «à l’abri» des crises ayant touché auparavant certains de ces produits, à l’instar des huiles ou des pâtes alimentaires.
Lors de son interview, le président Tebboune a également mis en avant les performances du secteur agricole, estimant que la valeur de la production agricole nationale atteindra 38 milliards de dollars cette année.
Au passage, il a salué les efforts des agriculteurs et des investisseurs, ayant transformé l’agriculture en une véritable activité économique, alors qu’elle était auparavant considérée comme un secteur à caractère social, ajoutant que la dynamique importante de la production agricole à travers les wilayas du pays est comparable aux réalisations de pays jouissant d’une grande expérience, dont certains pays européens.
Concernant la filière des céréales, le président de la République a relevé que l’Algérie a atteint, pour la première fois depuis 63 ans, l’autosuffisance en blé dur, tout en poursuivant les efforts pour atteindre l’autosuffisance dans d’autres types de céréales, comme le blé tendre, le maïs et l’orge.
En matière de sécurité alimentaire, M. Tebboune a annoncé que les capacités de stockage des céréales atteindront prochainement 9 millions de tonnes, grâce à un vaste programme de réalisation de silos à travers les wilayas.
Ce dispositif permettra à l’Algérie de mieux faire face aux fluctuations internationales et de rapprocher les lieux de stockage des agriculteurs, facilitant ainsi la collecte et la conservation des récoltes.
Par ailleurs, et face aux défis liés au changement climatique, le président a souligné l’urgence de garantir la sécurité hydrique. Après la mise en service de cinq grandes stations de dessalement, une nouvelle étude est lancée pour en réaliser cinq ou six supplémentaires.
«Aucun citoyen algérien ne sera laissé sans eau», a-t-il assuré, précisant que l’objectif immédiat est de garantir un approvisionnement quotidien d’au moins 10 à 11 heures.
En outre, le président Tebboune a indiqué que l’Algérie, qui dispose de 87 barrages, est appelée à investir dans le traitement des eaux usées, annonçant qu’un programme national est en cours de concrétisation avec les startups.
Évoquant le dossier de l’industrie automobile locale, Tebboune rassure en indiquant que l’Algérie est déterminée à asseoir une véritable industrie avec des taux d’intégration élevés, annonçant au passage que de «grandes marques mondiales lanceront la production locale de leurs véhicules, avec des taux d’intégration élevés dès le début».
Le président de la République a également affirmé que le principe d’intégration industrielle signifie la création d’un véritable réseau national de sous-traitance, et la rupture avec les pratiques du passé qui se limitaient à l’assemblage de pièces importées sans une réelle valeur ajoutée.
Rappelant que les dérives qu’a connues le secteur par le passé, et ayant coûté des milliards de dollars au Trésor public, font partie désormais du passé, le président de la République a affirmé que l’importation de véhicules ne sera autorisée qu’en présence d’un réseau de services après-vente.
L’Algérie progresse à pas sûrs
Évoquant les avancées dans le domaine du numérique, le président a assuré que l’Algérie progresse «à pas sûrs» dans la numérisation et l’intégration de l’intelligence artificielle.
L’inauguration récente de l’École nationale supérieure d’intelligence artificielle (ENSIA) et la mise en œuvre d’un Data Center en partenariat avec Huawei illustrent cette dynamique. Pour lui, la numérisation est une «culture liée à la transparence» et un levier stratégique de développement.
En matière d’innovation, le chef de l’État a fixé un objectif ambitieux : atteindre 20 000 startups d’ici la fin de son mandat. Passées de 200 en 2019 à 9 000 aujourd’hui, ces jeunes entreprises jouent, selon lui, un rôle moteur dans la diversification de l’économie.
Enfin, concernant l’investissement, le président Tebboune a affirmé que «80 à 85 % des objectifs» en matière d’investissement et de développement ont été atteints. Il a rappelé que plus de 13 000 projets ont été enregistrés à travers le territoire national, dont de nombreux déjà opérationnels.
L’instauration du guichet unique et la levée des obstacles liés au foncier ont favorisé cette dynamique. Il a également souligné la détermination de l’État à poursuivre la mise en œuvre de tous les programmes tracés, afin de conforter son indépendance politique et économique, indiquant que le citoyen commence à percevoir un changement positif notable dans plusieurs secteurs.
Sur le plan régional, notamment la situation qui explose dans les pays du Sahel et les menaces que cela fait peser sur l’Algérie, le président Tebboune est catégorique : «Les frontières du pays sont protégées et il n’y a aucun problème», mettant en avant la grande expérience de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme.
Et à ceux qui disent que l’Algérie est isolée sur le plan international, il a mis en avant le nombre de délégations étrangères qui visitent le pays. «L’Algérie est fidèle au principe du non-alignement », a-t-il rappelé, ajoutant que « tout le monde s’interroge sur le secret des bonnes relations qu’entretient l’Algérie avec les États-Unis d’Amérique, la Russie et la Chine».
A.R.
