Les Algériens sont réputés très friands de produits de la pêche, et pourtant, le poisson par manque de production, est devenu par la force des choses un produit de luxe. Même la sardine, considérée comme le poisson du pauvre, est hors de prix, depuis des lustres. Pour pallier ces insuffisances, les pouvoirs publics tentent de booster l‘aquaculture, mais même là, l’abondance n‘est pas au rendez-vous. Souvent, pour des raisons mystérieuses. En effet, selon les dernières statistiques, le nombre total des navires de pêche a atteint un niveau de 5793 navires, soit une croissance positive de 3,1% par rapport à l’année écoulée. Alors, pourquoi le poisson manque-t- il autant ? Et quelles solutions y apporter.
Par Réda Hadi
Le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Hicham Sofiane Salaouatchi, se dit déterminé à résoudre cette équation, et augmenter la production nationale en poissons en vue de répondre à la demande interne et contribuer à la sécurité alimentaire en s’appuyant sur « une vision réelle ». Le ministre a précisé, à ce propos, que la stratégie du secteur s’appuie sur plusieurs axes dont la relance de la filière d’aquaculture et le développement de la pêche en haute mer, et qu’il s‘agit, aussi, de prendre en charge la situation socio-économique des professionnels et de construire des navires de pêche en tant que facteur principal pour augmenter les capacités de production.
M. Sofiane Salaouatchi, compte sur la production de certaines espèces de poissons et sur l’aquaculture pour résoudre, un tant soit peu, le problème de la pêche. Néanmoins, certains observateurs soulignent que des facteurs endogènes la profession, rendent la tâche plus compliquée.
Avis d’experts
En effet M. Haddad Mohamed, économiste explique : «Avec un linéaire parfois estimé à 1200 km de côtes et parfois 1600 km, la côte algérienne regorge de richesses halieutiques, à l’instar des pays du pourtour méditerranéen, mais faute de moyens ou en l’absence d’une politique de développement de la pêche, les produits de la mer ont déserté les assiettes. Et pourtant le niveau de production de la pêche en Algérie, classe le pays parmi les pays de la région méditerranéenne les plus productifs. Nonobstant ces chiffres, il faut savoir qu’avec la moitié de la flottille de 2021, l’Algérie réalisait en 1990, les mêmes 100 000 tonnes de capture totale. Conclusion : même si la flottille a doublé et a été modernisée pour une partie, la pratique du métier de la pêche n’a pas évolué, et en plus, on est toujours à pratiquer les mêmes zones de pêche, à défaut de campagnes de prospection pour en localiser de nouvelles»
Et à ce titre l‘expert souligne : «Il faut introduire les nouvelles technologies pour savoir mieux et quoi pêcher. Ce qui n‘est malheureusement pas le cas chez nous»
Dans une autre suite d‘idées, l‘expert explique aussi, que«la cherté des produits de la pêche échappe au contrôle des pêcheurs qui se disent victimes des intermédiaires échappant à tout contrôle et décidant seuls des prix de la commercialisation du poisson. Une fois débarqué à terre, le producteur n’a aucun contrôle sur le prix de vente»
Et celui-ci, de conclure : «En Algérie, le secteur ne bénéficie, hélas pas, de subventions comme d’autres produits alimentaires, car ceux de la pêche sont qualifiés de produits secondaires. Les niveaux de consommation de poissons en Algérie sont pourtant très faibles et très loin de la moyenne des 20 kg par an et par personne (avec, seulement, entre 2 et 5 kg). Il faudrait une vraie politique de la pêche, plus de sensibilisation et savoir maîtriser la chaîne de production et de distribution, qui va du producteur au consommateur, pour que le secteur revienne à la surface»
S’agissant des poissons des fermes aquacoles, beaucoup se questionnent qu‘en dépit d’une production en hausse, le poisson d ‘eau douce reste introuvable sur le marché.R. H.