Du gisement fossile au renouvelable : Cap sur la transition énergétique

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De quoi sera fait l’avenir énergétique de l’Algérie, à échéance moyenne, dans le contexte des stratégies de transition énergétique initiées par beaucoup de pays, des efforts pour la réduction des émanations de gaz à effet de serre (GES) et de la place encore prépondérante prise par les hydrocarbures dans la consommation mondiale ? Autant de questions qui se résument sans doute dans une seule interrogation : comment réaliser et réussir l’inéluctable reconversion énergétique ?

Par Amar Naït Messaoud

Les solutions alternatives qui semblent, pour l’instant du moins, être à portée de main, sur le plan de la technologie et du coût, et qui pourront devenir demain des options majoritaires qui concurrenceront, puis évacueront les énergies fossiles, sont surtout le solaire et l’éolien.

L’Algérie a tout intérêt à orienter les études et les recherches vers ses potentialités les plus avérées dans ce domaine, à savoir celles principalement du solaire. Le nombre d’heures d’ensoleillement au Sahara algérien peut atteindre jusqu’à 3900 par an, avec une moyenne générale de 2000 heures/an pour l’ensemble du pays.

L’on évalue l’énergie reçue au sol sur une superficie d’un kilomètre carré à quelque 5 kilowatts/heure (Kwh) sur la plus grande partie du territoire national.

La solution de l’énergie renouvelable, alternative aux énergies fossile, est si évidente du côté du Sahara algérien et du reste de la zone sahélo-saharienne, qu’une idée a rapidement jailli au début des années 2000 sous le nom de projet « Desertec », associant l’Europe et l’Afrique saharienne.

Un maillage de sites de production de l’énergie solaire, essaimés dans le désert, devait fournir l’énergie du futur au continent européen.

Ce projet n’a pas eu le sort entrevu au début de l’émergence de son idée. Il a été abandonné, diton, pour son « gigantisme’.

L’Algérie a finalement opté pour des centres de production de modeste dimension, mais dont on maitrise le processus d’installation, la technologie et le mode de distribution. Il est à noter que l’éventail des solutions énergétiques alternatives se renforce au fur et à mesure des découvertes et des recherches académiques.

Ainsi, le solaire- pour lequel l’Algérie est bien servie au vu de l’étendue de son territoire désertique-, l’éolien- énergie issue de la force des vents-, les biocarburants, issus de l’agriculture, et le nucléaire sont sollicités par les techniciens et les décideurs économiques pour remplacer graduellement les hydrocarbures.

Cependant, selon le coût de production de chaque type d’énergie alternative, les facilités techniques de sa généralisation et les menaces que certaines autres énergies (comme le nucléaire) font peser sur la vie de l’homme, les choix commencent à devenir un peu plus clairs.

Abdellatif Takilate, attaché de recherche au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), explique dans un numéro de « Recherche et Développement » (N°30 de l’année 2014) que « les centrales solaires thermodynamiques à concentration, ou CSP (Concentrated Solar Power Plant), produisent de l’électricité en concentrant le rayonnement solaire à l’aide de miroirs ou de réflecteurs ».

EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE ET RECONVERSION

Il donne la liste des sites ou gisements choisis pour un tel projet pour la période 2015- 2021, à savoir Béchar, El Oued, Naâma, El M’ghaïar, Ghardaïa, Ouargla, Laghouat et Adrar, pour un total de 1975 mégawatts.

Au cours du colloque international portant sur  » la transition énergétique en Afrique : entre défis économiques et enjeux environnementaux », tenu à Alger en octobre 2016, on avait fait valoir que « la compétitivité d’une économie verte, résultat du programme national des énergies renouvelables et celui de l’efficacité énergétique, sera la seule garantie d’une croissance équilibrée et durable qui permettra d’améliorer l’allocation de nos ressources et la réalisation des objectifs (de développement) assignés ».

Ainsi, se trouve liée la dimension de la croissance durable et équilibrée avec l’alternative, devenue incontournable, de l’utilisation des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

L’objectif tracé pour l’horizon 2030 en matière de la reconversion énergétique est de 27 % d’énergie électrique à la base du renouvelable.

Cela équivaut à environ 45 térawatts. L’adoption de l’énergie renouvelable et la démarche vers plus d’efficacité énergétique dénotent la volonté de l’Algérie de prendre option, de façon résolue, pour l’énergie renouvelable, durable et propre.

Le programme national de développement des énergies renouvelables prévoit la production, d’ici à 2030, de 22.000 mégawatts d’électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 mégawatts supplémentaires à exporter, selon les prévisions du programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Pour apprécier le bond que compte faite l’Algérie dans ce domaine, il y a lieu de savoir que cette capacité de production projetée à l’horizon 2030 équivaut au double de la capacité actuelle du parc national de production d’électricité.

Les économies de gaz qui auront été faites de 2021 à 2030, soit près de 300 milliards de mètres cubes, seront destinées à l’exportation.

Les potentialités naturelles de l’Algérie en la matière et les performances techniques du personnel et encadrement versé dans ce créneau, ont été déjà mises à l’épreuve à l’occasion de la réalisation de programmes pour l’alimentation domestique en électricité dans des zones rurales enclavées du grand Sud et des Hauts Plateaux.

Des familles ont été montrées à la télévision en train de regarder pour la première fois chez elles les programmes de la télévision à la faveur du branchement de leurs foyers aux panneaux solaires.

Parmi les hameaux et bourgades touchés par ces programmes, certains l’ont été dans le cadre de la politique de développement rurale menée par le Haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS).

LE NOUVEAU PROJET « 1000 MÉGAWATTS SOLAIRES »

En mai dernier, l’Algérie avait lancé les procédures de contractualisation avec des concessionnaires étrangers du projet solaire photovoltaïque appelé « Solar 1000 MW  » Algérie. Le projet « 1000 mégawatts solaires » « permettra, dans sa première phase, de produire environ 2 200 gigawattheures d’énergie électrique par an, avec un objectif de taux de contenu local dans le projet d’au moins 30 % », selon les déclarations de Ziyan Ben Atou, ministre la Transition énergétique et des Énergies renouvelables, faites en mai dernier à la Radio nationale.

Le ministre précisera que « la première phase de ce projet créera jusqu’à 5 000 emplois directs, en plus de en préservant plus de 550 millions de mètres cubes de gaz naturel par an, ce qui signifie « économiser au moins 100 millions de dollars par an », ajoutant que ce projet placerait l’Algérie « dans une position globale très avancée au regard des engagements internationaux sur la question du changement climatique » et préserverait les ressources et les capacités financières et économiques du pays ».

Le projet « 1000 mégawatts solaires » est censé pouvoir conduire notre pays à éviter 1,3 million de tonnes de émissions de dioxyde de carbone par an.

A. N. M.

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