Dr. Belkacem Fergani, enseignant-chercheur : «Injecter plus de matières pédagogiques liées à l’IA dans l’Education»

Dr. Belkacem Fergani, enseignant-chercheur : «Injecter plus de matières pédagogiques liées à l’IA dans l’Education»

Dr Belkacem Fergani est un enseignant-chercheur de l’université des Sciences et de la Technologie Houari Boumedienne USTHB depuis 1987. Il est diplômé de cette même université : Ingéniorat en Électronique (1987), Magister (1992) puis Docteur d’Etat (2007). Il occupe depuis Juin 2015, la position de Professeur des Universités. Il est également directeur fondateur du Laboratoire d’Ingénierie des Systèmes Intelligents et Communicants (LISIC) depuis 2018 ; Fondateur Manager de Incubateur des Startup de l’USTHB depuis 2019. Son domaine d’expertise est l’Analyse des Données, Intelligence Artificielle et le Machine Learning. Tour d’horizon, d’histoire et de solutions liées à l’IA, dans cet entretien. Ecoutons-le.

Eco Times : L’intelligence artificielle existe depuis 1956, date d’intégration de ce concept, par John McCarthy, dans le programme d’un séminaire se tenant aux USA, entre le 18 juin et le 17 aout. Depuis bien du chemin a été parcouru. Pouvez-vous nous faire un rappel des importantes dates de l’IA ?

Dr. Belkacem Fergani : 1950 > Alain Turing publie un travail intitulé Computing Machinery and Intelligence et Invente le test de Turing. Une date clef de l’IA

1956 > Le terme Intelligence Artificielle est annoncé pour la première fois par J. McCarthy lors du Workshop de Dartmouth

1957 > F. Rosenblatt : développe l’algorithme du perceptron l’ancêtre des Réseaux de Neurones Artificielles.

1965> Ed Ferigenbaum développe le premier système expert pour des applications en Chimie.

1969 > M. Minsky et S. Papert : développent l’algorithme du perceptron avec la fonction XOR.

Malgré son ancienneté, l’IA n’a connu le vrai buzz que lors de l’avènement du ChatGpt. Pourquoi selon vous ?

Oui, c’est juste, car c’est la fusion entre le Chat (très populaire) et une technologie puissante qui est celle des LLM et GPT (Generative Pretrainer Transformer). On parle aujourd’hui de l’IA Generative car elle permet de générer des séquences de mots du langage tenant compte des questions posés au système.

Les applications de l’IA sont multidimensionnelles, multisectorielles et transversales. Comment juger de la fiabilité de son efficacité, d’autant que, globalement, on est peu formés en la matière ?

Au travers de votre question, on comprend mieux le succès de ChatGPT, car il permet de cerner et jauger vite cette efficacité. C’est au travers de son impact de la société que nous pouvons mieux apprécier son efficacité. Néanmoins, les professionnels savent cerner son utilité et sa puissance au travers des applications professionnelles.

En Algérie, à l’instar de beaucoup de pays africains, nous sommes au stade embryonnaire en matière d’introduction de l’IA. Y-a-t-il une ‘’recette’’ pour réussir le challenge d’atteindre un peu le niveau régional ?

Il n’y a pas de recette miracle. Il faut former et éduquer à tous les niveaux et paliers. Injecter plus de matières pédagogiques liées à l’IA dans les cursus universitaire et même dans le cycle secondaire et moyen. Il faut encourager la création de sociétés savantes et de clubs scientifiques dans le domaine de l’IA et des méthodes de la Data Science.

L’IA est enseignée dans nos universités, notamment à l’Ecole supérieure de l’Intelligence Artificielle (Sidi Abdallah, Alger). Quel programme et méthode sont préconisés ?

Je ne suis pas membre du Staff de cette Ecole.

Vous aviez présenté, lors de PROGED3 (3e édition de la Rencontre Professionnelle de la Gestion Electronique des Documents et la Transformation Digitale), organisée par PROARCHIVE Solutions, du 4 au 6 mai à Hassi Messaoud, la possibilité de combiner l’IA à la GED (Gestion électronique des documents).Pourquoi ce choix et comment cela est-ce possible ?

Ce choix est dicté par l’omniprésence d’IA dans toutes les applications professionnelles de l’IT du monde digital. De nombreux éditeurs de la GED incluent des fonctionnalités IA dans leurs solutions GED.

Des éditeurs de la GED intègrent désormais des fonctionnalités IA dans leurs produits. Ce choix est dicté par la puissance des algorithmes de IA a traiter, filtrer, classifier et indexer les informations pertinentes qui intéressent l’utilisateur comme dans les applications de tri du courrier entrant dans l’entreprise ou la fonction de résumé ou de sélection des champs d’intérêts dans les documents financiers ou comptables.

« La catastrophe existentielle » ou la peur que l’IA remplace l’humain est posée avec acuité, exacerbée encore par l’informatique quantique ou l’IA quantique, à l’ascension fulgurante. Votre avis là-dessus !

C’est juste la peur du changement, et l’être humain a peur, à tort, d’être dépassé par la machine. Concernant l’IA, mieux on sera formé mieux on saura maîtriser ses limites…

Pour mieux maîtriser cette phobie, peut-être, certains parlent d’Intelligence augmentée en lieu et place de Intelligence Artificielle… qui, elle, reste d’essence biologique et à mon avis, encore inégalable puisque c’est elle qui donne naissance à une autre forme d’intelligence.

Un verset du Saint Coran dit : « Et au-dessus de tout détenteur de savoir un savant plus savant ».

Z. Z.

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