Diversification, emploi, pouvoir d’achat, industrie… Les défis économiques du prochain Président

Les trois candidats à l’élection présidentielle anticipée du 7 septembre 2024

Les élections pour l’élection d’un septième président de la République dans l’histoire de l’Algérie depuis l’indépendance se sont déroulées hier, à travers le pays, dans de bonnes conditions et une organisation parfaite. Le nouveau président, dont l’identité sera dévoilée officiellement, aujourd’hui, dimanche, aura devant lui plusieurs défis, notamment, économiques à relever.

Par Akrem R.

En effet, des dossiers «lourds» seront à traiter par le futur président. Il y a d’abord celui de la diversification de l’économie nationale. Des ré- formes profondes ont été déjà initiées par le président Abdelmadjid Tebounne, candidat pour un deuxième mandat, dont des résultats encourageants ont été réalisés, en attendant la poursuite des réformes pour faire sortir le pays définitivement de sa dépendance pétrolière. Des efforts sont, en effet, à consentir davantage en matière d’attractivité de l’investissement.

Depuis la mise en place d’une nouvelle réglementation (loi sur l’investissement et la création d’une Agence Algérienne pour la promotion de l’investissement), plus de 9 000 projets sont enregistrés à l’AAPI, dont 165 étrangers. Ce dernier est un indicateur de taille de l’amélioration du climat des affaires en Algérie.

Ainsi, la concrétisation de ces projets d’un montant de près de 4 000 milliards de DA, permettra la création de près de 200 000 emplois. Toutefois, sur le terrain des problèmes persistent encore concernant le foncier économique.

Les investisseurs trouvent des difficultés dans le choix du foncier. Le prochain président doit donc s’attaquer à cette problématique pour booster l’investissement qualifié comme étant le poumon de l’économie nationale.

Le décollage économique passe inéluctablement par la diversification de l’investissement et dynamisation de l’appareil productive nationale en particulier dans les secteurs clés tels que l’agriculture, l’industrie, le tourisme et l’économie de la connaissance.

Les trois candidats à ce scrutin, en l’occurrence Youcef Aouchiche, candidat du FFS, Abdelmadjid Tebboune, le candidat libre et Abdelaali Hassani Cherif, candidat du MSP ont chacun d’entre eux, présenté, rappelle-t-on, des programmes pour atteindre cet objectif ambitieux, à savoir l’affranchissement de l’Algérie de l’économie de la rente.

En effet, si le redressement économique est remis sur les rails, les autres questions d’ordres socioéconomiques seront solutionnées, en particulier l’amélioration du pouvoir d’achat. Un dossier épineux à traiter avec sérieux par le futur Président qui ne consiste pas seulement, en la revalorisation de salaires.

Préservation u pouvoir d’achat

Tout un travail est encore à faire en amont et en aval pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages. Depuis 2020 à 2024, des augmentations salariales ont été effectuées par le gouvernement, mais la volatilité des prix sur le marché ont amoindri ces revalorisations et les efforts de l’Etat.

L’organisation des marchés et la promotion davantage de la production nationale sont des éléments essentiels pour la stabilisation des prix et la préservation du pouvoir d’achat.

L’autre dossier important à traiter durant le prochain quinquennat, est bien celui des transferts sociaux. Actuellement l’Algérie consacre près de 20 milliards de dollars à la subvention directe et indirecte des prix. Un lourd fardeau que le Trésor public ne peut plus supporter.

Donc, le passage à un système de subvention ciblée est plus que recommandé. Toutefois, l’absence de données fiables a retardé la mise en place du système. Un travail est déjà est lancé pour l’identification des différentes catégories de la société.

Les acteurs du marché informel, représentant une taille importante dans l’économie nationale, refusent jusqu’à présent d’adhérer au circuit officiel.

Le prochain président est appelé à mettre en place une politique novatrice et incitative à la fois pour réduire la sphère informelle, en l’intégrant à l’économie officielle.

Une opération qui permettra d’élargir l’assiette des cotisants à la sécurité sociale, d’engranger plus de recettes fiscales et de connaitre avec exactitude les rentes de chaque famille.

Le dossier automobile, une urgence

Dans le domaine industriel, les défis du prochain président sont énormes.

La relance de l’industrie qui ne représente actuellement qu’à peine 5% du Pib est un dossier à prendre en mains.

Des efforts sont à consentir dans ce domaine pour la relance d’une dizaine d’usines à l’arrêt et l’augmentation de la production dans d’autres filières dont la demande locale est en constante augmentation.

Le dossier de l’automobile est le dossier phare à relancer dans les meilleurs délais. La stratégie du gouvernement mise en place par le gouvernement n’a pas donné de résultats sur le terrain.

Les prix des véhicules et l’offre sur le marché sont en deçà des attentes. Le futur président est appelé à donner plus de dynamisme à cette filière industrielle, en accélérant l’opération et le processus d’implantation de marques étrangères en Algérie et, surtout, la libération du quota d’importation pour 2024.

Les licences d’importations accordées à des concessionnaires en 2023 s’avèrent insuffisantes, outre, que beaucoup d’opérateurs n’ont pas honoré leurs engagements. Des décisions sont donc attendues afin de trouver des solutions définitives à ce dossier en attendant la naissance d’une véritable industrie «made in Algeria» dans l’automobile.

La modernisation du système financier et bancaire

Dans le domaine financier et bancaire, tout un chantier est ouvert pour la modernisation du système financier et bancaire nationale outre le réajustement progressif de la valeur du dinar. Ce dossier a figuré parmi les préoccupations majeures des trois candidats.

Au cœur même de la stratégie globale de développement de l’économie nationale, la réforme financière et bancaire devra constituer en effet l’un des défis majeurs à relever durant les quelques prochaines années, à la fois pour normaliser la sphère commerciale domestique en réduisant le poids de l’informel et pour permettre une nécessaire diversification des sources de financement de la croissance, encore trop tributaire de la commande et des ressources publiques.

Sur un autre plan, l’accélération des processus de digitalisation financière et de généralisation des moyens de paiement électroniques constituent également l’un des chantiers névralgiques à concrétiser, en vue de réduire notamment les flux colossaux de fonds hors banque, évalués à plus d’un tiers de la masse monétaire globale, selon les données de la banque d’Algérie.

A. R.

Quitter la version mobile