La promotion du tourisme est l’une des priorités du gouvernement. Toute une stratégie est mise en place visant à faire de ce secteur un levier économique majeur. À travers une série de mesures ambitieuses, l’Algérie entend, en effet, dynamiser le tourisme interne d’abord, en diversifiant les offres afin d’inciter les Algériens à passer les vacances ici dans le pays et tenter par la suite la captation de touristes étrangers, notamment via le tourisme saharien. Ainsi, l’ambition de l’Algérie est claire : s’imposer comme une destination incontournable en Afrique et en Méditerranée.
Par Akrem R.
Dans une intervention accordée à la Télévision nationale, la ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mme Nouria Meddah, a exposé les grandes lignes de la stratégie nationale, en annonçant que des investissements importants sont en cours de réalisation et d’autres en préparation. En effet, pas moins de 144 projets hôteliers sont en chantier avec une capacité d’accueil supplémentaire de plus de 16 000 lits. Ces efforts d’investissement permettront d’augmenter la capacité totale d’hébergement à 250 000 lits à l’horizon 2029, contre 75 000 en 2019.
Cela confirme la volonté des pouvoirs publics de booster le tourisme et de réduire le déficit en matière d’hébergement, tout en améliorant également la compétitivité du secteur. Actuellement, la hausse des prix appliqués par les différentes structures touristiques en Algérie, notamment durant la période d’été, fait fuir de nombreux Algériens vers l’étranger, en particulier la Tunisie.
Avec la libération de l’investissement et l’augmentation du parc hôtelier, l’Algérie pourrait soutenir durablement l’expansion du tourisme intérieur et se positionner sur le marché touristique régional.
Au-delà de la quantité, l’enjeu est aussi celui de la qualité. À ce titre, la ministre a insisté sur la rationalisation de l’octroi du foncier : désormais, les projets seront prioritairement attribués à des opérateurs ayant une réelle expertise ou activité dans le domaine touristique, afin de garantir des investissements pérennes, bien gérés, et à fort impact sur la qualité des services.
«L’État continue d’accompagner les promoteurs hôteliers, publics comme privés, tout au long du cycle de vie de leurs projets, depuis l’identification des terrains jusqu’à l’exploitation. Une cellule d’accompagnement dédiée au sein du ministère a été mise en place à cet effet», a-t-elle souligné.
L’une des pierres angulaires de la stratégie nationale en matière de tourisme repose sur la remise à niveau des infrastructures publiques existantes, notamment dans le secteur hôtelier. Dans ce cadre, la ministre Nouria Meddah a annoncé la rénovation et la modernisation de 43 hôtels publics, opérés par le groupe public HTT (Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme).
Ce vaste chantier de modernisation a permis l’amélioration des capacités d’accueil ; la mise à niveau des standards de confort, des prestations de service et des normes d’hygiène ; et la formation du personnel hôtelier, pour une meilleure prise en charge des clients, qu’ils soient locaux ou étrangers.
Ces travaux de réhabilitation ne se limitent pas à l’aspect matériel, mais concernent également la gestion et le fonctionnement de ces structures, dans le but d’introduire plus de professionnalisme, de compétitivité et de satisfaction client.
La ministre a également indiqué que les projets d’hôtels publics rénovés sont désormais alignés sur les standards internationaux, ce qui permettra à ces établissements de mieux s’intégrer dans les circuits touristiques nationaux et internationaux.
Nécessité de diversifier l’offre d’hébergement
Ces investissements importants s’inscrivent dans une volonté de démocratiser l’accès aux vacances pour les Algériens, dont le ministère met un accent particulier sur la diversification de l’offre d’hébergement afin de ré- pondre aux besoins des familles à revenus moyens.
La ministre Nouria Meddah a souligné que le développement du tourisme intérieur ne saurait réussir sans une politique volontariste d’accessibilité, aussi bien en matière de coût que de formats d’accueil. Elle a d’abord mis en lumière la nécessité d’élargir les formules hôtelières traditionnelles.
Si les établissements classés (hôtels 4 et 5 étoiles) ont leur importance pour le tourisme d’affaires ou haut de gamme, le développement de formules plus souples et plus économiques constitue un impératif pour le tourisme familial.
Dans sa feuille de route, le ministère œuvre à la diversification des formules d’hébergement, notamment les villages touristiques, l’option de location de logements de particuliers pour les familles, et la réhabilitation du modèle des « chambres chez l’habitant », adapté aux zones rurales, culturelles ou sahariennes, permettant une immersion dans la vie locale à moindre coût.
Cette diversité de formules a pour objectif de permettre à toutes les catégories sociales d’accéder au tourisme national, mais également de retenir sur le territoire les dépenses liées aux vacances, souvent orientées vers l’étranger par le passé.
C’est aussi un levier pour attirer la communauté algérienne à l’étranger, qui manifeste un intérêt croissant pour redécouvrir son pays d’origine, à condition que l’accueil soit à la hauteur de ses attentes en termes de qualité, de confort et de prix.
Parmi les priorités, Mme Meddah a souligné par ailleurs l’importance accordée au développement du tourisme saharien, encouragé par la récente mesure de délivrance de visa à l’arrivée. «Nous avons observé une nette hausse de la fréquentation du Grand Sud par les touristes étrangers et les familles algériennes», a-t-elle déclaré. Les chiffres à l’appui : le nombre de touristes cette année a atteint 3 millions, dont 1,5 million de touristes étrangers, grâce aux facilitations accordées en matière de visa pour les ressortissants étrangers.
Mme Meddahi a affirmé que «le tourisme saharien attire désormais de nombreux touristes étrangers», en soulignant que «de plus en plus de familles algériennes se tournent vers cette forme de tourisme, notamment durant les vacances scolaires».
Elle a également insisté sur le fait que le tourisme saharien se distingue par la qualité de l’accueil et l’hospitalité légendaire des populations locales. Outre le tourisme balnéaire, considéré comme saisonnier, l’Algérie mise sur d’autres segments plus stables comme le tourisme thermal (plus de 200 stations à travers le pays), le tourisme religieux et le tourisme culturel, afin d’attirer un public diversifié tout au long de l’année.
Le numérique au service du tourisme
Enfin, un pan entier de la stratégie ministérielle est dédié à la transformation numérique. La signature de conventions avec une quinzaine de startups vise à numériser les services touristiques, promouvoir les destinations via l’intelligence artificielle, et améliorer l’expérience client grâce aux plateformes en ligne. «Nous sommes résolument engagés dans la voie de la modernisation et de l’inclusion numérique», a affirmé Mme Meddah.
Cette démarche s’inscrit dans la stratégie nationale de transformation numérique, portée par le Président de la République et validée au niveau gouvernemental. À cet effet, le ministère du Tourisme a élaboré un plan de numérisation sectoriel.
Parmi les outils déjà opérationnels, Mme Meddah a évoqué les portails numériques sectoriels mis en place par son département, qui offrent un accès simplifié à la réglementation ; des démarches administratives 100 % en ligne (demandes de licences, suivi des projets…) ; et une interface de suivi pour les professionnels du tourisme.
Ce virage digital, adossé à l’écosystème dynamique des startups algériennes, vise à moderniser l’image du secteur, améliorer la qualité des services et surtout attirer une nouvelle génération de touristes connectés, tant nationaux qu’internationaux.
A. R.